Fortes divergencesAprès le triomphe, une grande faiblesse pour Donald Trump ?
AFP
9.1.2025
Depuis sa victoire sans appel, les étoiles s'alignent pour Donald Trump. Mais à deux semaines de son investiture, le président élu devra d'abord resserrer les rangs, avec une courte majorité républicaine pas si unie.
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09.01.2025, 07:15
Gregoire Galley
Face à un camp démocrate toujours abasourdi par la défaite de Kamala Harris en novembre, les républicains semblent faire meilleure figure mais les dissensions internes menacent de frustrer les grandes ambitions du futur président, de l'intransigeante politique anti-immigration aux baisses drastiques d'impôts. Si les barons de la tech se rangent de plus en plus derrière Donald Trump, son propre camp politique commence à bouillir de divergences.
Les élus du parti sont «prêts à se mettre au travail», a néanmoins assuré cette semaine Mike Johnson, le chef républicain de la Chambre des représentants. «Nous avons démarré sur les chapeaux de roues, comme promis», a-t-il encore affirmé à la presse.
C'est avec le sénateurs que le débat est le plus crispé sur la stratégie législative: faut-il adopter le programme de Donald Trump en un seul bloc de lois ou le diviser en une série de mesures séparées?
Cette dernière approche séduit les grandes figures trumpistes qui y voient la façon la plus rapide de remporter une première victoire sur le contrôle aux frontières, thème central de la campagne de Donald Trump, marquée par une rhétorique anti-immigration particulièrement virulente.
Avec une majorité fragile, les républicains de la Chambre des représentants préfèrent la stratégie du tout ou rien, craignant qu'une réforme pour des réductions d'impôts passe à la trappe.
Quant au premier concerné, Donald Trump, il a donné sa préférence pour «un grand et beau projet de loi». «C'est ce que j'ai toujours préféré et et que je préférerai toujours», a-t-il affirmé. Avant de nuancer: «Mais s'il est plus sûr d'en avoir deux, ça va un peu plus vite, parce qu'on peut s'occuper de l'immigration plus tôt».
Et l'équipe Trump doit se dépêcher, car les élections de mi-mandat, les fameux «midterms», se tiendront dans moins de deux ans, avec le risque de perdre le contrôle du Congrès ou de l'une des deux chambres.
D'autant que la liste des batailles à mener est longue, de l'annulation des restrictions imposées par l'actuel président Joe Biden en matière de forage en mer jusqu'aux ambitions de s'emparer de territoires étrangers: le Groenland et le canal de Panama.
Une base républicaine désunie pourrait donc être la plus grande faiblesse de Donald Trump pour son second mandat, a reconnu l'un de ses fervents soutiens, le sénateur de l'Oklahoma Markwayne Mullin, comparant le parti à des chats qu'on voudrait vainement discipliner en troupeau, selon une expression anglo-saxonne ("herding cats"). «Tout le monde va dans des directions différentes», a-t-il ironisé sur Fox News, la chaîne préférée des conservateurs.
Depuis son élection, Donald Trump joue les arbitres en rappelant les élus indisciplinés à l'ordre et menant toutes sortes de tractations en interne depuis Mar-a-Lago, sa résidence en Floride ou, comme il l'appelle, sa «Maison Blanche d'hiver».
C'est d'ailleurs là qu'il a en grande partie réussi à unir autour de lui les géants de la tech, la plupart très critiques lors de son premier mandat mais qui lui font largement les yeux doux depuis la dernière campagne présidentielle.
Un dîner est aussi prévu à sa résidence jeudi avec des gouverneurs républicains parmi les plus indépendants. D'autres élus y sont également attendus samedi. Donald Trump concocte par ailleurs un grand raout pour les républicains du Sénat dans les semaines à venir, selon les médias américains.
Les chefs du groupe démocrate au Congrès se sont de leur côté engagés à travailler avec les républicains sur les réformes qu'ils approuvent mais ne comptent pas leur faciliter la tâche sur le reste.
«Ils sont désormais majoritaires. Ils ont maintenant la responsabilité», a conclu Chuck Schumer, chef de la minorité démocrate au Sénat, lors d'une allocution prononcée dans l'hémicycle. «Le peuple américain et nous-mêmes les garderons à l'oeil.»
Trump revendique sa victoire
Après l'annonce de Fox News, Trump s'est exprimé devant ses électeurs à West Palm Beach pour proclamer sa victoire.