Covid Long Wanted: êtes-vous le bon candidat pour faire avancer la recherche? 

Valérie Passello

30.3.2023

Un essai clinique, coordonné par les HUG, est en cours afin de tester un médicament susceptible de traiter le Covid Long. Ou plus exactement, une certaine catégorie de personnes atteintes par ce nouveau mal. Le recrutement a commencé pour inclure les 200 patients répondant à tous les critères de participation.  

Pour pouvoir participer à l'essai clinique, il faut avoir été contaminé par le Covid et souffrir de séquelles depuis plus de trois mois. Mais d'autres critères sont aussi pris en compte, comme la présence d'une certaine protéine dans l'organisme. (image d'illustration)
Pour pouvoir participer à l'essai clinique, il faut avoir été contaminé par le Covid et souffrir de séquelles depuis plus de trois mois. Mais d'autres critères sont aussi pris en compte, comme la présence d'une certaine protéine dans l'organisme. (image d'illustration)
imago images/Science Photo Library

Valérie Passello

30.3.2023

Elle s'appelle «HER-W ENV». La protéine qui se cache derrière ce nom quelque peu barbare est suspectée d'être responsable de nombreux cas de Covid Long; on la retrouve chez plus d'un patient sur quatre affecté par la maladie. 

Les Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG) et d'autres établissements hospitaliers de Berne, Bâle, Coire et Sion, ainsi que d'Espagne et d'Italie, ont lancé une étude clinique, coordonnée par les HUG. Cette dernière est destinée à tester une molécule s'attaquant à ladite protéine, afin de la neutraliser.

Strictes conditions de recrutement 

Les personnes souffrant de séquelles liées à une infection au Covid sont nombreuses, les témoignages se multiplient. Mais tout le monde ne peut pas prendre part à l'essai clinique.

D'ailleurs, trouver le bon nombre de volontaires répondant aux critères de sélection n'est pas aussi aisé que l'on pourrait croire, remarque le professeur Idris Guessous, médecin-chef du Service de médecine de premier recours (SMPR) des HUG et instigateur principal de l'essai clinique: «Le recrutement est difficile, car très ciblé. On s'intéresse à un échantillon de personnes susceptibles de réagir au traitement, le but n'est pas simplement d'avoir un panel représentatif de l'ensemble de la population».

Critères de participation

  • Avoir 18 ans et plus.
  • Avoir été positif au Covid-19 auparavant (confirmation par test PCR ou antigénique, ou par sérologie avec confirmation médicale de post-Covid).
  • Ressentir des symptômes persistants au moins trois mois après l’infection (fatigue, perte de mémoire, manque de concentration).
  • Être positif ou positive à la protéine HER-W ENV.

S'il y a des critères d'inclusion pour les volontaires, d'autres, au contraire, sont excluants. Les patients présentant des comorbidités (association avec d'autres maladies) par exemple, ne peuvent pas être retenus. Plusieurs prises de contact et divers tests sont nécessaires avant de déterminer si une participation est possible, relève Idris Guessous. 

Clip des HUG sur l'essai clinique

Clip des HUG sur l'essai clinique "temelimab"

Le HUG recherche des volontaires pour son étude post-Covid.

30.03.2023

Sur les 200 personnes qui seront finalement recrutées, 100 recevront le médicament et un placebo sera administré aux autres. Ni les participants ni les médecins encadrant l'essai clinique ne savent qui reçoit quoi avant la fin de l'étude et des analyses, afin de garantir l'objectivité totale du test.  

L'essai a commencé en juillet 2022, mais il reste des places. Les intéressés peuvent s'adresser aux contacts indiqués ci-dessous.

Contact HUG

  • etude.longcovid@hcuge.ch
  • 0041 22 372 1151

Le temps de collecter toutes les données, de les analyser et de les vérifier, les résultats ne devraient pas être connus avant 2024. 

Une reconnaissance pour les malades

Médecin au sein de l'équipe de recherche du SMPR, Mayssam Nehme remarque: «Au début, il y a globalement eu une phase de manque de reconnaissance de la maladie. Désormais, nous avons organisé la prise en charge des patients et nous menons des essais cliniques. Bien sûr, cela prendra du temps, mais nous cherchons des solutions». Les démarches engagées semblent en effet prouver que le Covid Long est réellement pris au sérieux aujourd'hui.

Si l'essai clinique qui vient d'être lancé s'avère concluant, les patients produisant la protéine «HER-W ENV» pourraient ainsi bénéficier d'un traitement, baptisé «temelimab».

Encore du travail 

Mais il faudra aussi se pencher sur le cas d'autres groupes de patients, présentant des caractéristiques différentes et ne produisant pas la protéine incriminée. «Plusieurs millions ont été engagés pour cet essai clinique et un prochain, afin d'amener des réponses à la hauteur du problème», relève Idris Guessous.

Toutes les personnes touchées peuvent-elles pour autant espérer guérir du Covid Long? Réponse du médecin-chef: «On est au-delà de l'espoir: nous investissons beaucoup d'énergie et de concentration pour trouver des solutions au plus vite. Même si chaque cas est à prendre individuellement, il y a actuellement  des dizaines d'autres essais en cours pour trouver un traitement adapté à toutes les populations de patients».

À terme, Idriss Guessous espère que plusieurs approches thérapeutiques efficaces pourront être mises sur pied: «Evidemment, la phase de tests est longue, mais elle aura le mérite d'aboutir à des solutions reposant sur des bases scientifiques», conclut-il.

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