Jorge Vilda, c'est terminé. Le sélectionneur de l'équipe féminine d'Espagne, proche de Luis Rubiales et dont les méthodes étaient critiquées par ses joueuses, a finalement été limogé mardi. Il a été remplacé par son ancienne adjointe, Montse Tomé.
La RFEF a indiqué dans un communiqué «se séparer de Jorge Vilda en tant que directeur sportif et sélectionneur de l'équipe nationale féminine». Il est remplacé par Montse Tomé, qui devient à 41 ans la première femme à prendre la tête de la sélection féminine espagnole.
Le limogeage de Vilda a été présenté par la fédération comme «l'une des premières mesures de restructuration» consécutives à l'affaire du baiser forcé de Luis Rubiales après le sacre mondial des Espagnoles, qui a plongé le football espagnol dans le chaos.
En poste depuis 2015, Vilda, 42 ans, avait été lâché par l'ensemble de ses joueuses qui ont annoncé qu'elles ne rejoueraient pas sous sa direction en réaction au refus de démissionner de Rubiales. Dans un discours, le président de la Fédération, suspendu depuis par la FIFA, avait présenté son geste comme un «petit bisou consenti» à la joueuse Jennifer Hermoso; l'internationale avait dit pour sa part s'être sentie «victime d'une agression».
Six membres de l'encadrement de l'équipe d'Espagne, dont Tomé, avaient par la suite présenté leur démission en signe de protestation contre le comportement de Luis Rubiales à l'égard de Jenni Hermoso.
Vilda avait déjà été ébranlé en septembre 2022 par la rébellion inédite de plusieurs joueuses qui lui avaient reproché ses méthodes et ne voulaient plus porter le maillot de la Roja tant qu'il resterait à la tête de l'équipe.
Surnommées «le groupe des 15», ces joueuses estimaient que leur «état émotionnel» et leur «santé» étaient affectées par le management parfois intrusif de leur sélectionneur et critiquaient la faiblesse du niveau de ses entraînements.
Ecartées du groupe pour les matches de préparation au Mondial en Australie et en Nouvelle-Zélande, la plupart avaient fini par faire part de leur envie de revenir en sélection.
Trois d'entre elles, Mariona Caldentey, Ona Batlle et Aitana Bonmati, avaient finalement été convoquées pour la compétition, cette dernière étant même désignée meilleure joueuse du tournoi.
«La goutte d'eau»
Malgré ces frondes, Vilda, que la fédération présente dans son communiqué comme l'"homme clé de la progression du football féminin espagnol", était parvenu à amener la Roja sur le toit du monde.
Mais son isolement lors des célébrations du sacre mondial, le 20 août à Sydney, semblait indiquer que le conflit n'était pas terminé avec ses joueuses.
Vilda, qui a tardé à condamner «le comportement inapproprié» de Rubiales et qui a été filmé en train d'applaudir le discours virulent de son ancien patron contre le «faux féminisme», était sur la sellette depuis plus de deux semaines.
Ce fut «la goutte d'eau qui a fait déborder le vase», a estimé l'ex-capitaine de la sélection Veronica Boquete, écartée en 2017 pour avoir dénoncé «l'incompétence» de Vilda.
Vilda aura donc fait les frais du changement voulu par le président par intérim de la fédération, Pedro Rocha, au sommet du foot espagnol dont l'image a été considérablement écornée par le comportement de Rubiales, en pleine candidature avec le Portugal et le Maroc pour l'organisation du Mondial 2030.
«Les dommages causés au football espagnol, au sport espagnol, à la société espagnole et à toutes les valeurs du football et du sport» par l'attitude de Rubiales «ont été énormes», a insisté M. Rocha mardi peu avant l'annonce du limogeage de Jorge Vilda, en demandant «pardon» au «monde du football et à l'ensemble de la société» pour le comportement «inacceptable» de Rubiales.
Jorge Vilda, dont le contrat expirait en août 2024, avait été conforté dans ses fonctions par Luis Rubiales qui lui promettait «quatre ans de plus» en étant payé «un demi-million par an».