Ancien entraîneur de Dortmund, Lucien Favre a accordé un long entretien à Keystone-ATS avant la finale de la Ligue des champions entre le BVB et le Real Madrid (à suivre en libre accès dès 20h00 samedi sur blue Zoom). Le technicien vaudois de 66 ans vante notamment les mérites de l'actuel coach du club allemand Edin Terzic.
Pour ce fin connaisseur du football, une telle affiche n'est pas une surprise. Les équipes venant d'Espagne et d'Allemagne l'ont plus convaincu que les riches représentants de la Premier League. «Ce n'est pas la vérité que l'Angleterre a le meilleur championnat. Et d'autres championnats ont aussi de très bons entraîneurs.»
La philosophie de Carlo Ancelotti en matière de gestion d'équipe impressionne Favre, de deux ans son aîné: «Il reste calme, il ne perd jamais son sang-froid. Ancelotti a vécu six années compliquées à Munich, à Naples et plus tard à Everton. Malgré tout, il n'a jamais renoncé à ses principes».
Lucien Favre se souvient de sa propre rencontre furtive avec le gentleman italien: «J'ai joué une fois contre lui avec Dortmund – il était alors entraîneur au Napoli. Carlo est une personne sympathique.»
La signature de Terzic
Mais l'ancien international suisse connaît forcément mieux Dortmund, cette ville folle de football. Pendant plus de deux saisons, le Vaudois y a donné le tempo. «C'est un endroit spécial. Le mur jaune, le public incroyablement bruyant. Ils vivent avec une force folle. Je n'oublierai jamais l'importance du football dans cette région d'Allemagne», s'enthousiasme-t-il.
Lucien Favre a coopéré étroitement avec Edin Terzic pendant ses deux ans et demi au BVB. Le jeune entraîneur, alors en pleine ascension, jouait un rôle extrêmement actif dans le staff: «Je me souviens de lui comme d'un membre très important du staff, qui a développé beaucoup d'initiatives personnelles et qui a aussi apporté des idées. Edin se préparait à sa carrière de coach – ce n'est rien moins que normal.»
Lorsque l'ère de Favre au BVB a pris fin le 13 décembre 2020, la direction du club a effectivement tout de suite été claire: Terzic, un (jeune) homme issu des propres rangs de l'entraîneur, a repris le poste. «C'était compréhensible du point de vue du club», souligne Favre, sans le moindre ressentiment. «Nous n'avons jamais eu de problème ensemble.»
L'estime est réciproque. Terzic a pu apprendre beaucoup de choses de Favre, a-t-il souligné. Favre loue son engagement total envers le club: «Il était déjà un fan du BVB quand il était enfant. Edin est une personne émotionnelle, mais il pense aussi de manière très analytique. Il faisait déjà en partie l'analyse des matches en tant qu'assistant.»
Favre reconnaît une écriture, un plan, une conviction profonde: «Dortmund est capable d'attendre de temps en temps, ils peuvent jouer de manière incroyablement compacte. Je vois beaucoup de variantes: parfois ils pressent haut, puis ils attendent et contre-attaquent».
Aucun détail n'échappe bien sûr à l'entraîneur qui possède un bagage de plus de 800 matches professionnels. La vitesse des Allemands lui plaît: «Des joueurs comme Adeyemi et Sancho peuvent faire la différence à tout moment avec leur vitesse.» Il considère son ancien joueur Jadon Sancho comme un personnage-clé après son retour à Dortmund: «Il peut changer le cours d'un match. Il sent le football et jouit entre-temps à nouveau de son ancienne confiance en soi».
A propos de différence, Gregor Kobel est lui aussi particulièrement apprécié par Lucien Favre: «Le BVB peut compter sur lui. Il est au top – point ! Même dans les dix prochaines années, la Suisse n'aura pas de problème de gardien de but», glisse-t-il.
«Madrid ? un mythe, bien sûr!»
Selon Favre, il est impossible de faire un pronostic clair en vue de la finale. «Les Madrilènes sont-ils les meilleurs du monde ? Difficile à dire, ils sont au sommet depuis longtemps. Le Real est presque toujours là. Un mythe, bien sûr ! Un club incroyable». Il est fasciné par le travail acharné de l'équipe de stars actuelle sur la pelouse: «Ils forment une unité. Parfois, dix joueurs défendent – seul Vinicius n'aime pas revenir.»
Outre le spectaculaire Vinicius Jr, Favre mentionne le taulier allemand Toni Kroos: «Je me souviens encore comment il était le stabilisateur de l'attaque munichoise au Bayern lors des matches contre Gladbach. Un joueur incroyable, un gagnant. Il va leur manquer à Madrid».
Favre connaît également parfaitement un autre acteur principal du Real: Jude Bellingham. A l'âge tendre de 17 ans, le talent anglais XXL goûtait ainsi pour la première fois à la Bundesliga à l'automne 2020 sous le maillot du BVB et sous la direction de Favre.
«Sa maman l'accompagnait à l'entraînement, car il n'avait pas le droit de conduire lui-même», sourit son ex-mentor. Souvent, l'équipe d'entraîneurs le convoquait pour une séance spéciale: «Coordination, technique, jeu de jambes, finition, volée. Au début, il avait encore un potentiel d'amélioration pour les tirs.»
Près de quatre ans plus tard, Bellingham est le meilleur buteur du Real, le champion d'Espagne, avec 19 buts. Les experts estiment sa valeur marchande à 180 millions d'euros. Pour Favre, son évolution était prévisible: «Jude était très ambitieux dès son plus jeune âge. Il faisait preuve de mentalité et de plaisir – et il voulait toujours progresser.»