Conflits au Moyen-Orient «L'axe de la résistance»: une coalition contre Israël et les USA

ATS

2.10.2024 - 22:42

De l'Iran au Liban, en passant par le territoire palestinien de la bande de Gaza, le Yémen, l'Irak et la Syrie, l'«axe de la résistance» réunit des gouvernements et des groupes armés unis dans leur opposition à Israël et aux Etats-Unis.

Le soutien de l'Iran est le principal point commun entre les membres de l'axe et le ciment du groupe (archives).
Le soutien de l'Iran est le principal point commun entre les membres de l'axe et le ciment du groupe (archives).
KEYSTONE

Les acteurs de cette coalition ont lancé ces derniers mois plusieurs attaques contre Israël, dont la dernière en date a été menée mardi par l'Iran, leur chef de file.

Voici ce qu'il faut savoir sur cette alliance, montée en puissance depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque du Hamas le 7 octobre sur le sol israélien.

Qui sont-ils?

L'axe de la résistance est dirigé par l'Iran, qui a commencé à soutenir des acteurs étatiques et non étatiques au Moyen-Orient après la révolution islamique de 1979, et étendu son réseau au fil de décennies.

Son principal atout est le Hezbollah, né dans le sillage de l'invasion israélienne du Liban en 1982. Soutenu par les Gardiens de la révolution, l'armée idéologique de la République islamique d'Iran, le groupe chiite libanais a combattu les troupes israéliennes jusqu'à leur retrait du sud du Liban en 2000 après 22 ans d'occupation.

Le Hamas palestinien a rejoint l'axe après avoir amélioré ses relations avec Téhéran au cours des dernières années. Né en 1987, lors de la première Intifada contre l'occupation israélienne, le mouvement islamiste a pris le pouvoir en 2007 dans la bande de Gaza.

Au Yémen, déchiré par la guerre civile depuis une dizaine d'années, les rebelles houthis qui font face à une coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite, sont entraînés et armés par Téhéran. Ces insurgés, qui contrôlent de larges pan du territoire, sont de farouches opposants à Israël et aux Etats-Unis.

L'Iran soutient également des groupes chiites irakiens créés dans le chaos ayant suivi l'invasion américaine de l'Irak en 2003. Ces groupes, qui font désormais partie de l'appareil sécuritaire irakien, sont hostiles tant à Israël qu'aux Etats-Unis.

Le gouvernement syrien est le seul acteur étatique, hormis l'Iran, à faire partie de l'«axe de la résistance». Le pays abrite aussi plusieurs milices soutenues par l'Iran.

Galvanisés par Gaza

L'«axe de la résistance» s'est mobilisé pour la première fois durant la guerre civile déclenchée en Syrie en 2011 avec l'intervention de l'Iran et du Hezbollah en soutien au régime du président Bachar el-Assad.

L'essor du groupe jihadiste sunnite Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie en 2014 a également poussé Téhéran et le mouvement chiite libanais à soutenir des groupes armés dans ces deux pays.

Mais la guerre à Gaza a cimenté la coordination de ses membres au nom de l'«unité des fronts», une stratégie visant à saturer Israël avec des attaques provenant de plusieurs pays.

Depuis près d'un an, le Hezbollah échange quotidiennement des tirs transfrontaliers avec Israël, ce conflit éclipsant désormais la guerre de Gaza.

Les Houthis ont également lancé plusieurs missiles en direction d'Israël et s'en prennent aux navires qui leurs seraient liés au large du Yémen.

En Irak, des groupes paramilitaires chiites ont formé une alliance appelée «Résistance islamique de l'Irak» qui a également visé Israël, parfois en coordination avec les rebelles yéménites.

Quant à l'Iran, elle a mené deux attaques de missiles contre Israël, la première en avril et la seconde mardi.

Pro-iraniens, anti-impérialistes

Le soutien de l'Iran est le principal point commun entre les membres de l'axe et le ciment du groupe.

«Les composantes du pouvoir militaire et sécuritaire en Iran servent de chaîne d'approvisionnement logistique et organisationnelle à l'axe», explique Arshin Adib-Moghaddam, professeur à la London School of Oriental and African Studies.

Mais le réseau partage aussi une idéologie politique commune, affirme l'experte Amal Saad, sa raison d'être étant «de résister à Israël et à l'hégémonie américaine».

L'axe a souvent été présenté comme un outil d'expansion de l'idéologie islamiste chiite portée par Téhéran et le Hezbollah, mais ses membres incluent le gouvernement laïc baasiste en Syrie, et le Hamas, un groupe sunnite, rappelle cette spécialiste du Hezbollah.

«Ils partagent une identité et un discours anti-impérialiste et anti-sioniste», poursuit-elle.

«Il s'agit d'une alliance politique solide, idéologique et active en temps de guerre (...) La première dans l'histoire a être composée d'acteurs étatiques et non étatiques, mais dans laquelle ces derniers mènent la plupart des combats».

Selon elle, leur objectif commun de détruire l'Etat d'Israël ne repose pas uniquement sur des bases idéologiques, mais aussi sur la menace que représente Israël et ses alliés pour leur propre sécurité.

ATS