Criminalité Importantes manifestations de Syriens issus de la minorité alaouite

ATS

25.12.2024 - 22:40

Des milliers de Syriens de la minorité alaouite dont est issu le président déchu Bachar al-Assad ont manifesté mercredi dans plusieurs villes de Syrie après une vidéo montrant une attaque contre un de leurs sanctuaires.

Des combattants rebelles syriens crient des slogans contre le régime Assad dans le quartier de Mazzeh à Damas, mercredi 25 décembre 2024 (AP Photo/Omar Sanadiki).
Des combattants rebelles syriens crient des slogans contre le régime Assad dans le quartier de Mazzeh à Damas, mercredi 25 décembre 2024 (AP Photo/Omar Sanadiki).
KEYSTONE

Keystone-SDA

Le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme, Rami Abdel Rahmane, a déclaré à l'AFP qu'un «manifestant a été tué et cinq autres blessés après que les forces de sécurité à Homs (centre) ont ouvert le feu pour disperser les protestataires».

Il s'agit des premières manifestations d'alaouites depuis le renversement de M. Assad par une coalition de rebelles menée par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), entrée à Damas le 8 décembre après s'être emparée en 11 jours d'une grande partie du pays.

Selon des témoins et l'OSDH, des milliers de Syriens ont manifesté également à Tartous, Banias, Jableh, et Lattaquié dans l'ouest du pays, où est très implantée la communauté alaouite, une branche de l'islam chiite.

A Homs, la police a décrété selon l'agence officielle Sana un couvre-feu nocturne jusqu'à 08h00 (06h00 heure suisse). Les autorités à Jableh ont également annoncé un couvre-feu nocturne.

Vidéo «ancienne»

La colère des alaouites a éclaté après une vidéo circulant sur les réseaux sociaux montrant «une attaque de combattants» contre un sanctuaire dans le quartier de Maysaloon, à Alep (nord), deuxième ville de Syrie, selon l'OSDH. Cinq employés du sanctuaire qui a été incendié ont péri, d'après l'ONG.

A Damas, le ministère de l'Intérieur a assuré que la vidéo était «ancienne» et datait de la prise d'Alep par les rebelles le 1er décembre. «Le but de faire circuler à nouveau de telles images est de semer la discorde parmi le peuple syrien (...)», a-t-il ajouté en accusant des «groupes inconnus» de l'attaque.

Les nouvelles autorités ont multiplié les gestes d'assurance envers toutes les minorités d'un pays traumatisé par la guerre.

A Jableh, les manifestants ont scandé «Alaouites, Sunnites, nous voulons la paix», a indiqué un manifestant, Ali Daoud, à l'AFP. A Lattaquié, les manifestants ont dénoncé «les violations contre la communauté alaouite», selon Ghidak Mayya, manifestant de 30 ans. «Pour le moment nous écoutons les appels au calme (...) Mais la situation peut exploser.»

Nouveau charnier?

Par ailleurs, un secouriste des Casques blancs et un militant ont indiqué mercredi à l'AFP avoir mis au jour un probable charnier renfermant les ossements de détenus emprisonnés par l'ancien pouvoir ou de combattants tués pendant le conflit.

Une équipe de l'AFP a vu sur un terrain vague à une trentaine de kilomètres au nord-est de Damas, des fosses alignées les unes à côté des autres, formant une tranchée de plus d'un mètre de profondeur, chacune recouverte de dalles de béton qui ont été déplacées.

Plusieurs sacs étaient visibles dans une fosse. Dans un sac, une journaliste de l'AFP a vu un crâne humain et des ossements.

«Nous pensons que c'est une fosse commune. Nous avons trouvé un caveau ouvert avec sept sacs remplis d'ossements», a précisé à l'AFP Abdel Rahmane Mawas, un secouriste des Casques blancs.

Depuis le 8 décembre, les nouvelles autorités et les habitants des environs de Damas ont commencé à identifier des sites qui abriteraient des fosses communes.

Un million de pilules de captagon brûlées

Sur un autre plan, les nouvelles autorités syriennes ont mis le feu mercredi à Damas à des quantités importantes de stupéfiants, à des stocks de cannabis, des boîtes de Tramadol et une cinquantaine de petits sacs contenant un million de pilules de captagon, une amphétamine produite à une échelle industrielle sous Assad, selon deux membres des forces de sécurité.

Le pouvoir déchu était connu pour produire du captagon, une amphétamine dérivée d'un médicament censé traiter la narcolepsie ou les troubles du déficit de l'attention, transformant son pays en narco-Etat et inondant les marchés au Moyen-Orient, véritable fléau se déversant en Irak voisin ou dans les pays du Golfe comme l'Arabie saoudite.

Une enquête de l'AFP avait révélé que le captagon avait fait de la Syrie un narco-Etat avec une industrie illégale de plus de dix milliards de dollars (soit environ 8,9 milliards de francs).

Le conflit en Syrie, déclenché en 2011 par la répression brutale de manifestations prodémocratie par le pouvoir déchu, a fait plus d'un demi-million de morts et poussé à la fuite des millions de personnes.