PrésidentielleDes rêves «à la poubelle» - La presse suisse réagit à la victoire de Trump
ro, ats
6.11.2024 - 20:39
L'élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis ouvre une période d'instabilité et d'imprévisibilité, estime la presse suisse mercredi. Pour «construire un monde meilleur», il vaut mieux chercher d'autres dirigeants.
06.11.2024, 20:39
ATS
Au lieu du «nouvel âge d'or» promis par Donald Trump, l'élection du milliardaire républicain ouvre «la page d'une histoire imprévisible, tant sur le plan intérieur qu'international», estiment les journaux du groupe ESH. Comme l'avait déjà montré son précédent mandat.
A Zurich, la NZZ parle, elle, d'un pari risqué. Les contre-pouvoirs ("checks and balances") prévus par la Constitution s'appliquent certes aussi à M. Trump. Mais il est possible que le républicain s'en moque et «provoque le chaos à Washington et sur la scène internationale», relève le journal zurichois.
Transformation profonde
Sur le plan intérieur, le républicain a d'ores et déjà promis de sévères mesures contre l'immigration. Cela ne manque pas d'inquiéter les défenseurs des droits humains, souligne La Liberté.
Donald Trump a annoncé ce qu'il allait faire, écrivent les journaux alémaniques du groupe Tamedia. Lui qui avait déjà ignoré la séparation des pouvoirs durant son premier mandat va désormais mettre en œuvre le plan d'une transformation antidémocratique profonde. Il va faire expulser des millions de migrants pour s'assurer de bons sondages.
Son retour à la Maison-Blanche aura aussi des incidences sur les relations internationales. «Méprisant à l'égard de l'Union européenne, Donald Trump se défie de l'OTAN. Sa nouvelle présidence pourrait engendrer des tensions commerciales, ainsi qu'une forte réduction du soutien américain à l'Ukraine», écrit La Liberté.
«Leçon d'efficacité»
Pour 24 Heures et la Tribune de Genève, le «'populisme' conservateur» de Donald Trump ne sera désormais plus un banc d'essai ou un laboratoire, mais une présidence préparée et peaufinée de longue date. «Avec un potentiel d'exercice du pouvoir exécutif bien plus puissant.»
Les deux journaux lémaniques soulignent une «leçon d'efficacité» du milliardaire new-yorkais. Le populisme qui progresse également dans de nombreuses démocraties européennes est le reflet d'une majorité d'électeurs qui, désécurisée, préfère des réponses simples quitte à ce qu'elles soient simplistes. «Il faut en prendre acte. Et proposer des alternatives qui soient en phase avec ces attentes.»
«A force de se perdre dans le méli-mélo d'un progressisme ouvert à tous les vents, y compris les plus minoritaires ou les plus sectaires, les sociaux-démocrates, dans le sens très large du terme, ont perdu ce qui faisait leur force: la popularité. Au sens noble et intelligent du terme», écrivent 24 Heures et la Tribune de Genève.
Une Amérique repliée et divisée
Si les quotidiens du groupe alémanique CH-Media parlent surtout d'un vote «contre» la politique des démocrates, ceux d'ESH estiment que la réélection de Donald Trump «acte définitivement l’entrée des Etats-Unis dans une ère où la vérité, les faits et la protection de certaines institutions et valeurs démocratiques n’ont plus d’importance, ou si peu».
Le Temps relève quant à lui que Donald Trump a décrit une Amérique «'great again' repliée sur elle-même et divisée». La place des Etats-Unis dans le monde «n'est pas plus engageante: celle d'une puissance à l'image de ce président caricatural: égoïste, tournée sur elle-même et ses propres intérêts, dénuée de tout sens des responsabilités sur le plan multilatéral».
Rien ne garantit que M. Trump passera aux actes, «ce serait d'ailleurs probablement ouvrir trop de fronts en même temps et se mettre inutilement en difficulté». Pour Le Temps, «la manière la plus optimiste de considérer l'élection du 47e président des Etats-Unis consiste à s'accrocher à cette version».
Déplorant que «tant de rêves» finissent «à la poubelle», le journal estime qu'"il faut admettre (sa) victoire, résultat démocratique, et chercher d’autres dirigeants, ailleurs, pour construire un monde meilleur».