Pour la première fois depuis 2000, les Américains ne connaissent pas mercredi le nom de leur prochain président. Le dépouillement se poursuit dans la majorité des Etats-clés, alors que Donald Trump a revendiqué la victoire contre le démocrate Joe Biden.
Jamais autant d'Américains n'avaient participé à l'élection présidentielle depuis que les femmes ont le droit de vote: 160 millions d'électeurs ont voté, soit une participation estimée à 66,9%, contre 59,2% en 2016, selon le US Elections Project.
Nombre d'Etats ont été débordés par le déluge de bulletins envoyés par correspondance, encouragés en raison de la crise sanitaire. Ouvrir les enveloppes et scanner ces bulletins pourrait dans certaines villes prendre plusieurs jours.
Tension et incertitude
Alors que les deux candidats peuvent encore l'emporter, le président sortant a accentué l'atmosphère de crise en affirmant avoir remporté le scrutin, lors d'une déclaration nocturne à la Maison Blanche.
«Honnêtement, nous avons gagné l'élection», a déclaré Donald Trump, évoquant ensuite une «fraude» sans livrer d'élément concret. «Nous allons aller devant la Cour suprême, nous voulons que tous les votes cessent», a-t-il ajouté, sous-entendant qu'il voulait geler les résultats et exclure les bulletins qui n'ont pas encore été comptés.
«Hier soir j'avais une bonne avance, dans de nombreux Etats-clés», a-t-il encore tweeté. «Puis, un par un, ils ont commencé à disparaître magiquement avec l'apparition et le comptage de bulletins surprise».
Le camp Biden a dénoncé des propos présidentiels «scandaleux» et «sans précédent», assurant être prêt à «combattre» en justice. Joe Biden, 77 ans, qui s'est dit «optimiste» sur l'issue, promet une lutte pour que «chaque bulletin soit compté».
Etats-clés
Le spectre de batailles judiciaires hante désormais la première puissance mondiale. Le nom du président qui prêtera serment le 20 janvier prochain est suspendu aux résultats de plusieurs Etats-clés. Une certitude: la vague démocrate «bleue», espérée par certains dans le camp Biden, n'a pas eu lieu.
Le président sortant a conservé la Floride, faisant mentir de nombreux sondages, ainsi que le Texas, bastion conservateur qui avait un temps semblé menacé, et l'Ohio, remporté depuis 1964 par tous les candidats qui ont aussi accédé à la présidence.
Mais le chemin pour décrocher un second mandat reste étroit: il doit faire table rase et remporter l'essentiel des autres Etats-clés qui avaient contribué à sa victoire de 2016.
Joe Biden disposait lui de plusieurs scénarios pour décrocher la victoire. Il est donné vainqueur dans l'Etat crucial de l'Arizona, remporté par Donald Trump en 2016, et dans le Nevada.
Recomptage demandé dans le Wisconsin
Si cela se confirme, il devra gagner au moins deux ou trois des Etats disputés du Nord industriel (Pennsylvanie, Michigan, Wisconsin) et de l'Est (Géorgie, Caroline du Nord), tous ayant été remportés par Donald Trump il y a quatre ans.
Dans le Michigan, Joe Biden disposait au dernier pointage d'une infime avance sur Donald Trump (49,5% contre 48,9%). Il a aussi pris un très léger avantage sur Donald Trump dans le Wisconsin (49,5% contre 48,8%), au fur et à mesure que les machines comptaient les bulletins arrivés par courrier.
Le président sortant accusait aussi du retard dans le Wisconsin. Son directeur de campagne a indiqué que le milliardaire allait demander un recomptage des votes dans cet Etat. «Le président est dans la marge qui permet de demander un recomptage et nous allons le faire immédiatement», a-t-il ajouté.
En Pennsylvanie, Donald Trump faisait confortablement la course en tête mercredi matin (53,9 contre 44,8%), mais le décompte des nombreux votes par correspondance devrait faire remonter le candidat démocrate.
C'est notamment là que M. Trump voudrait faire intervenir la Cour suprême. En amont du scrutin, elle avait été saisie par les républicains de Pennsylvanie pour empêcher le décompte des bulletins postés avant mardi soir mais qui arriveraient dans les trois jours. La cour avait refusé de se prononcer en urgence mais, si le résultat est serré, elle devra examiner le fond du dossier.
Le Sénat devrait rester républicain
Comme cela était largement anticipé, les démocrates ont gardé le contrôle de la Chambre des représentants. Mais leurs espoirs de faire basculer dans leur camp le Sénat, aujourd'hui contrôlé par les républicains, s'éloignaient mercredi.
Dans tout le pays, le vote s'est déroulé sans incident majeur ni épisodes d'intimidations, comme on le craignait. Les commerces de plusieurs grandes villes s'étaient barricadés en prévision de possibles violences post-électorales.
A Portland, dans le nord-ouest, des manifestants armés de fusils d'assaut ont toutefois brûlé des drapeaux américains et défilé, sans violence.
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