En sous-marinVoilà comment Pierre Maudet a réussi un véritable «tour de force»
tb, ats
3.4.2023 - 14:00
A Genève, Pierre Maudet a déjoué tous les pronostics dimanche en raflant dix sièges au Grand Conseil avec sa formation Libertés et justice sociale. Une excellente campagne de terrain «passée sous les radars» et un «style poujadiste» expliquent ce succès.
03.04.2023, 14:00
ATS
Quasi aucun observateur ne donnait une chance à la liste de Pierre Maudet d'atteindre la barre des 7%, le seuil minimal pour entrer au Grand Conseil. Mais les pronostics ont sous-évalué l'importance de la campagne de terrain menée par Pierre Maudet. «Cette campagne est passée sous les radars», a précisé lundi à Keystone-ATS, Pascal Sciarini, professeur de sciences politiques à l'Université de Genève.
«Avec ses colistiers, il a privilégié les contacts de proximité, hors des espaces médiatiques», a ajouté le spécialiste. Il a réussi un véritable «tour de force» en allant chercher les voix «dans un style poujadiste», relève le professeur Sciarini. Pierre Maudet s'est ainsi adressé aux petits commerçants et aux artisans, en opposition avec l'establishment.
Pas un frein
L'ex-conseiller d'Etat avait posé les jalons de cette campagne lors de la crise sanitaire en mettant sur pied des permanences pour soutenir les indépendants en proie à des difficultés administratives et financières. La campagne a ensuite été axée sur des projets concrets, dont une caisse maladie cantonale publique et tout récemment un crédit d'impôts de 2000 francs pour tous.
La condamnation pénale de Pierre Maudet pour acceptation d'un avantage en lien avec son voyage à Abu Dhabi n'a pas été un frein pour sa liste, relève le professeur. Une partie des électeurs ne voient en Pierre Maudet que l'homme d'Etat et la bête politique, continue-t-il.
L'ex-conseiller d'Etat, qui avait été exclu de son parti suite à ses mensonges, avait déclaré à la Tribune de Genève qu'assez peu de personnes l'interpellaient sur cette condamnation. Les résultats de dimanche donnent raison à Pierre Maudet «qui y a toujours cru».
Les novices et les autres
Le mouvement de Pierre Maudet, qui revendique une «inspiration de l'essence républicaine du radicalisme», compte de nombreux novices en politique. «Ce sont des gens que j'ai choisis pour la plupart en fonction du réseau qu'ils représentent, de leur ancrage dans la société, de leur vécu récent en proie à la crise du Covid», a relevé Pierre Maudet à la RTS. «Ce choix n'est pas innocent», a-t-il ajouté.
Parmi ces nouveaux élus, qui ne sont pas issus de l'establishment, figurent un viticulteur, un chirurgien, un professeur d'université, un directeur de fiduciaire, un chef d'entreprise dans la restauration et une ingénieure, seule femme élue. Mais trois autres ne sont pas des inconnus: Laurent Seydoux est l'ex-président des Verts'libéraux, Jean-Louis Fazio a été député socialiste et Jacques Jeannerat député PLR.
Des chances ?
En plus de son score canon au Grand Conseil, Pierre Maudet pointe au sixième rang à l'issue du premier tour de l'élection au Conseil d'Etat. Il devance la candidate socialiste Carole-Anne Kast, le candidat MCG Philippe Morel ainsi que les deux candidats du Centre Delphine Bachmann et Xavier Magnin.
Une élection au 2e tour semble toutefois peu probable si la droite concrétise une grande alliance dont il serait exclu. Mais après la surprise de dimanche, plus personne ne s'avance à faire des pronostics.