Corée du SudLes enquêteurs recommandent d'inculper le président Yoon
ATS
23.1.2025 - 03:35
Les enquêteurs ont recommandé jeudi que le président sud-coréen Yoon Suk-yeol, suspendu de ses fonctions, soit inculpé pour rébellion et abus de pouvoir. Ils ont remis leurs conclusions au parquet sur sa tentative ratée d'imposer la loi martiale.
Keystone-SDA
23.01.2025, 03:35
23.01.2025, 06:50
ATS
Au terme de 51 jours d'enquête sur ce coup de force, le bureau d'enquête sur la corruption (CIO), l'agence anticorruption, qui centralise les investigations criminelles sur M. Yoon, demande «d'engager des poursuites contre le président en exercice, Yoon Suk-yeol, dans le cadre d'allégations portant notamment sur la conduite d'une rébellion».
Le parquet a désormais onze jours pour décider de lancer ou non des poursuites demandées. La rébellion est un crime passible de la peine de mort.
Le 3 décembre, le dirigeant conservateur a sidéré la Corée du Sud en imposant soudainement la loi martiale et en envoyant l'armée au Parlement pour tenter de le museler. Il a fait marche arrière quelques heures plus tard, à la suite d'un vote des députés réunis en urgence et sous la pression de manifestants.
Placé en détention
Onze jours plus tard, M. Yoon s'est vu confisquer le pouvoir par le Parlement, qui a adopté une motion de destitution contre lui, désormais examinée par la cour constitutionnelle.
Après avoir résisté à une première descente sur mandat des autorités, M. Yoon a été arrêté et placé en détention le 15 janvier. C'est un fait sans précédent pour un chef de l'Etat sud-coréen titulaire, qu'il reste officiellement jusqu'à la décision de la cour constitutionnelle.
Dans les conclusions de son enquête, le CIO a indiqué que M. Yoon avait «abusé de son autorité obligeant les policiers de l'unité de garde de l'Assemblée nationale et les forces de la loi martiale à accomplir des tâches qui dépassaient leurs obligations».
Dans la nuit du 3 décembre, M. Yoon aurait ordonné à l'armée de prendre d'assaut le Parlement et d'empêcher les députés de voter une résolution demandant la levée de la loi martiale. Selon les enquêteurs sud-coréens, M. Yoon a également «entravé l'exercice du droit des législateurs à exiger la levée de la loi martiale».
Se «battre jusqu'au bout»
M. Yoon, lui, dément avoir ordonné à l'armée de «faire sortir» les députés du Parlement pour les empêcher de voter contre la loi martiale.
Son équipe juridique tente de défendre l'idée, selon laquelle, la déclaration de la loi martiale était nécessaire face à une fraude électorale, l'opposition ayant remporté haut la main le scrutin législatif d'avril 2024, avec à la clef une majorité écrasante au Parlement.
En détention provisoire, M. Yoon ne reconnaît pas la légalité de l'enquête criminelle. Il a promis de se «battre jusqu'au bout», haranguant ses soutiens par le biais de lettres transmises via ses avocats.
De son côté, la cour constitutionnelle doit décider d'ici à la mi-juin si elle confirme la destitution du dirigeant conservateur ou si elle le rétablit dans ses fonctions. En cas de destitution, une nouvelle élection présidentielle devra être organisée dans les 60 jours.
La crise qui se prolonge a poussé la banque centrale à abaisser lundi ses prévisions de croissance économique pour 2025, à 1,6%-1,7%. Au quatrième trimestre 2024 déjà, la croissance du PIB de la quatrième économie d'Asie a ralenti à 0,1%, son taux le plus faible de l'année.