Cap sur l’Elysée Nicolas Sarkozy : un modèle qui donne encore des ailes

AFP

25.10.2024

De retour au gouvernement où ils occupent les postes clés de Matignon et de Beauvau, les Républicains (LR) ont la tentation de préparer la présidentielle sur le modèle de Nicolas Sarkozy qui avait conquis le pouvoir en 2007 à partir de la présidence du parti et depuis le ministère de l'Intérieur.

Les Républicains (LR) ont la tentation de préparer la présidentielle sur le modèle de Nicolas Sarkozy.
Les Républicains (LR) ont la tentation de préparer la présidentielle sur le modèle de Nicolas Sarkozy.
IMAGO/Le Pictorium

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«C'est une aubaine qui donne la possibilité à la droite de se rendre utile au pays», affirme Agnès Evren, porte-parole des sénateurs LR, parti qui a survécu contre toute attente à la dissolution et s'est retrouvé plus miraculeusement encore aux affaires avec Michel Barnier. Une formation contrainte d'agir au plus vite, le gouvernement étant à la merci d'une censure qui pourrait l'empêcher de faire ses preuves.

Les rôles sont distribués: d'un côté, la patron des députés LR Laurent Wauquiez se charge d'une vaste reconstruction express d'un parti en perdition, de l'autre les ministres issus de LR, en première ligne Bruno Retailleau, dont la mission est de démontrer illico l'efficacité de la droite au pouvoir.

«Nous avons besoin que la France de droite se dise qu'avec nous il y aura des résultats, qu'elle voie la différence», affirme l'entourage du ministre de l'Intérieur, ravi par ses gains de notoriété depuis son arrivée au gouvernement.

Avec seulement 47 députés, l'objectif de se positionner pour la présidentielle peut paraître ambitieux, mais il n'échappe à personne à droite que Nicolas Sarkozy avait construit sa conquête de l'Elysée à partir de Beauvau (2005-2007) et à la tête l'UMP (2004-2007).

Deux jambes sur lesquelles Laurent Wauquiez souhaite s'appuyer pour que la droite retrouve le chemin de l'Elysée, près de vingt après sa dernière victoire, l'une régalienne avec des positions fortes sur la sécurité et l'immigration et l'autre qui «revaloriserait le travail».

Un concept proche du «travailler plus, pour gagner plus» de Nicolas Sarkozy, même si Laurent Wauquiez s'empresse de marquer la différence : «aujourd'hui, vous n’avez personne là-dessus», assure-t-il à l'AFP, persuadé que le slogan de l'ancien président doit être remis au goût du jour.

«Notre pays est devenu injuste parce qu’il ne repose plus sur ce qui est quand même le seul facteur de justice dans un système social: la reconnaissance de l'effort et du mérite y compris du plus modeste», assure le patron des députés LR, taclé l'an dernier par l'ancien président qui lui reprochait de jouer «petit bras».

Ce n'est plus cas. De retour à l'Assemblée nationale après la dissolution, prenant informellement la tête d'un parti laissée vacante depuis que son président Eric Ciotti s'est allié au RN aux législatives, Laurent Wauquiez ne cache ni ses intentions de briguer la tête du parti ni ses ambitions élyséennes, renforcées par le retour de LR aux affaires.

«Le couloir est étroit, car le gouvernement n'a pas de majorité», admet un cadre LR, parti qui a finalement choisi de participer au gouvernement comme le préconisait l'ancien président, revenant sur sa position initiale de ne pas rejoindre la macronie.

Ce même responsable ajoute une autre comparaison avec Nicolas Sarkozy: celle de la «rupture», à l'époque avec le gouvernement de Dominique de Villepin, que M. Wauquiez s'efforce de cultiver avec le camp présidentiel.

Wauquiez, Retailleau et...

Mais si Nicolas Sarkozy dirigeait à la fois le parti et le ministère de l'Intérieur, le patron des députés LR partage les responsabilités avec Bruno Retailleau, qui attire les projecteurs depuis sa nomination dans l'équipe Barnier.

«L'appétit vient en mangeant», sourit un dirigeant du parti, sans écarter que le ministre de l'Intérieur se découvre en cours de route des ambitions élyséennes.

Si son entourage rejette immédiatement cette hypothèse en assurant que M. Retailleau «n'a pas le temps d'être là-dedans», il reconnaît que le cercle peut s'avérer «vertueux».

Le cadre LR interrogé refuse de réduire le match à un duel entre Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau, assurant que «sous ses apparences, Michel Barnier a beaucoup d'ambitions» malgré ses 73 ans.

Si cela devait être le cas, le Premier ministre, qui a nié publiquement toute visée sur l'Elysée, serait alors en rupture avec le modèle Sarkozy, qui n'a jamais occupé Matignon.

Le portrait de Michel Barnier

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