La presse romande se voulait résolument positive au lendemain de l'élimination de l'équipe de Suisse en quart de finale de l'Euro. Mais il s'agit bien d'un «Rêve brisé», comme le rappelle La Liberté.
«L'Espagne brise le rêve suisse», a ainsi titré dans le même esprit Arcinfo, avec une photo de joueurs suisses effondrés. «L'amère de toutes les batailles», écrit pour sa part sur sa Une le Journal du Jura, qui utilise la même photo que La Liberté, celle d'un Ruben Vargas les genoux à terre après avoir manqué son tir au but.
Le Nouvelliste affiche en revanche sa fierté d'entrée de jeu. «Merci», titre simplement en Une le quotidien valaisan, avec une photo de joueurs suisses qui tentent de se consoler après cet échec frustrant consommé aux tirs au but. Pour la Tribune de Genève, «l'équipe de Suisse (a été) héroïque jusqu'au bout.»
Abnégation
Les Unes tournées, la déception légitime fait partout place à une grande fierté. «De quelle abnégation, de quel courage, de quel talent a-t-il fallu faire preuve pour empêcher l’Espagne de s’imposer», se demande ainsi Emanuele Saraceno dans Arcinfo.
Cet échec «ne doit en aucun cas ternir un parcours qui a fait franchir un cap aux hommes de l’excellent Vladimir Petkovic. Fini les éliminations frustrantes face à des adversaires comme l'Ukraine, la Pologne ou la Suède. A cet Euro, la Suisse n’a pas cédé en 120 minutes face à deux équipes, la France et l’Espagne, qui ont gagné quatre des six tournois internationaux majeurs des 13 dernières années!», rappelle-t-il.
«Cette prise de conscience d'être capable de faire jeu égal avec les meilleurs du monde doit servir pour les prochaines échéances. Afin que cet Euro totalement fou ne reste pas une exception dans l’histoire du football helvétique», écrit-il encore.
«Elle nous a fait vibrer»
«La Suisse ne doit pas nourrir de regrets», estime pour sa part Pascal Dupasquier dans son commentaire pour La Liberté. «Si Granit Xhaka avait été là, si Denis Zakaria n'avait pas dévié le ballon dans ses propres filets...», énumère dans un premier temps le journaliste fribourgeois.
Mais «l'heure n'est pas aux si, l'heure est à la certitude. Celle que Vlad et ses ouailles ont rempli leur contrat dans cet Euro. Avec brio. En brisant le plafond de verre des 8es de finale sur lequel la Suisse butait inlassablement depuis 1954» et la Coupe du monde en Suisse. «Cette équipe de Suisse nous a rendus fiers. Elle nous a fait vibrer», lâche-t-il.
«Tant qu'il y a eu l'ivresse»
«Il y a des gueules de bois plus faciles à poncer que d'autres. Celle provoquée par la cruelle élimination de la Suisse vendredi soir va laisser quelques échardes», affirme Ugo Curty sur blick.ch. «Mais qu'importe la défaite tant qu'il y a eu l'ivresse. Une griserie qui s'est propagée dans le pays en l'espace d'une petite semaine que personne n’oubliera», poursuit-il. «Qu'il a été beau le songe de ces deux nuits d'été, que le réveil fut brutal aussi.»
Daniel Visentini n'a quant à lui «plus de mots, seulement des émotions qui se bousculent, qui s’effondrent et qui refont surface», écrit-il dans la Tribune de Genève. «Il faudra un jour, deux jours, dix jours pour comprendre, pour effacer des mémoires ces images ou plutôt pour les revoir à l'envi», pour mesurer «ce qui a fait la grandeur d’une sélection si admirable qui a frôlé une place en demi-finale de l'Euro.»