CoronavirusLes Suisses se sont ressourcés en forêt
ATS
3.6.2020 - 11:23
Le semi-confinement imposé à partir de la mi-mars a radicalement modifié les habitudes de promenades en forêt de la population suisse. Les citadins ont été beaucoup plus nombreux que d'ordinaire, une manière de se ressourcer en temps de crise, selon l'institut WSL.
Début avril, au plus fort du «lockdown», de nombreuses personnes se sont rendues plus souvent en forêt qu’avant la crise. Mais bien plus nombreux furent ceux qui y sont moins allés, voire plus du tout, selon une comparaison de deux enquêtes de l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL) effectuées avant et pendant la crise.
Dans le cadre du projet «Monitoring socioculturel des forêts» (WaMoS), une enquête nationale détaillée pour le compte de l’Office fédéral de l’environnement est effectuée tous les dix ans auprès de la population sur sa relation avec la forêt. La troisième campagne est en cours.
Le WSL a développé la méthode de cette recherche menée en ligne auprès de 8000 personnes et la dépouille actuellement. Cette enquête n’avait encore rien à voir avec le coronavirus et s’est terminée le 9 mars, avant le confinement, a indiqué mercredi l'institut dans un communiqué.
Moins de visites occasionnelles
L'équipe de Marcel Hunziker au WSL a saisi l’occasion unique de répéter la démarche pendant le confinement. Début avril, un bon millier de participants de la première enquête ont à nouveau été interrogés, cette fois uniquement sur la détente en forêt.
En raison des conditions printanières début avril, les chercheurs ont choisi de comparer les déclarations des personnes interrogées avec le nombre de visites habituelles indiquées pendant la saison chaude.
Les réponses montrent que cette fréquence a changé dans deux directions opposées: un grand nombre de personnes sont allées dans la forêt beaucoup moins souvent que d’habitude en été, mais beaucoup s'y sont rendues bien plus fréquemment.
En revanche, le nombre de visiteurs «occasionnels» de la forêt a diminué. En outre, il est apparu également que les sorties en forêt pendant le confinement étaient en moyenne plus courtes et plus proches du domicile que d’habitude.
Davantage de citadins
De nettes différences sont apparues entre les régions linguistiques et entre la ville et la campagne: en Suisse alémanique, nettement plus de personnes se sont rendues en forêt pendant le confinement que dans les autres régions linguistiques.
En Suisse italienne, en revanche, le groupe qui ne va que très rarement en forêt a fortement grossi. Les chercheurs attribuent cela au fait que le sud de la Suisse a été plus affecté par la pandémie. La Suisse romande se situe à chaque fois en position intermédiaire.
Pendant le confinement, les citadins ont été beaucoup plus nombreux à se rendre en forêt chaque jour qu’au cours d’un printemps normal. Cela pourrait être dû au fait que de multiples espaces verts des centres-villes ont été fermés, ou évités par les habitants pour des raisons de distanciation sociale. En dehors des villes, en revanche, on observe une diminution du nombre des visites en forêt.
Santé mentale
Les incitations à se rendre en forêt sont passées de motifs sociaux (rencontrer des amis et de la famille, s’amuser, pique-niquer) à des raisons de forme physique et de santé mentale.
Ceux qui ont évité la forêt l’ont fait principalement pour des raisons spécifiques au coronavirus, notamment parce qu’ils appartenaient à un groupe à risque ou parce qu’ils se sont imposé une certaine prudence pour ne pas être infectés. Certains se sont sentis plus gênés que d’habitude par le nombre croissant de personnes – sources possibles d’infection – en quête de détente.
Néanmoins, ceux qui se sont rendus en forêt pendant le confinement ont généralement été plus tolérants que d’habitude: ils se sont sentis moins dérangés, par exemple par les VTT, peut-être un signe de compréhension mutuelle et de cohésion en temps de crise, selon les chercheurs.
D'après Marcel Hunziker, ces travaux constituent une base importante pour les futures stratégies de gestion de crise, car les forêts sont un lieu essentiel de détente en Suisse, en particulier à proximité des villes.
Le coronavirus favorise la solitude des gens. Il nous contraint à l’isolement. La vie sociale s’arrête.
Photo: Keystone
Thomas Steiner, psychologue spécialisé en psychothérapie FSP déclare que toutes les tranches d’âge sont concernées d’une manière ou l’autre par le problème.
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«Chez les jeunes, les contacts sociaux servent à façonner l’identité», déclare le psychologue, sinon quelque chose leur manquerait.
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«Vous ne pouvez pas sortir, les manifestations sont annulées, les contacts dans le domaine de la formation sont réduits au strict minimum et il n’est presque plus possible de voyager», selon Thomas Steiner.
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Les personnes qui s’identifient à leur activité professionnelle et doivent désormais faire du télétravail remarquent aussi combien la solitude peut peser et combien les routines et les actions entreprises chaque jour peuvent bien remplir une journée.
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«On s’aperçoit que les gens sont souvent programmés automatiquement: se lever, prendre sa douche, travailler, se nourrir», dit Steiner. En l’absence de routines, la situation peut être éprouvante mentalement.
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«Nous sommes alors confrontés à nous-mêmes. Les distractions quotidiennes ne parviennent plus à nous détourner de notre personne et de la réflexion à ce sujet», affirme Steiner.
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La solitude touche aussi et surtout les personnes retraitées durant cette période de coronavirus. «Elles ont envisagé de faire toutes sortes de choses qu’elles peuvent à présent réaliser après leur vie professionnelle. Le virus les freine toutefois dans leurs projets» déclare Thomas Steiner.
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Les résidents des maisons de retraite et des établissements médico-sociaux souffriraient également de la situation. «L’absence de stimuli, comme une visite, ainsi que les subventions, posent problème».
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