Charles III attendu aux Samoa Commonwealth: «Soit on nage ensemble, soit on coule chacun de notre côté»

ATS

23.10.2024 - 05:15

Le roi Charles III a quitté mercredi l'Australie en direction des îles Samoa où se tient un sommet des 56 pays membres du Commonwealth, nouvelle occasion pour le souverain d'être confronté au passé colonial britannique.

Le roi Charles III et la reine Camilla de Grande-Bretagne saluent au moment de quitter l'Australie à l'aéroport Kingsford Smith de Sydney mercredi.
Le roi Charles III et la reine Camilla de Grande-Bretagne saluent au moment de quitter l'Australie à l'aéroport Kingsford Smith de Sydney mercredi.
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Le monarque de 75 ans et la reine Camilla ont décollé de l'aéroport de Sydney après une visite de six jours en Australie, réduite en raison de son cancer diagnostiqué il y a huit mois.

Son voyage dans ce pays dont il est chef d'Etat et dont la population est divisée sur l'avenir de la monarchie, a été marqué par les événements protocolaires, avec en conclusion un barbecue géant et une parade navale avec l'emblématique Opéra de Sydney en toile de fond.

Mais il a aussi été donné l'occasion à une vive prise à partie du roi, au Parlement de Canberra: la sénatrice aborigène Lidia Thorpe lui a crié «Rendez-nous nos terres, rendez-nous ce que vous nous avez volé!».

L'Australie a été une colonie britannique pendant plus d'un siècle, au cours duquel des milliers d'Australiens aborigènes ont été tués et des communautés entières déplacées.

Charles III insiste que la monarchie a toujours sa place en Australie. Plus largement, il estime que le Commonwealth, organisation composée à l'origine d'ex-colonies britanniques qui s'est élargie à des pays africains comme le Togo et le Gabon, peut jouer «un rôle important sur la scène internationale».

Le Commonwealth, qui compte 2,5 milliards d'habitants, «présente la diversité nécessaire pour comprendre les problèmes de la planète et la puissance cérébrale et la détermination nécessaires pour formuler des solutions pratiques», a plaidé le souverain avant de prendre la direction d'Apia, la capitale des îles Samoa, à mi-chemin entre la Nouvelle-Zélande et Hawaï.

Océans et colonialisme

C'est la première fois qu'un sommet de l'organisation se tient sur une île du Pacifique.

Les Samoa s'y préparent depuis des mois, avec des villages décorés aux couleurs des pays membres et des bons d'achat en produit alimentaire offerts aux habitants en échange des armes à feu rendues.

Son programme officiel prévoit des discussions sur l'environnement, les systèmes démocratiques, l'économie, la jeunesse, les questions de genre et la transformation numérique.

La secrétaire générale de l'organisation Patricia Scotland espère que le sommet va «souder» ses membres face à «un avenir qui semble pour beaucoup très troublé et complexe».

«Nous avons deux choix: soit on nage ensemble soit on coule chacun de notre côté», assure-t-elle à l'AFP.

Le réchauffement climatique s'annonce comme un thème majeur, avec la montée des océans qui menace directement les îles du Pacifique comme les Samoa, où 70% des 220.000 habitants vivent dans des zones côtières à risque.

Les dirigeants présents doivent adopter pendant la rencontre, qui dure jusqu'à samedi, une déclaration consacrée à la préservation des océans.

Mais le sommet s'annonce également comme une nouvelle occasion de discuter de l'héritage de l'Empire britannique, en particulier lorsque les dirigeants présents devront élire un nouveau secrétaire général censé venir du continent africain.

Les trois candidats pour remplacer Patricia Scotland, en poste depuis 2016, ont tous appelé publiquement au versement de réparations pour le rôle de l'Empire britannique dans l'esclavage et le colonialisme.

Lors du dernier sommet de l'organisation, il y a deux ans, Charles, alors prince héritier, avait exprimé sa «tristesse» pour le passé esclavagiste du Royaume-Uni et avait affirmé que les Etats membres étaient libres d'abandonner la monarchie.

Depuis son accession au trône en septembre 2022, les questions se font de plus en plus pressantes pour le Royaume-Uni comme l'a montré une nouvelle fois la prise à partie de Canberra.

En visite au Kenya il y a un an, le roi avait condamné les «inexcusables» abus coloniaux britanniques, sans toutefois demander pardon.

Un porte-parole du Premier ministre britannique Keir Starmer a assuré que le sujet des réparations n'était pas au programme du sommet.

ATS