Menace d'une catastrophe Poutine: «L'ennemi a essayé de frapper la centrale nucléaire pendant la nuit»

ATS

22.8.2024 - 20:08

Vladimir Poutine a accusé jeudi l'Ukraine d'avoir tenté de frapper la centrale nucléaire de Koursk, dans la région russe du même nom, en proie depuis deux semaines à une offensive des forces de Kiev et où doit prochainement se rendre le chef de l'AIEA.

«L'ennemi a essayé de frapper la centrale nucléaire pendant la nuit», a affirmé le président russe au cours d'une réunion télévisée avec des membres de son gouvernement et les gouverneurs des régions frontalières de l'Ukraine.
«L'ennemi a essayé de frapper la centrale nucléaire pendant la nuit», a affirmé le président russe au cours d'une réunion télévisée avec des membres de son gouvernement et les gouverneurs des régions frontalières de l'Ukraine.
KEYSTONE

L'Ukraine a lancé depuis le 6 août des milliers de ses soldats à l'assaut de cette région russe frontalière, s'emparant de dizaines de localités et de plusieurs centaines de kilomètres carrés. La centrale nucléaire de Koursk se trouve à une cinquantaine de kilomètres de leurs positions.

«L'ennemi a essayé de frapper la centrale nucléaire pendant la nuit», a affirmé le président russe au cours d'une réunion télévisée avec des membres de son gouvernement et les gouverneurs des régions frontalières de l'Ukraine.

M. Poutine n'a fourni aucun détail ni présenté directement de preuves à ce sujet mais il a assuré que l'Agence internationale de l'énergie atomique (AEIA) avait «été informée» de cette attaque et avait «promis d'envoyer des spécialistes pour évaluer la situation».

Contactée par l'AFP, l'AIEA n'a pas commenté dans l'immédiat.

Menace d'une catastrophe nucléaire

Plus tôt jeudi, un porte-parole de cette agence avait indiqué à l'AFP que son directeur général, Rafael Grossi, allait se rendre «la semaine prochaine» à la centrale nucléaire de Koursk.

Depuis plusieurs jours, Moscou agite la menace d'une catastrophe nucléaire en cas d'attaque de l'armée ukrainienne sur ce site.

Le 9 août, l'AIEA a appelé les deux belligérants à la «retenue maximale afin d'éviter un accident nucléaire».

Zelensky près de la frontière

Depuis le début du conflit, l'AIEA met en garde contre le risque d'une catastrophe, notamment à la centrale nucléaire de Zaporijjia dans le sud de l'Ukraine, occupée depuis mars 2022 par la Russie.

L'administration de la centrale de Koursk avait affirmé en octobre 2023 que celle-ci avait été la cible de trois drones ukrainiens, qui n'avaient toutefois fait ni victimes ni dégâts.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé jeudi s'être rendu dans la région de Soumy, qui fait face à celle de Koursk, de l'autre côté de la frontière, où il s'est entretenu avec le commandant de l'armée ukrainienne, Oleksandre Syrsky.

Il a annoncé la conquête d'une nouvelle localité sur le territoire russe, ce qui porte le total revendiqué à 94, et la capture de nouveaux prisonniers parmi les soldats russes.

130'000 personnes ont fui les combats

L'armée russe a affirmé de son côté continuer à infliger de lourdes pertes aux Ukrainiens dans la région et empêcher leurs tentatives de percée en profondeur.

Depuis le début de l'offensive ukrainienne en Russie, plus de 130'000 personnes ont fui les combats et les bombardements, selon les autorités de la région de Koursk. Au moins 31 civils ont été tués et 143 blessés, d'après l'agence de presse d'Etat TASS.

Signe de la gravité de la situation, les autorités russes ont déclaré jeudi que les cours dans plus de cent écoles seraient organisés à distance à la rentrée.

Dans la région voisine de Briansk, le gouverneur Alexandre Bogomaz a assuré que la situation est «sous contrôle» après une tentative d'incursion d'un groupe de «saboteurs» ukrainiens la veille et des attaques de drones.

Ferry et aérodrome visés

Après avoir été touché par une attaque ukrainienne, un ferry transportant des citernes de carburant a par ailleurs coulé jeudi dans un port russe situé dans le détroit de Kertch, face à la Crimée annexée en 2014, selon les autorités régionales.

Le pont ferro-routier qui relie les deux territoires a lui aussi été pris plusieurs fois pour cible par les forces ukrainiennes, obligeant la Russie à trouver d'autres moyens pour ravitailler la Crimée.

«Nous devons tous comprendre que pour chasser l'occupant de notre pays, nous devons créer autant de problèmes que possible à l'Etat russe sur son territoire», a déclaré le même jour le président Zelensky.

Une source au sein des services de sécurité (SBU) a aussi fait état auprès de l'AFP d'une frappe des forces ukrainiennes contre base aérienne russe à Marinovka, dans la région de Volgograd, à plus de 300 km de la frontière.

Incendie

Le gouverneur de la région russe de Volgograd, Andreï Botcharov, a indiqué que les débris d'un drone ukrainien abattu avaient déclenché un incendie «dans une installation du ministère de la Défense», sans autres détails.

Dans le Donbass, l'Est industriel ukrainien où se concentre toujours l'essentiel des combats, l'armée russe a affirmé s'être emparée d'un nouveau village près du noeud logistique de Pokrovsk, celui de Mejové.

Les soldats russes se trouvent aujourd'hui à une dizaine de kilomètres de Pokrovsk, une ville de 53.000 habitants dont les habitants ont été appelés à évacuer.

L'avancée russe dans ce secteur du front ne semble pas faiblir, contrairement à ce qu'espéraient les autorités ukrainiennes en déclenchant leur opération dans la région de Koursk.

L'Ukraine dit aussi vouloir créer une «zone tampon» en Russie et contraindre Moscou à des négociations de paix «équitables».

ATS