Talkie-walkies piégés 9 morts et 100 blessés dans une nouvelle vague d'explosions au Liban

ATS

18.9.2024 - 18:51

Une nouvelle vague d'explosions d'appareils de transmission du Hezbollah a fait mercredi neuf morts et une centaine de blessés à travers le Liban, au lendemain d'une attaque similaire sans précédent imputée à Israël par le mouvement islamiste libanais. Le parti a promis de se venger.

Des personnes en deuil portent les cercueils des personnes décédées le jour précédent dans des explosions de pagers, lors de la procession funéraire dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban, le 18 septembre 2024.
Des personnes en deuil portent les cercueils des personnes décédées le jour précédent dans des explosions de pagers, lors de la procession funéraire dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban, le 18 septembre 2024.
KEYSTONE

Des talkie-walkies ont explosé simultanément dans la banlieue sud de Beyrouth, au moment où se déroulaient les obsèques de quatre membres du Hezbollah tués la veille dans l'explosion de bipeurs, selon une source proche du mouvement libanais et des secouristes. Les explosions ont provoqué la panique, d'après un photographe de l'AFP qui couvrait les funérailles.

Selon les autorités libanaises, neuf personnes ont été tuées et une centaine d'autres blessées dans les explosions survenues également à Saïda (sud) et à Baalbeck (est), où 15 personnes ont été blessées, a indiqué une source hospitalière à l'AFP.

Mardi, des explosions simultanées de bipeurs, un système de radiomessagerie utilisé par le mouvement islamiste pro-iranien, ont fait douze morts, dont deux enfants, et entre 2750 et 2800 blessés, selon un nouveau bilan du ministère libanais de la Santé.

Israël muet

Israël n'a pas commenté ces explosions, quelques heures après l'annonce par ce pays qu'il étendait les objectifs de la guerre contre le Hamas dans la bande de Gaza à sa frontière nord avec le Liban.

Dès le début de la guerre à Gaza en octobre 2023, le Hezbollah a ouvert un front à la frontière avec Israël disant soutenir le Hamas. Depuis, les échanges de tirs meurtriers sont quasi-quotidiens, entraînant le déplacement de dizaines de milliers d'habitants des deux côtés de la frontière.

Le Hezbollah a accusé Israël d'être «entièrement responsable» des explosions des bipeurs, prévenant qu'il allait «recevoir son juste châtiment». Le mouvement libanais, dont le chef doit s'exprimer jeudi, a promis de poursuivre ses opérations de soutien au Hamas palestinien.

Risque d'escalade

Le chef de la diplomatie libanaise Abdallah Bou Habib a déclaré que l'attaque de la veille pourrait être le présage d'une guerre plus large au Moyen-Orient.

Hussein, propriétaire d'un magasin à Tyr, dans le sud du pays, a raconté qu'il était dans son magasin mardi lorsqu'il a entendu une explosion proche. Un homme «est tombé à terre et a commencé à crier. Plus de dix personnes se sont effondrées et personne ne savait ce qui se passait».

A son arrivée à l'hôpital, il a parlé de scènes «indescriptibles». «Une personne avait perdu une main, une autre avait le visage couvert de sang (...) Il y avait du sang partout». L'ambassadeur d'Iran à Beyrouth, Mojtaba Amani, a été blessé, selon la télévision iranienne.

Livraison récente

Le ministère de l'Education libanais, a annoncé mercredi la fermeture des écoles et des universités. Une source proche du Hezbollah a indiqué à l'AFP que «les bipeurs qui ont explosé concernent une cargaison récemment importée par le Hezbollah de 1000 appareils», qui semblent avoir été «piratés à la source».

«D'après les enregistrements vidéo (...), un petit explosif de type plastic a certainement été dissimulé à côté de la batterie (des bipeurs) pour un déclenchement à distance via l'envoi d'un message», a estimé sur X Charles Lister, expert au Middle East Institute.

Pour lui, «le Mossad (service de renseignement extérieur israélien) a infiltré la chaîne d'approvisionnement».

ONU inquiète

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a condamné mercredi les «attaques» aux bipeurs, se disant «extrêmement préoccupé» par la situation. L'ONU a déploré une «escalade extrêmement inquiétante».

Israël a annoncé le même jour sa décision d'étendre les objectifs de la guerre jusqu'à la frontière israélo-libanaise, afin de permettre le retour des déplacés dans le nord d'Israël.

Les principaux objectifs affichés jusqu'à présent étaient la destruction du Hamas au pouvoir à Gaza depuis 2007, et le retour des otages retenus dans le territoire palestinien.

L'armée israélienne a dit mercredi avoir frappé la veille une infrastructure «dans laquelle opéraient des terroristes» à Majdal Selm, dans le sud du Liban, et dans la nuit d'autres «sites» du Hezbollah dans cinq secteurs sud du pays.

«Meilleure chance»

Dans ce contexte explosif, le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, en visite au Caire, a appelé Israël et le Hamas à faire preuve de «volonté politique» pour parvenir à un accord de cessez-le-feu, afin de «faire face à la crise humanitaire à Gaza et aux risques pour la stabilité régionale», après des mois de négociations infructueuses.

Pendant ce temps, la guerre ne connaît pas de répit dans le territoire palestinien assiégé et frappé par une catastrophe humanitaire. Selon la Défense civile de Gaza, au moins cinq personnes ont été tuées mercredi par une frappe aérienne israélienne sur une école transformée en refuge pour déplacés, dans un quartier de l'est de Gaza-ville.

Quatre soldats ont été tués dans des combats mardi à Gaza, a indiqué en outre l'armée, ajoutant que six autres avaient été blessés.

ATS