L'un déçoit, l'autre explose: pour épauler le capitaine Lionel Messi sur le front de l'attaque argentine, vendredi (20h00) en quart de finale du Mondial-2022 contre les Pays-Bas, le sélectionneur Lionel Scaloni hésite entre un frustrant Lautaro Martinez ou un détonnant Julian Alvarez.
La bascule s'est faite le 26 novembre, à la 63e minute du match entre l'Argentine et le Mexique. Aligné une heure aux côtés de Messi en attaque, Lautaro Martinez n'a pas réussi à se montrer dangereux, quand Julian Alvarez prend sa place sur la pelouse.
Tout de suite, l'Albiceleste multiplie les occasions. Messi ouvre la marque une minute plus tard (64e), et le jeune Enzo Fernandez scellera le 2-0 en fin de partie.
C'est à ce moment précis que la Coupe du monde du «Toro» Lautaro a commencé à décliner, et celle de «l'Araignée» Alvarez, à décoller.
Lautaro, sur sa faim
Figure offensive de l'Albiceleste depuis quatre ans aux côtés de Messi et Angel Di Maria, l'attaquant de l'Inter Milan est pour l'instant passé à côté de sa Coupe du monde.
Il a joué 90 minutes lors de la défaite inaugurale contre l'Arabie saoudite, puis une heure contre le Mexique, avant d'être relégué sur le banc. Contre la Pologne, c'est lui qui a remplacé Julian Alvarez à la 79e minute, alors que le score était déjà de 2-0.
Et idem contre l'Australie en huitièmes (2-1), où il a succédé à son jeune compatriote à la 71e minute, avec le match déjà plié. Malgré trois ballons parfaits glissés par Messi en fin de partie, il n'a pas su les convertir en buts.
Messi l'encourage
«Lautaro, pour nous, il est super important. Il est attaquant, il vit des buts. C'est important qu'il soit bien pour ce qui arrive», l'a encouragé Messi après la qualification pour les quarts.
Une frustration de plus pour l'attaquant de 25 ans, qui participe à son premier Mondial, après la désillusion de 2018.
Présent dans la pré-liste de Jorge Sampaoli, il n'avait pas été appelé pour prendre part à l'aventure en Russie. L'une des décisions les plus controversées de l'ex-sélectionneur argentin.
Mais après avoir fait le grand saut vers l'Europe, Lautaro a fait son trou en sélection avec Scaloni: à la Copa America, remportée en 2021 par les Argentins, il a marqué trois buts, dont un en quarts contre l'Équateur et un en demi-finale contre la Colombie, pour finir troisième meilleur buteur du tournoi.
En club aussi, il a gagné en responsabilités après la blessure de Romelu Lukaku en début de saison. Il fut l'un des buteurs lors du crucial 3-3 au Camp Nou pour éliminer le FC Barcelone de la Ligue des champions, et reste le meilleur buteur de son équipe en championnat, avec sept réalisations depuis le début de saison.
Alvarez, dévorant
Mercredi, dans le onze testé par le sélectionneur Scaloni à l'entraînement, c'est encore Julian Alvarez qui a pris la place de Lautaro Martinez aux côtés de Messi et de Di Maria.
Arrivé à Manchester City en janvier pour 22 M d'EUR en provenance de River Plate, le jeune attaquant (22 ans) a le même rôle en club et en sélection: remplaçant d'Erling Haaland en Angleterre, et de Lautaro Martinez en Argentine.
Mais partout, il bouscule les codes. Depuis le début de saison, il en est déjà à sept buts et deux passes décisives avec City, alors qu'il débute la plupart des matches sur le banc.
Et au Qatar, il est déchaîné: c'est lui qui a mis l'Argentine à l'abri face à la Pologne, en convertissant une passe dans la surface d'Enzo Fernandez, son ex-coéquipier à River (67e). Et aussi contre l'Australie, en interceptant un ballon hasardeux avant de le pousser au fond des cages (57e).
L'expérience en sommeil ou la fraîcheur de la jeunesse, sur qui se portera le choix du sélectionneur pour le choc contre les Pays-Bas? «C'est parfait que Julian mette des buts. Lautaro aussi va en mettre», a balayé Scaloni après la qualification pour les quarts.