Coronavirus L'Allemagne va fermer ses frontières

ATS

15.3.2020 - 20:32

«Les personnes n'ayant pas de raison particulière de venir ne pourront pas entrer» en Allemagne, selon le ministre de l'intérieur Horst Seehofer.
«Les personnes n'ayant pas de raison particulière de venir ne pourront pas entrer» en Allemagne, selon le ministre de l'intérieur Horst Seehofer.
Source: KEYSTONE/GEORGIOS KEFALAS

Le ministre allemand de l'intérieur Horst Seehofer a confirmé dimanche soir que son pays va partiellement fermer ses frontières lundi pour freiner la propagation du coronavirus. Cinq pays sont concernés: la Suisse, la France, l'Autriche, le Danemark et le Luxembourg.

Cette mesure «temporaire» mais non limitée à ce stade dans le temps démarrera lundi à 08h00 locales, a annoncé M. Seehofer lors d'une conférence de presse à Berlin. Seuls les travailleurs transfrontaliers et les transports de marchandises seront autorisés à passer.

«Les personnes n'ayant pas de raison particulière de venir ne pourront pas entrer», a-t-il dit. Les personnes présentant à la frontière des symptômes d'une infection au coronavirus feront l'objet d'une prise en charge spécifique.

Initiative allemande

En parallèle, la France a aussi annoncé une mesure similaire: elle va renforcer les contrôles à la frontière allemande et «limiter les traversées de la frontière au strict nécessaire», selon le ministère de l'Intérieur. Tant les autorités françaises qu'allemandes ont insisté sur le fait qu'il ne s'agissait «pas d'une fermeture» complète et que la décision avait été «concertée».

Il n'empêche que l'initiative semble être surtout venue du côté de l'Allemagne, où le nombre de cas d'infection atteignait dimanche près de 5000 cas, en forte augmentation, pour 12 morts. En France, le bilan est passé dimanche soir à 120 morts pour 5400 cas, selon le ministre de la santé Olivier Véran.

Horst Seehofer a expliqué avoir pris sa décision sur la limitation des entrées en provenance de France après que l'Alsace et la Lorraine eurent été classées comme zones à risque par l'Institut Robert Koch, l'autorité de référence en Allemagne pour la lutte contre les épidémies.

Remous

Cette classification «a suscité des remous» et de l'inquiétude dans les régions allemandes frontalières comme la Sarre et le Bade-Wurtemberg, a admis M. Seehofer. Mais elle aussi été peu appréciée à Paris, où on l'a jugé exagérée.

En outre, une des raisons invoquées par les autorités allemandes pour la réintroduction des contrôles, outre le virus lui-même, est d'éviter que les citoyens des pays frontaliers ne viennent réaliser des achats de masse dans les magasins allemands et y vider les rayons.

La restriction de la circulation ne concerne pas à ce stade les autres pays frontaliers de l'Allemagne, jugés à ce stade moins problématiques, comme les Pays-Bas, la Belgique, la Pologne ou la République tchèque. Ces deux derniers pays ont toutefois déjà fermé leurs propres frontières.

Décision difficile

Le gouvernement allemand s'était refusé jusqu'ici à recourir à l'arme des contrôles aux frontières pour ne pas mettre en danger ce qui reste de l'espace européen Schengen de libre-circulation, déjà bien malmené par la crise migratoire et les conséquences des attentats djihadistes.

Le ministre de l'Intérieur du Bade-Wurtemberg, Thomas Strobl, a jugé désormais inévitable la fermeture partielle de la frontière avec la France, une décision difficile «qui me pèse en tant qu'Européen convaincu». Mais «la protection de la population doit avoir la priorité, il faut ralentir la progression du virus», a-t-il dit.

Berlin a critiqué au passage le peu de réactivité à ses yeux de la Commission européenne pour organiser une réponse coordonnée sur la question des contrôles aux frontières.

«Quand il n'y a pas de solution européenne ce sont les Etats qui prennent eux-même des décisions», a dit M. Seehofer, selon qui Bruxelles doit annoncer lundi des propositions dans ce domaine sur les contrôles aux frontières extérieures de l'UE face au coronavirus.

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