La ministre des Sports Amélie Oudéa-Castera a appelé lundi le comité exécutif (Comex) de la Fédération française (FFF) à «prendre ses responsabilités» à la suite des déclarations polémiques de son président Noël Le Graët concernant Zinédine Zidane, sans demander explicitement la démission du dirigeant.
«Il est important que le Comex de la Fédération française de football prenne toute la mesure de la situation, dans un temps d'échange que je l'invite à avoir. J'ai à coeur que l'autonomie des fédérations soit une réalité et à chaque fois que les instances dirigeantes prennent leurs responsabilités, je considère que c'est une victoire pour le sport français», a déclaré Amélie Oudéa-Castera au cours d'une conférence de presse au siège du ministère.
«Il y au sein du Comex des personnalités éminentes qui ont fait la preuve de leur valeur, de leur efficacité, de leur vision et du sens des responsabilités. Je sais qu'elles en feront preuve à nouveau dans les semaines à venir et qu'elles pourront peser pour remettre cette Fédération sur les bons rails», a-t-elle ajouté.
Violente charge
La ministre avait auparavant commencé la conférence de presse par une violente charge contre le patron de la FFF, faisant le constat «d'une faillite sur la fonction de représentation avec des paroles qui flanchent gravement».
«Je ne veux plus de ces situations où ça disjoncte», a-t-elle lancé. «Il nous a habitués à ces sorties de route. Je pense qu'on a tous en tête ce qui a été dit ces dernières années, des paroles qui minimisaient les risques, parfois la prégnance des phénomènes de racisme et d'homophobie dans le football, qui ont pu choquer des communautés», a rappelé la ministre. «Je considère que ces sorties de route successives n'ont pas seulement pour effet de créer de la friture sur la ligne, elle nuisent également à l'image de notre pays et heurtent les Français», a-t-elle ajouté.
Elle a également attaqué Noël Le Graët sur son image publique, indigne de sa position : «dans la fonction de président, il y a un certains nombre de figures imposées, et il est profondément défaillant sur l'une d'entre elles, qui est la représentation».
Dimanche, Noël Le Graët avait eu des mots discourtois à l'égard de Zinédine Zidane sur RMC, suscitant une avalanche de réactions indignées.
«J'en ai rien à secouer, il peut aller où il veut», avait affirmé le dirigeant de 81 ans, questionné sur l'avenir de Zidane, qu'il n'aurait «même pas pris au téléphone» si celui-ci s'était montré intéressé par le poste de sélectionneur des Bleus.
Face à la polémique, Le Graët s'est excusé personnellement lundi dans un communiqué.
«Moment critique»
Concernant la mission d'audit et de contrôle diligentée par le ministère des Sports pour éclaircir les dysfonctionnements à la FFF, la ministre a précisé qu'un volet concernant «les enjeux RH, budgétaire et financier» s'ajouterait à ceux ayant trait aux pratiques managériales de la Fédération et à la lutte contre les violences sexuelles et sexistes.
Alors que M. Le Graët et la directrice générale de la FFF Florence Hardouin Sdoivent être auditionnés mardi, Amélie Oudéa-Castera a annoncé vouloir avancer la restitution des conclusions de l'audit à «fin janvier», au lieu du 15 février.
«Le Comex aura de la matière sur le comportement du président, a-t-elle précisé. Nous sommes à un moment critique de l'avenir de cette fédération. Je considère que les employés et les grands joueurs méritent mieux que ce qu'ils ont aujourd'hui à la tête de cette fédération.»
Enfin, la ministre des Sports a indiqué que le président Emmanuel Macron avait été «déçu» et «heurté» par les propos tenus à propos de Zidane.