Renault a gagné contre sa rivale Racing Point qu'elle accusait d'avoir copié certaines pièces de ses monoplaces engagées dans le championnat du monde de Formule 1 directement sur la Mercedes de l'an passé. Une décision qui va changer la manière dont les écuries collaborent.
Dans un premier temps, cette décision des commissaires techniques de la Fédération internationale de l'automobile (FIA) va coûter à Racing Point 15 points au championnat du monde des constructeurs (7,5 points par voiture) et 400'000 euros d'amende (200'000 par voiture).
Renault en profite en lui prendre sa 5e place au championnat du monde. Mais les pilotes de Racing Point, Sergio Pérez et Lance Stroll, ne perdent pas les points déjà acquis au championnat pilotes.
«Nous n'avons rien fait de mal», s'est défendu vendredi Otmar Szafnauer, le team principal de Racing Point, soulignant que la FIA avait reconnu que les règles en la matière étaient «loin d'être claires». Il a ajouté que la décision de faire appel ou non n'avait pas encore été prise.
Renault affirmait que sa rivale avait copié pour sa voiture de cette année certaines pièces, dont les écopes de freins, de la Mercedes victorieuse l'an passé.
Les Racing Point - qui s'appelaient jusqu'en 2018 Force India et deviendront des Aston Martin l'an prochain - pourront toutefois conserver les écopes de frein incriminées car c'est le processus qui a abouti à leur utilisation, et non la pièce elle-même, qui est visé, a précisé la FIA.
Ce point mécontente Renault qui envisage du coup de faire appel d'une décision qui lui est pourtant favorable.
Racing Point, propriété du milliardaire canadien Lawrence Stroll - le père de Lance - est déjà propulsée par des moteurs Mercedes. Mais l'écurie aux monoplaces roses a porté un cran plus loin, cette année, la collaboration avec l'écurie allemande, dominante en F1 depuis 2014, en copiant directement pour sa voiture 2020 des pièces apparues sur la Mercedes de l'an passé.
Cette démarche a rapidement valu à l'écurie des qualificatifs peu amènes comme «Copie Point», «Décalque Point» ou encore la «Mercedes rose».
Dans le cas précis des écopes de freins --une pièce importante pour leur refroidissement et l'aérodynamique des monoplaces-- cette pratique était encore tolérée l'an passé mais elle ne l'est plus cette année, le règlement ayant évolué.
Dispositions «cruciales»
En dehors de l'aspect «règlement de comptes» - Renault avait été victime l'an dernier d'une plainte émanant de Racing Point - cette affaire est importante pour l'avenir de la F1.
Les dispositions du règlement empêchant les écuries de se copier les unes les autres sont «cruciales», a rappelé la FIA vendredi.
«Elles stipulent clairement que ce qui qualifie une écurie de 'constructeur' et lui permet de participer au championnat est qu'elle dessine elle-même ses composants listés, et ne les partage pas avec d'autres écuries», souligne le texte de sa décision.
Les «composants listés» sont les pièces dont la propriété intellectuelle appartient à une écurie et qui ne peuvent être copiées. Les écopes de frein ont été ajoutées à cette liste à compter de 2020.
«Cela reflète le facteur fondamental que la F1 est un sport qui récompense les équipes capables d'associer le talent de leurs pilotes avec le sommet de l'innovation et de l'excellence», affirme-t-on de même source.
Il y a actuellement trois constructeurs en F1 qui conçoivent et fabriquent l'ensemble de leur voiture, moteur compris: Ferrari, Mercedes et Renault. Red Bull et son écurie «soeur» Alpha Tauri utilisent des moteurs Honda, le constructeur japonais ne fabriquant de son côté pas de châssis.
Les autres utilisent des moteurs fournis par Ferrari, Mercedes ou Renault, ainsi que d'autres pièces comme des boîtes de vitesses, des éléments de suspension ou de freinage, en fonction des accords conclus entre elles.
La décision de vendredi va permettre à la FIA de clarifier davantage ce qui peut et ne peut pas être partagé entre les équipes.
Nikolas Tombazis, le responsable technique de la FIA pour la F1, reconnaît que le fait de copier les innovations des écuries rivales a toujours existé. «Mais nous ne voulons pas avoir l'an prochain dix Mercedes ou copies de Mercedes», souligne-t-il.
«Nous allons apporter des modifications au règlement 2021 pour empêcher que cela devienne le cas», a-t-il indiqué.