Procès en destitutionYoon Suk Yeol absent: première audience écourtée en Corée du Sud
ATS
14.1.2025 - 06:47
La Cour constitutionnelle sud-coréenne a lancé mardi, avec une audience limitée à quelques minutes, l'examen de la destitution du président Yoon Suk Yeol. Cette procédure doit soit le démettre définitivement pour sa tentative ratée d'imposer la loi martiale soit lui redonner le pouvoir.
Keystone-SDA
14.01.2025, 06:47
ATS
Plus d'un mois après ce coup de force qui a plongé la Corée du Sud dans une grave crise politique, un processus long mais crucial a commencé. La juridiction a jusqu'à la mi-juin pour confirmer ou infirmer la motion adoptée le 14 décembre par l'Assemblée nationale, qui avait suspendu M. Yoon.
La première audience a démarré à 14h00 locales (06h00 suisses). Elle n'a duré que quelques minutes, Yoon Suk Yeol ne s'étant pas présenté, a indiqué à l'AFP un porte-parole de la juridiction.
Craintes pour la sécurité
Les avocats de l'ancien procureur avaient fait part de son intention de venir s'expliquer, mais pas mardi, invoquant des «inquiétudes concernant la sécurité et de potentiels incidents». Quatre autres sessions sont prévues à ce stade: les 16, 21 et 23 janvier, ainsi que le 4 février.
Barricadé depuis des semaines dans sa résidence et menacé d'arrestation, Yoon Suk Yeol, 64 ans, risque son mandat pour avoir essayé sans succès d'imposer la loi martiale le 3 décembre, une mesure choc qu'il avait justifiée par sa volonté de protéger le pays des «forces communistes nord-coréennes» et d'"éliminer les éléments hostiles à l'Etat».
Au sein d'un Parlement cerné par des soldats, un nombre suffisant de députés avait rapidement contrecarré ses plans en votant un texte exigeant la levée de cet état d'exception. Mis sous pression par les élus, des milliers de manifestants prodémocratie et contraint par la Constitution, M. Yoon avait dû obtempérer.
Outre la procédure de destitution, le dirigeant conservateur est visé par plusieurs enquêtes dont une pour «rébellion», un crime passible de la peine de mort. Le Bureau d'enquête sur la corruption des hautes personnalités (CIO), qui centralise les investigations, a échoué à l'appréhender à son domicile le 3 janvier, repoussé par le Service de sécurité présidentiel (PSS) déterminé à le protéger.
Six voix requises
Si au moins six juges de la Cour – sur huit – confirment la destitution, cela déclenchera une nouvelle élection présidentielle dans les 60 jours dans la quatrième économie d'Asie, qui en est à son deuxième président par intérim puis les événements de début décembre. Sinon, M. Yoon, bien que très impopulaire, sera rétabli dans ses fonctions.
«Le dossier de la destitution ne se focalise que sur la loi martiale, donc les faits ne sont pas particulièrement complexes», relève l'avocat Kim Nam-ju, estimant que le processus «ne devrait pas prendre trop longtemps».
L'équipe juridique de Yoon Suk Yeol appelle pour sa part la Cour à utiliser l'intégralité du temps imparti pour étudier le dossier, en particulier ce qui «a conduit à la déclaration de la loi martiale».
Défenses renforcées
En parallèle, le CIO «poursuit ses préparatifs» en vue de sa deuxième tentative d'arrestation, a expliqué mardi un responsable à des journalistes. Afin de ne pas reproduire le fiasco du 3 janvier, l'agence nationale d'investigation, une division de la police, a demandé à des hauts responsables policiers de Séoul d'être prêts à déployer 1000 agents, selon l'agence Yonhap.
En face, la garde de M. Yoon a renforcé les défenses de sa résidence, hérissée de barbelés, alors que des bus en barrent l'entrée.
Une unité de l'armée patrouille à l'extérieur mais ne «sera pas mobilisée pendant l'exécution du mandat», a certifié un porte-parole du ministère de la Défense.
Une arrestation de Yoon Suk Yeol, toujours formellement président en attendant la décision de la Cour constitutionnelle, représenterait une première pour un chef de l'Etat sud-coréen en exercice.