Covid-19 Après plus de trois ans, l'OMS lève l'alerte maximale

sn, ats

5.5.2023 - 15:32

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis fin à l'urgence internationale sur le coronavirus. Après plus de trois ans, l'alerte maximale est levée, a annoncé vendredi à Genève le directeur général Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus a déclaré la fin de l'urgence internationale sur le coronavirus (archives),
Le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus a déclaré la fin de l'urgence internationale sur le coronavirus (archives),
KEYSTONE

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«C'est avec espoir que je déclare que l'urgence internationale sur le coronavirus est terminée», a-t-il dit à la presse. Mais après des centaines de millions d'infections et des millions de victimes, il avertit que la vigilance ne doit pas être levée pour autant. Le coronavirus reste une «menace importante pour la santé publique».

Selon M. Tedros, la pandémie a fait au moins 20 millions de victimes, trois fois plus environ que le nombre de décès vérifiés. Il faut désormais passer de l'urgence à la prévention d'une pathologie qui va devenir chronique. Mais en cas de besoin, le directeur général n'hésitera pas à rétablir l'urgence internationale.

En revanche, l'OMS ne déclare pas la fin des pandémies. Celles-ci se terminent lorsque la suivante démarre, a fait remarquer le chef du programme d'urgence à l'organisation, Michael Ryan. Le virus va continuer à se propager pendant longtemps, mais «nous avons le contrôle». «L'urgence internationale est terminée, mais pas le coronavirus», a renchéri l'épidémiologiste Maria Van Kerkhove.

«C'est un moment de célébration», a dit de son côté M. Tedros. Il a rendu hommage aux chercheurs, aux travailleurs de santé, aux gouvernements, mais aussi aux citoyens.

Recommandée par les experts

«Mais c'est aussi un moment de réflexion», a renchéri le directeur général. «Nous devons nous promettre, ainsi qu'à nos enfants et nos petits-enfants, que nous ne referons jamais les mêmes erreurs», a-t-il dit. «Le Covid a changé le monde, il nous a changés», a-t-il ajouté.

Hôpitaux surchargés, nombreuses personnes qui auraient pu être sauvées, féroce bataille pour les vaccins, tout n'a pas été réussi. Au bord des larmes après plus de trois ans d'efforts sans relâche, Mme Van Kerkhove a appelé à ne pas oublier cette situation. «Il y a encore davantage de travail à faire», a-t-elle ajouté. Le coronavirus a aussi permis d'améliorer certaines capacités pour tester et analyser les virus dans certaines régions, notamment en Afrique.

M. Tedros a pris sa décision après une recommandation du comité d'urgence des experts mandatés par l'OMS. Une étape qui n'est pas improvisée mais prête depuis longtemps, ajoute le directeur général.

«Le moment était venu», a affirmé de son côté le président du comité d'urgence, Didier Houssin. Les experts ont atteint un consensus «à 95%» sur cette voie, selon lui. Ils ont suggéré de passer de recommandations provisoires, liées à une pandémie, à des recommandations permanentes, une première dans le cadre du Règlement sanitaire international. Cette approche sera portée par un comité de suivi et va demander plusieurs mois.

Comité de suivi attendu

Selon M. Houssin, il ne faut pas surutiliser l'urgence internationale si elle n'est plus requise. Certes, le virus continue de circuler, mais le nombre de cas et de nouvelles victimes a diminué. Ils ont atteint désormais le niveau qu'ils avaient il y a trois ans. Mais «il est temps de changer d'outils», a insisté le président.

Il faut également désormais anticiper les prochaines pandémies. Le directeur général se dit convaincu que l'annonce de vendredi n'aura pas «d'effet négatif» sur les négociations en cours pour un nouvel instrument international contraignant, attendu pour mai 2024. La communauté internationale doit tirer les enseignements de cette pandémie, a répété le directeur général.

Plusieurs questions divisent largement les Etats membres, comme celle de la propriété intellectuelle, chère à la Suisse. L'inéquité sur l'accès aux vaccins aura constitué l'un des principaux échecs dans la réponse au coronavirus.

Une anticipation indispensable que mentionne aussi le directeur général de la faîtière internationale des entreprises pharmaceutiques (IFPMA), établie à Genève, le Bâlois Thomas Cueni. Vendredi, il a salué une «étape importante» dans la fin de l'urgence internationale. Il retient aussi que la pandémie aura stimulé les collaborations et l'innovation. La réponse aura été possible grâce à des «décennies de recherche». Et d'appeler à préserver «la robustesse de l'écosystème de l'innovation».