Et un, et deux, et trois... buts en trois matches pour Olivier Giroud en 2022 ! A bientôt 36 ans, l'inoxydable attaquant de l'AC Milan se jette sur chaque «miette» accordée en équipe de France, désireux de s'incruster au banquet du Mondial malgré la prudence de Didier Deschamps.
«Est-ce que je vous ai dit qu'il ne serait pas au Mondial, ou qu'il y serait ? Ni l'un ni l'autre. Il fait tout pour faire en sorte d'y être. Mais il y a beaucoup de concurrence à tous les postes», a glissé le sélectionneur après un nouveau pion de son ancien N.9 fétiche, jeudi contre l'Autriche (2-0).
Le boss des Bleus souffle le chaud et le froid depuis plusieurs mois à propos de l'athlétique avant-centre, poussé sur le banc des remplaçants par le retour de Karim Benzema à l'Euro-2021 (moins d'une heure de jeu en 4 matches), voire carrément en dehors du groupe après la compétition.
Comme en mars, la présence du Milanais ne tient qu'au forfait du Madrilène. Et comme en mars, où il s'était distingué avec deux buts en deux matches, «Olive» a sauté sur l'occasion pour soigner ses statistiques, portées à 49 buts en 113 sélections (à 2 unités du recordman Thierry Henry), et donner des noeuds au cerveau de Deschamps.
Cadre déboulonné
C'est justement le CV de Giroud, pièce-maîtresse du Mondial-2018 remporté en Russie, qui fait hésiter le sélectionneur: un cadre au statut déboulonné, obligé désormais de se «contenter de miettes», peut-il se fondre dans le groupe sans état d'âme ? «Humainement c'est très difficile», a-t-i répété dimanche sur Téléfoot.
En club, le «Rossonero» met en tout cas tous les ingrédients nécessaires pour montrer son utilité sur un terrain. Il cumule déjà cinq buts en neuf matches, toutes compétitions confondues.
Avec les Bleus, il s'est démené comme un beau diable jeudi, lançant Kylian Mbappé pour l'ouverture du score et sortant de sa boîte pour placer une tête imparable sur le 2-0. Le Stade de France a accompagné son remplacement en fin de partie par des applaudissements nourris, à la hauteur de l'engagement mis par l'ancien attaquant de Montpellier, Arsenal et Chelsea.
Giroud, un vrai plus ? «Bien sûr !», s'est exclamé Mbappé en zone mixte. «Quand t'es le deuxième meilleur buteur de l'histoire de l'équipe de France, s'il n'est pas un plus, tu ne seras jamais un plus!», a commenté la jeune star du Paris SG.
«Jamais mis le souk»
Celui que ses amis appellent «le phénix» s'emploie sur le terrain pour convaincre Deschamps de l'emmener au Qatar. Et en dehors, le grand barbu aux cheveux peroxydés disperse la bonne parole: «Même en étant sur le banc, j'ai toujours tiré dans le sens de l'équipe. Je n'ai jamais mis le souk dans un vestiaire», a-t-il souligné auprès de RTL et M6. «Je n'ai jamais eu d'états d'âme ou de mauvais comportements lorsque j'ai été sur le banc (...) Je ne me suis jamais plaint du retour de Karim», a-t-il ajouté auprès de Canal+.
A Arsenal et Chelsea, une fois perdu sa place de titulaire, Giroud s'est effectivement fondu dans un rôle de remplaçant modèle, avec un mental d'acier et une mentalité jugée exemplaire par les entraîneurs qui l'ont dirigé, d'Arsène Wenger à Thomas Tuchel en passant par Frank Lampard.
Mais ses déclarations apaisantes auprès des médias français n'ont semble-t-il pas ému le sélectionneur.
«Je ne sais pas ce qu’il vous dit, à la limite ça ne m'intéresse pas», a coupé Deschamps mercredi en conférence de presse. «Je sais comment ça fonctionne. Entre dire les choses et faire, il y a un parcours», a noté le patron des champions du monde.
Silencieux jeudi devant la presse, mais pas muet face au but, Giroud a semé des graines sur la route du Mondial, conscient cependant que les performances sportives sont nécessaires, mais pas suffisantes, pour arracher son ticket pour Doha. Une drôle de situation, décidément.