Des pratiques vieilles de 5000 ansMédecine chinoise: et si tout était une question d'équilibre?
Valérie Passello
18.11.2024
La médecine traditionnelle chinoise fait partie des thérapies alternatives reconnues en Suisse. Lorsqu'elle est dispensée par des médecins ayant obtenu un titre de spécialiste et disposant dʼune formation postgrade dans ce domaine, elle est remboursée par l'assurance obligatoire des soins. Mais quels sont les grands principes de cette médecine millénaire? Tour d'horizon en 5 points.
Valérie Passello
18.11.2024, 11:41
18.11.2024, 11:42
Valérie Passello
En Occident, on pense que la souffrance est le résultat de la maladie. Pour la médecine traditionnelle chinoise (MTC), au contraire, elle peut en être la cause. Fondée sur des textes datant, pour les plus anciens, d'il y a 5000 ans, l'expérience y tient une part importante. L'expérience humaine, celle de la vie, mais aussi l'observation des cycles de la nature, des astres, du temps qui passe, des saisons et des éléments. Elle propose une approche globale, ne s'arrêtant pas sur un problème de santé en particulier.
Donghua Peng Cordonier
DR
Cet article a été élaboré avec la collaboration de Donghua Peng Cordonier, diplômée de Médecine Chinoise en Chine et titulaire d'un Diplôme Fédéral de Thérapeute acquis en Suisse.
Si elle ne peut en aucun cas se substituer à la médecine conventionnelle, la MTC peut en être un bon complément ou aider là où les solutions de la médecine dite «moderne», semblent manquer. À ce titre, l'Organisation Mondiale de la Santé «reconnaît que la médecine traditionnelle, complémentaire et parallèle offre de nombreux bienfaits». Voici cinq grands principes de la MTC résumés par blue News, avec la collaboration de Donghua Peng Cordonier, thérapeute en Valais.
Le Qi, ou l'énergie vitale
Le Qi (prononcez «Tchi») est l'énergie vitale, à la base de tout. À l'écrit, ce mot est composé de deux idéogrammes qui signifient respectivement «riz» et «énergie». Pour une bonne santé, selon la MTC, l'énergie doit circuler correctement dans notre corps. C'est-à-dire que le Yin (la lune, le féminin) et le Yang (le soleil, masculin) doivent être équilibrés.
Le travail du thérapeute est donc de résoudre les blocages énergétiques ou simplement d'assurer la bonne circulation énergétique des patients. En effet, la MTC ne consiste pas uniquement à résoudre des problèmes, mais peut aussi viser à entretenir une bonne santé.
Différentes pratiques
L'acupuncture est sans doute la pratique la plus connue de la MTC. Elle consiste à stimuler des points énergétiques en y insérant de très fines aiguilles. On dénombre pas moins de 365 points d’acupuncture, situés principalement sur les 14 méridiens du corps (les méridiens sont des lignes virtuelles reliées, pour la plupart, à un organe). Mais il existe bien d'autres méthodes pour traiter les patients.
La phytothérapie tient aussi une part importante dans la MTC: les thérapeutes prescrivent des mélanges de plantes adaptés aux pathologies ou aux problématiques exposées par les patients. On parle là de pharmacopée chinoise.
Le massage thérapeutique Tui Na peut être associé à l'acupuncture pour obtenir de meilleurs résultats.
Le fait de chauffer les parties traitées vise aussi à stimuler la circulation du Qi. Si les thérapeutes utilisent aujourd'hui une lampe chauffante, les pratiques ancestrales consistaient à appliquer des bols chauds sur les zones concernées, à faire brûler des racines d'armoise au-dessus des points d'acupuncture (moxibustion) ou à appliquer des ventouses sur le corps des patients.
La méditation ou le Qi gong (gymnastique traditionnelle) sont des pratiques à portée de chaque patient, qui complètent les autres soins.
Le corps et l'esprit
Pour la MTC, le corps et l'esprit sont indissociables: on parle d'unité de corps et d'esprit. Une mentalité positive aura donc une incidence positive sur l'effet des soins prodigués. À l'inverse, des résultats seront plus difficiles à obtenir chez une personne présentant un mental faible. «Je dis souvent aux patients que nous allons travailler ensemble et qu'il faut du courage et de la patience», témoigne Donghua Peng Cordonier.
Les «organes maîtres»
La MTC accorde aussi une grande importance aux organes du corps humain. Le coeur est sans doute le plus crucial: les textes les plus anciens de la MTC le désignent comme le «maître de la pensée et des émotions». Il est ainsi directement concerné par tout ce qui se dégage de la conscience et de l'esprit. Mais il n'est pas le seul. La MTC identifie cinq Zang, «les organes maîtres»: le coeur, le foie, les poumons, la rate et les reins. Chaque Zang est associé à une zone anatomique, ainsi qu'à une catégorie d'émotions.
«Par exemple, indique Donghua Peng Cordonier, la pensée, la réflexion, les soucis, les pensées obsessionnelles, le surmenage intellectuel ou le manque de sommeil peuvent affecter la rate». Par «rate», on entend ici un grand ensemble de fonctions physiologiques.
La modération: ni trop, ni trop peu
Pour terminer, la MTC se fonde aussi sur un principe de modération en toute chose, relève notre spécialiste: «On compare le coeur-esprit à un cheval. Il vaut mieux le surveiller de près, car il peut facilement s'emporter et partir au galop. Et si c'est le cas, alors il est très difficile de l'arrêter».
En théorie, selon ce principe, on ne devrait jamais déployer trop d'énergie dans tout acte du quotidien, ni laisser déborder nos émotions. «Une joie excessive ou une attitude trop fréquente qui induit cette émotion conduit à un excès d'énergie yang au niveau du coeur. On parle alors de 'feu du coeur'», ajoute Donghua Peng Cordonier.
Le thérapeute observera alors chez son patient de l'agitation, de la difficulté à s'endormir, un pouls rapide, une langue rouge et d'autres signes encore.