EtudeLe risque de suicide est plus élevé chez les hommes: comment le déceler?
uc, ats
28.11.2024 - 08:20
Le suicide concerne davantage les hommes que les femmes. Ceux qui adhèrent aux stéréotypes masculins traditionnels, comme l’autonomie et la force, sont particulièrement vulnérables, selon une étude zurichoise qui livre des pistes pour mieux détecter le risque de suicide spécifiquement masculin.
28.11.2024, 08:20
ATS
Le taux de suicide est deux à quatre fois plus élevé chez les hommes que chez les femmes, y compris en Suisse. Cet écart s’explique notamment par le fait que le risque de suicide est souvent identifié trop tard chez les hommes, a indiqué jeudi le Fonds national suisse (FNS) dans un communiqué.
Mais les hommes ne sont pas tous exposés de la même manière à ce risque. Un groupe de recherche de l’Institut de psychologie de l’Université de Zurich emmené par Andreas Walther a identifié des facteurs socioculturels spécifiques.
L’équipe a recruté près de 500 hommes dans des pays germanophones à l’aide de flyers et d’appels sur les médias sociaux. Les participants ont rempli une série de questionnaires qui ont permis d’identifier, entre autres, des symptômes de dépression, une conformité aux idéologies traditionnelles de la masculinité et des comportements suicidaires.
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Il ressort de l’étude que 13% des participants avaient déjà fait une tentative de suicide, qu’un quart d’entre eux avait reçu un diagnostic de dépression et qu’un cinquième avait déjà suivi une psychothérapie.
«L’évaluation a permis de distinguer trois groupes», explique Lukas Eggenberger, premier auteur de l'étude, cité dans le communiqué. Pour 60% des participants, la conformité aux idéologies traditionnelles de la masculinité ne joue pas un rôle essentiel. Les scientifiques ont désigné ce groupe par le terme égalitaristes.
Environ 15% des participants, qualifiés de joueurs, ont une image de la masculinité qui se manifeste avant tout par une attitude patriarcale. Pour ces hommes, il est important de multiplier les conquêtes et d’être perçu comme hétérosexuel.
Le dernier groupe, les stoïques, représente environ un quart des hommes: ils se conforment largement aux normes traditionnelles, notamment sur les aspects que sont le contrôle des émotions, l’autonomie et la prise de risque, comme la conduite rapide ou la pratique de sports extrêmes. Contrairement au groupe des joueurs, ils n’attachent pas une trop grande importante au statut et aux performances sexuelles.
«Vision en tunnel»
Il ressort des résultats que le groupe des stoïques présente un risque de tentative de suicide plus de deux fois supérieur à celui des égalitaristes ou des joueurs.
Les stoïques, enclins à dissimuler leurs sentiments, s’efforcent de résoudre leurs problèmes tout seuls. Une telle attitude, couplée à une forte propension au risque, peut entraîner une sorte de vision en tunnel, à tel point que le suicide semble parfois la seule issue possible.
Sur la base de ces résultats, l’équipe recommande de développer des interventions ciblées sur le groupe des stoïques. Il faudrait par exemple sensibiliser davantage les professionnels de santé à ces profils. Des scientifiques allemands et américains ont également contribué à cette recherche publiée dans la revue Heliyon.