Quand le Covid est arrivé à LuganoUne soignante se souvient: «C'était comme un tsunami»
evpf, ats
23.1.2025 - 09:21
Maria Pia Pollizzi, directrice du service des soins de la clinique Moncucco à Lugano, était au cœur des événements lorsque le premier patient atteint du coronavirus en Suisse a été hospitalisé. Dans un entretien avec l'agence de presse Keystone-ATS, elle se souvient des premiers jours de la pandémie.
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23.01.2025, 09:21
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Un «déluge d'informations» s'est abattu sur son équipe dans les premières heures et les premiers jours, se rappelle Maria Pia Pollizzi. «C'était comme un tsunami qui nous a submergés».
Extraire l'essentiel des faits en constante évolution et le traduire ensuite en mesures concrètes a été le plus grand défi de ces jours-là. L'incertitude quant aux mesures de protection pesait également sur la soignante. «Nous nous demandions chaque jour si les masques FFP2 étaient bien suffisants».
Cette femme de 52 ans au regard vif raconte qu'elle a travaillé sans relâche pendant les 20 premiers jours de la pandémie. En temps normal, Mme Pollizzi coordonne les interventions aux soins intensifs et porte la responsabilité de divers domaines délicats, en partie dans son bureau. Mais dès le début de la propagation de la pandémie en Suisse le 25 février 2020, «j'ai fait toutes sortes de choses, j'étais la plupart du temps aux soins intensifs et je m'occupais des patients», dit-elle.
Des hôtels pour les frontaliers
En très peu de temps, le service a été «radicalement transformé», passant de sept places de soins intensifs à 40. Les urgences ont également été réorganisées, avec deux entrées: une pour les malades potentiels du Covid et une autre pour toutes les autres urgences.
Pendant les premiers jours, son équipe a travaillé avec un sentiment de malaise, raconte Maria Pia Pollizzi. Les frontières de l'Italie toute proche avaient été fermées et l'hôpital craignait de ne pas pouvoir garder son personnel, en partie d'origine italienne. La direction de l'hôpital avait donc organisé deux hôtels pour héberger les collaborateurs transalpins.
Durant ces premiers jours, de nombreux processus n'étaient pas encore optimaux. «On improvisait et on cherchait des solutions, mais l'adrénaline m'a toujours poussée à aller de l'avant», se souvient la directrice du service des soins.
Son équipe a dû attendre 72 heures le résultat du test du premier patient Covid confirmé en Suisse, car seul un laboratoire de Genève était en mesure d'évaluer les tests. Les échantillons ont été acheminés en Suisse romande par un taxi spécial depuis Lugano.
Un pommier en guise de remerciement
Malgré toutes les difficultés, l'état d'esprit de l'équipe a été bon pendant la première vague de coronavirus, souligne Mme Pollizzi. Pour soutenir les collaborateurs, des groupes d'entraide ont été créés et une salle de repos a offert aux personnes épuisées un bref moment de répit. Une forte confiance s'est établie entre la direction de la clinique et les employés pendant cette période. Elle s'est maintenue jusqu'à aujourd'hui, affirme la responsable du service des soins.
Parallèlement à toutes ces situations éprouvantes, il y a aussi eu des moments d'espoir. Un jeune homme qui avait connu une évolution difficile et qui était resté deux semaines aux soins intensifs a offert un pommier à l'équipe après sa guérison. Celui-ci se trouve aujourd'hui dans le jardin de l'hôpital.
A la question de savoir ce qu'il faudrait améliorer en cas de nouvelle pandémie, Maria Pia Pollizzi répond qu'il est difficile de définir des stratégies dans le vide. La plupart des processus devraient être améliorés sur le moment et sur place. Il est toutefois certain qu'il ne doit plus y avoir de pénurie de matériel comme à l'époque avec les masques.
La spécialiste estime important d'agir à l'école. «Nous avons besoin d'une meilleure formation dans le domaine de la santé», estime-t-elle. «Il est important que les jeunes comprennent ce qu'est exactement la 'grippe' et que le port d'un masque permet de protéger son entourage, même en dehors d'une pandémie», conclut-elle.