Stupeur à DavosLe «mini-Trump» argentin a ruiné en 30 minutes plus de 50 ans d’efforts
blue News NB avec AFP
19.1.2024 - 14:38
Pour son premier déplacement à l'étranger, le nouveau président argentin Javier Milei a fait le show lors du WEF à Davos. Avant de gratifier les leaders mondiaux de son traditionnel «Vive la liberté bordel!», l'ultralibéral s'était lancé cette semaine dans un exposé (d)étonnant.
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19.01.2024, 14:38
19.01.2024, 15:06
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Voyage bref, équipe réduite et agenda serré parce que «j'ai reçu plus de 60 demandes d'entretiens» avait-il déclaré à son arrivée en Suisse.
Surbooké, Milei a finalement mené... deux discussions
La première avec Kristalina Georgieva, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), auquel l'Argentine doit 44 milliards de dollars et la dernière avec le chef de la diplomatie britannique David Cameron pour évoquer les îles Malouines.
Un discours entre stupeur et fascination
Son discours à la tribune du Forum économique mondial a marqué les esprits. L'économiste a tenté d'expliquer pourquoi il plaidait pour une liberté totale.
«L'Etat n'est pas la solution, l'Etat est le problème. Ne vous laissez pas intimider par la classe politique» a-t-il lancé aux entrepreneurs, affirmant que «le monde occidental» était en danger et menacé par le «socialisme».
Avant de pointer du doigt les «agendas féministes radicaux» portés par des ministères des femmes ou encore l'écologie. Javier Milei considère que l'humain n'est pas responsable du changement climatique.
«Le capitalisme est le meilleur moyen pour mettre un terme à la pauvreté extrême dans le monde», a encore ajouté le président.
30 minutes pour 50 ans d’efforts
Partagée entre la stupeur et une certaine fascination, la salle a hésité, puis applaudi la performance de l’acteur qui venait pourtant de ruiner en trente minutes plus de cinquante ans d’efforts du forum économique pour donner forme à un capitalisme inclusif, responsable et bien élevé.
Une lecture «binaire» et surtout «erronée»
«Milei exprime une vision archaïque et manichéenne d'un monde bipolaire qui n'existe plus, une lecture 'hyper-simplifiée' du monde, une idée 'moraliste' de la politique extérieure», diagnostique Florencia Rubiolo, historienne de relations internationales.
Une lecture «binaire» et surtout, «erronée», estime-t-elle. Car «il se peut qu'il obtienne un quelconque avantage de son alignement et du suivisme des Etats-Unis, mais on n'est plus dans les années 90 (...), les Etats-Unis n'ont plus la même marge d'action». Et surtout, «la relation avec le Brésil est de loin la plus importante pour la politique extérieure de l'Argentine».
Un «manque d'expérience et de connaissance»
Milei a, depuis son élection, considérablement modulé les graves et les aigus en matière de diplomatie. Et vendredi encore, à quelques jours de Davos, dans un pur pragmatisme, la cheffe de la diplomatie recevait l'ambassadeur de Chine Wang Wei, avant d'exprimer dans un long communiqué l'intérêt des deux pays pour «renforcer les relations bilatérales», «réactiver les mécanismes de coopération», à l'occasion des dix ans, en 2024, du «Partenariat stratégique global» Chine-Argentine.
Pour autant, dire non à l'adhésion aux Brics, comme le gouvernement Milei l'a officialisé fin décembre, c'est «dire non au Brésil, avant de dire non à la Chine», et en même temps «contradictoire avec le discours d'ouverture au monde» économiquement, relève Rubiolo.
Tout ceci, pour les analystes et plusieurs médias, trahit «un peu d'incompétence», de «manque d'expérience et de connaissance» autour du nouveau président, surgi en politique il y a deux ans à peine avec un nouveau parti, et sans réservoir de cadres ou fonctionnaires aguerris.
«Milei va trouver difficile de passer du simplisme électoral, qui consiste à dire qu'un pays aura Etats-Unis et Israël pour alliés, à une politique extérieure réaliste qui contemple la multiplicité des acteurs et les complexités du contexte», a prédit le quotidien conservateur La Nacion.
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