PhilippinesLa vice-présidente accusée d'être le «cerveau» d'un complot pour tuer le président
ATS
25.11.2024 - 11:39
Le ministère philippin de la Justice a qualifié lundi la vice-président Sara Duterte de «cerveau» d'un complot visant à assassiner le président du pays, lui donnant cinq jours pour répondre à une assignation à comparaître.
Keystone-SDA
25.11.2024, 11:39
ATS
Mme Duterte est sommée de s'expliquer après une conférence de presse ce week-end durant laquelle elle a déclaré avoir ordonné que le président Ferdinand Marcos soit tué si elle-même devait être assassinée.
«Le gouvernement prend des mesures pour protéger notre président légalement élu», a assuré lundi le sous-secrétaire à la Justice, Jesse Andres, lors d'une conférence de presse. «Le complot prémédité pour assassiner le président, comme annoncé par le cerveau de son propre aveu, va maintenant avoir des conséquences légales».
Parlant à la presse une heure plus tard, Mme Duterte a affirmé qu'elle prévoyait de répondre à l'assignation à comparaître.
«Je répondrai volontiers aux questions qu'ils veulent poser, mais ils doivent aussi répondre à mes questions, a-t-elle estimé. Nous parlerons simplement, quand j'aurai reçu l'assignation à comparaître».
Dans son premier commentaire public sur l'affaire, le président Marcos a promis de «se défendre» face à une menace qu'il a qualifiée d'"inquiétante».
Destitution
L'alliance Marcos-Duterte, qui avait pris le pouvoir en 2022, s'est effondrée de façon spectaculaire à mesure qu'approchent les élections générales de mi-mandat de l'année prochaine.
Il y a quelques mois, l'ancien président Rodrigo Duterte, père de Sara Duterte, avait accusé M. Marcos d'être un «toxicomane», tandis que ce dernier affirmait le lendemain que la santé de son prédécesseur était défaillante en raison d'une utilisation prolongée de fentanyl, un opioïde. Ni l'un ni l'autre n'ont fourni de preuves de leurs allégations.
Sara Duterte, qui pourrait faire l'objet d'une procédure de destitution, avait déclaré samedi lors d'une conférence de presse émaillée d'injures qu'elle faisait l'objet de menaces d'assassinat, et qu'elle avait ordonné à un membre de son équipe de sécurité de tuer le président si ce complot aboutissait.
Outre le président Marcos, elle a demandé, si elle se «faisait tuer», que soient également assassinés la première dame Liza Araneta-Marcos et le cousin du président Martin Romualdez, président de la Chambre des représentants.
Quelques heures plus tard samedi, le service de communication du palais présidentiel a déclaré avoir transmis «cette menace active au commandement de la sécurité présidentielle pour qu'il prenne immédiatement les mesures qui s'imposent».
«Ce genre de tentative criminelle ne doit pas rester sans réaction», a déclaré lundi le président Marcos. «En tant que pays démocratique, nous devons faire respecter la loi».
«La vice-présidente n'est pas à l'abri de poursuites. Elle peut faire l'objet de toute enquête criminelle ou administrative», a souligné Jesse Andres, ajoutant que la citation à comparaître était en train d'être délivrée.
Il a précisé qu'une chasse à l'homme était en cours pour trouver l'"assassin» présumé engagé par Mme Duterte.
Enquête
Sara Duterte, 46 ans, fille de l'ancien président Rodrigo Duterte (2016-2022), était la colistière du président Marcos durant leur triomphale élection présidentielle de 2022. Constitutionnellement, elle reste son successeur s'il était incapable de terminer son mandat de six ans.
Mais elle fait actuellement l'objet d'une enquête par la Chambre des représentants, présidée par Martin Romualdez.
Selon les observateurs, M. Romualdez et Mme Duterte devraient concourir à la présidentielle de 2028.
La conférence de presse de Mme Duterte de samedi a eu lieu peu après que des responsables de la Chambre avaient menacé de transférer sa cheffe de cabinet Zuleika Lopez – actuellement arrêtée pour outrage – du centre de détention de la chambre basse vers un établissement correctionnel.
Mme Lopez est en détention depuis mercredi, lorsqu'elle avait été convoquée pour ses interférences présumées dans une enquête sur les finances de Mme Duterte.
Les querelles Marcos-Duterte s'étaient intensifiées en juin, provoquant la démission de Sara Duterte de son poste de ministre de l'Education.