L'armée israélienne a livré dimanche de violentes attaques dans la bande de Gaza et intensifié ses bombardements sur le petit territoire assiégé. Des centaines de milliers de personnes sont acculées dans un périmètre de plus en plus réduit.
Pour le patron de l'agence de l'UNRWA Philippe Lazzarini, "il est difficile de croire que les Palestiniens de Gaza qui sont aujourd'hui déplacés seront autorisés - ou même disposés - à retourner dans leurs maisons détruites dans un avenir proche".
Un enfant blessé dans un bombardement israélien à Khan Younes, dans le sud de la bande de Gaza, où les Palestiniens ont été poussés à se rendre.
Israël continue ses attaques sur Gaza -population civile désespérée - Gallery
Pour le patron de l'agence de l'UNRWA Philippe Lazzarini, "il est difficile de croire que les Palestiniens de Gaza qui sont aujourd'hui déplacés seront autorisés - ou même disposés - à retourner dans leurs maisons détruites dans un avenir proche".
Un enfant blessé dans un bombardement israélien à Khan Younes, dans le sud de la bande de Gaza, où les Palestiniens ont été poussés à se rendre.
Après avoir mis son veto à une résolution de l'ONU appelant à un cessez-le-feu humanitaire, l'allié américain a approuvé «d'urgence» la vente à Israël de près de 14'000 obus équipant les chars Merkava engagés dans l'offensive contre le Hamas.
Malgré un bilan qui ne cesse de s'alourdir à Gaza avec plus de 17'700 morts, en majorité des femmes et des enfants, depuis deux mois selon le Hamas, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé samedi soir que la «juste guerre pour éliminer» le mouvement islamiste palestinien se poursuivrait.
Les présentes hostilités, dernier épisode du très long conflit israélo-palestinien, ont été déclenché après une attaque le 7 octobre par des commandos du Hamas en Israël depuis Gaza, qui a fait 1200 victimes, selon Tel Aviv.
Poussés vers le sud, bombardés au sud
Depuis, Israël bombarde par terre, air et mer l'étroite bande de terre surpeuplée, réduisant en ruines des quartiers entiers et poussant à la fuite environ 1,9 million de Palestiniens, soit 85% des habitants selon l'ONU, vers des zones du sud qui restent elles aussi visées par les bombes.
Tôt dimanche, l'aviation israélienne a mené des «raids très violents» près de Khan Younès (sud), et sur la route vers Rafah (sud), frontalière de l'Egypte, a indiqué le Hamas. De nombreuses bombes ont visé Khan Younès, selon un journaliste de l'AFP.
Au sol, de violentes batailles opposent les soldats aux combattants palestiniens principalement dans la région de Khan Younès, à Jabaliya (nord) et dans la ville de Gaza (nord), selon les deux camps.
Les combattants palestiniens ont continué eux à tirer des roquettes en direction d'Israël, mais l'armée affirme que la grande majorité de ces engins sont interceptés par le système anti-missile israélien.
L'armée a dit avoir «intensifié» ses opérations dans le sud du territoire palestinien. «Nous devons accentuer la pression» sur le Hamas, a soutenu le chef d'état-major Herzi Halevi.
Débordement du conflit en vue
Face à une situation explosive qui fait craindre un débordement du conflit, le patron de l'ONU Antonio Guterres a déploré la «paralysie» des Nations unies et averti que «la situation évolue vers une catastrophe aux implications potentiellement irréversibles» pour les Palestiniens et la région, lors d'un forum au Qatar.
Principal médiateur dans le conflit, le Qatar, où est basé le chef du bureau politique du Hamas Ismaïl Haniyeh, a affirmé que les efforts se poursuivaient pour obtenir une nouvelle trêve et de nouvelles libérations d'otages retenus à Gaza depuis l'attaque du 7 octobre.
Mais «la poursuite des bombardements réduit ces possibilités», a souligné le Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani.
Lors d'une trêve d'une semaine fin novembre, 105 otages, dont 80 Israéliens, ont été relâchés en échange de 240 prisonniers palestiniens incarcérés par Israël. Selon l'armée, 137 otages sont toujours retenus à Gaza sur les quelque 240 enlevés.
Rafah, vaste camp de réfugiés
Avec l'intensification des combats au sol et des frappes aériennes à Gaza, les craintes vont croissant pour la population civile, qui tente désespérément de se protéger.
Au début de son offensive terrestre lancée le 27 octobre, l'armée israélienne a demandé à la population du nord de Gaza de se rendre au sud. Une grande partie des 1,9 million de déplacés se retrouvent acculés surtout à Rafah, transformé en vaste camp de réfugiés.
Ni eau ni nourriture ni protection
L'agence de l'ONU dédiée aux réfugiés palestiniens (UNRWA) a fait état de la propagation de maladies en raison de la surpopulation et des mauvaises conditions sanitaires.
«Près d'un million d'enfants ont été déplacés de force et sont poussés vers le sud, dans des zones minuscules, surpeuplées, sans eau, sans nourriture et sans protection», a indiqué l'Unicef.
«Les restrictions liées à l'acheminent d'une aide vitale à travers la bande de Gaza sont une peine de mort supplémentaire pour les enfants», a-t-elle ajouté.
«Qu'importe où nous allons, la mort nous suit», a lancé l'AFP Souheil Abou Dalfa, 56 ans, dont la maison a été touchée par un obus et le fils blessé.
«Plus une terre pour les Palestiniens»
Pour le patron de l'agence de l'UNRWA Philippe Lazzarini, «il est difficile de croire que les Palestiniens de Gaza qui sont aujourd'hui déplacés seront autorisés – ou même disposés – à retourner dans leurs maisons détruites dans un avenir proche».
«Si cette voie continue (...) Gaza ne sera plus une terre pour les Palestiniens», a-t-il estimé dans le LA Times.
Plus de 250 morts en Cisjordanie
La guerre a aussi fait flamber les violences en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967 par Israël en violation du droit international, où plus de 260 Palestiniens ont été tués par des tirs de soldats ou de colons israéliens, selon l'Autorité palestinienne.
La Cisjordanie est séparée de Gaza par le territoire israélien. En 2005, Israël s'est retiré unilatéralement de Gaza après 38 ans d'occupation. Et depuis 2007, il impose un blocus aérien, maritime et terrestre aux habitants du territoire, avant un siège complet le 9 octobre dernier.
Par ailleurs, dans la nuit, la frégate française Languedoc patrouillant en mer Rouge a abattu deux drones provenant de régions du Yémen contrôlées par les rebelles Houthis, alliés du Hamas, qui menacent de perturber le trafic sur cette voie maritime stratégique.