ExpensionTrump et le Groenland : quid des avis des Européens ?
ATS
8.1.2025 - 19:35
De Paris à Berlin en passant par Bruxelles, les responsables européens ont rembarré mercredi Donald Trump et ses menaces d'annexion du Groenland, territoire autonome du Danemark, le rappelant au respect des frontières internationales.
Moins de deux semaines avant de prêter serment, le milliardaire républicain, qui prend ses fonctions à la Maison Blanche le 20 janvier, a formulé mardi des revendications territoriales sur cette île que son fils, Donald Trump Jr, visitait le même jour en tant que «touriste».
Il a également exprimé des visées expansionnistes sur le canal de Panama.
Les capitales européennes n'ont pas tardé à réagir. De façon inhabituelle, le chancelier allemand Olaf Scholz a convoqué la presse pour une brève allocution à Berlin faisant part d'une «certaine incompréhension» des dirigeants européens face aux affirmations de M. Trump.
Il a rappelé au futur président, sans le nommer, que «le principe de l'inviolabilité des frontières s'applique à tout pays, qu'il soit situé à l'est ou à l'ouest».
«Tout État doit s'y conformer, qu'il s'agisse d'un petit pays, d'un État très puissant ou d'un État très puissant», a ajouté le dirigeant allemand.
«Il s'agit d'un principe fondamental du droit international et d'un élément central de ce que nous appelons les valeurs occidentales – et il ne peut et ne doit pas être remis en question», a-t-il martelé.
Clause de défense
Auparavant, à Paris, le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot avait affirmé qu'il n'était «pas question» que l'Union européenne laisse des pays «s'en prendre à ses frontières souveraines».
La porte-parole du gouvernement français a dénoncé «une forme d'impérialisme». «Plus que jamais, nous devons, avec nos partenaires européens, être conscients, sortir d'une forme de naïveté, se prémunir, se réarmer», a mis en garde Sophie Primas.
A Bruxelles, l'Union européenne a qualifié les menaces d'annexion du Groenland par Donald Trump d'extrêmement «hypothétiques», tout en soulignant son attachement à la souveraineté des Etats.
Les Vingt-Sept Etats membres sont d'autant plus concernés que l'article 42.7 du traité de Lisbonne, clause de défense mutuelle entre les Etats membres de l'UE, s'applique au Groenland, territoire autonome du Danemark, comme l'a rappelé le porte-parole de la Commission européenne Paula Pinho.
«De façon générale, il est évident pour nous que la souveraineté des Etats doit être respectée», a renchéri Anitta Hipper, une de ses collègues, tout en refusant d'évoquer des cas «spécifiques».
Donald Trump avait déjà évoqué l'idée d'acheter le Groenland pendant son premier mandat, s'attirant un sec refus des autorités locales, sans qu'il soit possible de dire si ses nouvelles déclarations relèvent d'un projet sérieux ou de provocations destinées à arracher des concessions.
Appel au calme
Le ministre danois des Affaires étrangères, Lars Lokke Rasmussen, a ainsi appelé à garder la tête froide: «nous devrions tous nous rendre service en ralentissant un peu notre rythme cardiaque».
Il a aussi dit que son pays était ouvert à «un dialogue avec les Américains» sur la manière «dont nous pouvons coopérer» dans l'Arctique.
Le territoire autonome danois, qui cherche à gagner en souveraineté mais reste financièrement dépendant de Copenhague, attise les convoitises pour ses ressources naturelles – bien que la prospection pétrolière et l'exploitation de l'uranium y soient interdits – et pour son importance géostratégique – les Etats-Unis y ayant déjà une base militaire.