Sujet encore tabou Les femmes enceintes restent méfiantes face au vaccin Covid

nt, ats

5.7.2021 - 09:46

Moins de 30% des femmes enceintes suisses souhaitent se vacciner contre le Covid-19. Une bonne protection immunitaire est pourtant essentielle pendant la grossesse car elle permet la protection de la mère et de son enfant, affirme le CHUV qui a réalisé cette étude.

Selon une enquête du CHUV, les femmes enceintes sont peu enclines à se faire vacciner contre le Covid-19 (photo d'illustration).
Selon une enquête du CHUV, les femmes enceintes sont peu enclines à se faire vacciner contre le Covid-19 (photo d'illustration).
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Menée à la fin de la première vague de la pandémie, l'enquête s'est intéressée à la volonté ou non des femmes enceintes à se faire vacciner, a indiqué à Keystone-ATS le Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV).

Publiés récemment dans le journal scientifique «Viruses», les résultats montrent que seul un tiers des 1551 femmes interrogées acceptent de se faire vacciner contre le Covid-19. Et ce malgré l'absence d'augmentation des effets secondaires chez les femmes enceintes et leur risque de 5% d'être hospitalisées aux soins intensifs si elles sont infectées.

Il s'agit d'un chiffre particulièrement bas en comparaison avec d'autres pays. Aux Etats-Unis, où plus de 200'000 femmes enceintes ont déjà reçu les deux doses, plus de 50% d'entre elles désirent se faire vacciner.

Autres vaccins également boudés

En Suisse, les femmes en situation de précarité, ayant un niveau d'éducation moindre ou résidant en Suisse alémanique, moins touchée par la première vague, seraient plus réticentes à se faire vacciner. Plus important encore, les freins identifiés ne concernent pas uniquement le vaccin contre le Covid-19, mais la majorité des autres vaccins recommandés pendant la grossesse ou l'allaitement, comme la coqueluche.

Ces observations, corrélées au faible taux d'immunisation des femmes enceintes en Suisse, posent la question de l'accessibilité des vaccins. Elles interrogent également sur la qualité de l'information donnée pendant la grossesse et l'allaitement.

«Il est important de proposer une prévention adaptée et de mettre l'accent sur les patientes démunies ou avec un niveau d'éducation moindre. Il est également essentiel de fournir une bonne information sur les risques pour la mère et l'enfant d'une infection par le Covid-19, et de les contrebalancer avec les données rassurantes de la vaccination chez les femmes enceintes», note le docteur Léo Pomar, un des auteurs de l'étude.

Encore un tabou

Trop souvent, la question de la vaccination pendant la grossesse demeure un tabou. Une bonne protection immunitaire est pourtant essentielle pendant la grossesse, car elle permet la protection de la mère ainsi que de son enfant.

«C'est notre responsabilité, en tant que soignant, d'informer les patientes de l'importance d'une immunisation adéquate lors de leur grossesse, d'être à l'écoute de leurs potentielles craintes et réticences, et d'y répondre de manière objective», souligne la doctoresse Sarah Stuckelberger.

Pas d'infertilité

«Il est aussi essentiel de balayer les fausses croyances sur le vaccin», rappelle le professeur David Baud, chef de la maternité du CHUV. «Le vaccin n'induit pas d'infertilité ou de fausses couches. Et toutes nos cellules contiennent déjà de l'ARN messager».

L'identification des barrières à la vaccination pendant la grossesse et l'allaitement est un élément essentiel, qui, espère-t-il, permettra d'optimiser la prise en charge et la protection des mères et de leurs enfants contre les virus passés, présents et futurs.

Au vu de l'été qui arrive et de la diminution du nombre de cas de Covid, les spécialistes craignent une baisse de la demande de vaccins en général, y compris de la part des femmes enceintes.

nt, ats