Ça commence lundiUn G20 divisé au défi du dialogue à Rio, en attendant Trump
ATS
15.11.2024 - 08:17
Les dirigeants des principales puissances économiques mondiales se retrouvent lundi au sommet du G20 à Rio de Janeiro. L'organisateur de la réunion, le Brésil, espère des avancées sociales, malgré un bloc déchiré par les conflits au Proche-Orient et en Ukraine.
15.11.2024, 08:17
15.11.2024, 08:18
ATS
Le climat est encore alourdi par une attaque manquée survenue mercredi soir à Brasilia devant la cour suprême. La police brésilienne enquête sur un possible «acte terroriste» après qu'un assaillant chargé d'explosifs s'est donné la mort, sans faire de victime.
Il s'agit d'un grand test pour le président brésilien de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, champion du «sud global» et allié prisé des Occidentaux.
C'est un test plus sérieux encore pour un multilatéralisme mal en point, tandis que la réélection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis préfigure un nouveau virage isolationniste et le risque de guerres commerciales à partir de l'an prochain.
La première économie mondiale sera représentée à Rio par le président sortant Joe Biden au crépuscule de son mandat.
Energies fossiles
Ce sommet du G20 a lieu en même temps que la COP29 sur le climat à Bakou, en Azerbaïdjan, au terme d'une année où les crises climatiques ont éprouvé le monde et de manière spectaculaire le Brésil, entre inondations, sécheresse et feux de forêt.
La dernière séance plénière, mardi, portera sur «le développement durable et la transition énergétique». L'an dernier, lors du sommet du G20 en Inde, le groupe s'était prononcé pour un triplement des énergies renouvelables d'ici à 2030, mais sans appeler à la sortie des énergies fossiles.
Le grand absent de ce sommet sera le président russe Vladimir Poutine, qui avait déjà manqué les dernières éditions. Sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale, il a annoncé qu'il ne se rendrait pas à Rio pour éviter de «perturber» les débats. Son ministre des affaires étrangères Sergueï Lavrov fera le déplacement.
Le président chinois Xi Jinping sera, en revanche, présent et jouera même les prolongations, avec une visite d'Etat à Brasilia dans la foulée. La Chine est le premier partenaire commercial du Brésil, et les deux pays ont cherché ensemble, sans succès, à se poser en médiateurs sur le dossier ukrainien.
«L'éléphant dans la pièce»
Ce conflit, ainsi que l'offensive israélienne à Gaza et au Liban, seront dans tous les esprits à Rio.
«Nous sommes en négociation avec tous les pays au sujet des paragraphes sur la géopolitique de la déclaration finale [...] afin que l'on arrive à un langage consensuel sur ces deux sujets», a expliqué Mauricio Lyrio, négociateur en chef de la diplomatie brésilienne pour le G20.
Ces conflits sont «l'éléphant dans la pièce», dit à l'AFP Flavia Loss, spécialiste en relations internationales de l'école de sociologie et politique de São Paulo (FESPSP).
Mais cela ne devrait pas empêcher le Brésil d'"obtenir des consensus» autour de sujets érigés en priorité pour sa présidence du G20, comme la lutte contre la faim ou la taxation des «super-riches», prévoit-elle.
A la tête de la première puissance économique d'Amérique latine, Lula avait donné le ton en mai dernier: «Beaucoup de gens insistent pour diviser le monde entre amis et ennemis, mais les plus vulnérables ne sont pas intéressés par des dichotomies simplistes», avait-il lancé.
Alliance contre la faim
La première séance plénière du sommet de Rio, lundi matin, portera justement sur le lancement officiel de l'"alliance globale contre la faim et la pauvreté», initiative-phare de Lula, ancien ouvrier né dans une famille pauvre.
Cette alliance va rassembler des pays du monde entier et des institutions internationales afin de dégager des moyens financiers pour lutter contre la faim ou répliquer les initiatives qui fonctionnent localement.
Sur la taxation des milliardaires, les pays du G20 s'étaient engagés à «coopérer pour faire en sorte que les personnes très fortunées soient effectivement imposées», à l'issue d'une réunion des grands argentiers du groupe à Rio à la fin juillet. Reste à savoir si les dirigeants reprendront cet engagement à leur compte et dans les mêmes termes.
Le Brésil passera le flambeau de la présidence tournante du G20 à l'Afrique du Sud.