La bataille verbale monte d'un cran en France, le président français Emmanuel Macron, dont le parti reste à la peine dans les sondages, ayant alerté d'un risque de «guerre civile» si ses adversaires l'emportaient avant un premier débat télévisé mardi soir.
Cibles désignées du chef de l'Etat, le Rassemblement national et la gauche radicale (LFI) constituent un «danger» pour la France, a asséné lundi le chef de l'Etat au cours d'une nouvelle prise de parole fleuve, dans le podcast «Génération Do It Yourself».
L'extrême droite, en matière d'insécurité, «renvoie les gens ou à une religion ou à une origine», «divise» et «pousse à la guerre civile», a-t-il estimé, tandis que LFI propose selon lui «une forme de communautarisme... un peu électoral», qui renvoie «des gens exclusivement à leur appartenance ou religieuse ou communautaire», et «ça c'est aussi la guerre civile derrière».
Des mots forts qui incarnent la stratégie présidentielle de se présenter comme un rempart face aux «extrêmes», mais qui peinent à convaincre à cinq jours du premier tour des législatives anticipées.
Le camp du président, critiqué de toutes parts pour avoir dissous l'Assemblée nationale après l'échec de ses troupes aux dernières européennes, apparaît de fait comme le plus affaibli des trois blocs en lice (19,5 à 20% d'intentions de vote dans les derniers sondages), même en cas d'alliance avec les Républicains (droite) opposés au RN (7 à 10%).
Guerre civile ? «Un président de la République ne devrait pas dire cela. Moi je souhaite rétablir la sécurité pour tous les Français», a réagi Jordan Bardella (RN), favori des sondages.
Quelques heures plus tôt, le président du RN de 28 ans s'était montré très posé lors d'une longue conférence de presse. «Nous sommes prêts» à gouverner, avait répété celui qui se voit en futur Premier ministre, alors que les sondages créditent son parti de 35,5 à 36% des voix.
France «cristallisée»
Le RN est «le seul mouvement à pouvoir mettre en œuvre dès maintenant et raisonnablement les aspirations» des Français, avait-il encore estimé tout en présentant son programme, dans lequel figure notamment une loi «d'urgence» contre l'immigration pour «supprimer le droit du sol».
Côté Nouveau Front populaire, crédité de 27 à 29,5% des suffrages dans les sondages, le patron de LFI Jean-Luc Mélenchon a accusé Emmanuel Macron de «mettre le feu» en agitant le spectre d'une guerre civile.
Cette coalition de partis traversés par de profondes divergences peine à se trouver un chef de file, M. Mélenchon, personnalité très clivante, étant notamment sous pression pour ne pas s'imposer à Matignon, siège du Premier ministre, en cas de victoire.
Mardi soir, les trois camps s'affronteront à 21H00 (19H00 GMT) lors d'un débat auquel participeront Jordan Bardella, le Premier ministre Gabriel Attal et le coordinateur de La France insoumise Manuel Bompard.
Un premier grand affrontement télévisé dont un cadre macroniste, interrogé par l'AFP, mettait en doute l'impact significatif qu'il pourrait avoir sur son camp.
«Quel débat?», a grincé ce cadre. «Les gens ont déjà choisi, c'est déjà cristallisé. Le débat ne va pas faire évoluer les choses. Peut-être que ça peut jouer sur les abstentionnistes» et «nous être profitable», a-t-il tout de même nuancé.
L'issue du scrutin, entre le spectre du premier gouvernement d'extrême droite de l'histoire du pays, et une Assemblée nationale dominée par trois pôles irréconciliables pour un an minimum, inquiète en France comme à l'étranger, alors que la guerre continue en Ukraine et à Gaza, et à un mois des Jeux olympiques de Paris-2024.
Manifestation en France : "la macronie est finie"
Au moins 250'000 personnes ont défilé en France contre l'extrême droite, en position de force à l’approche des législatives convoquées par le président Emmanuel Macron, alors que la nouvelle coalition de gauche connaît déjà de premières fissures.
17.06.2024