«Il n'a pas du tout changé»Donald Trump voit le monde comme «un plateau de télé-réalité»
AFP
23.10.2024
Le monde est «un plateau de télé-réalité» et l'élection présidentielle américaine un projet de «saison 2»: voilà comment Ramin Setoodeh, journaliste et écrivain, présente Donald Trump, dont il a suivi la métamorphose depuis son émission «The apprentice», succès des années 2000.
AFP
23.10.2024, 16:49
24.10.2024, 14:46
Marjorie Kublun
L'actuel rédacteur en chef adjoint de Variety, magazine culturel américain, a trouvé mercredi une assistance attentive en présentant son livre «Apprentice in Wonderland» ("L'apprenti au pays des merveilles") en conférence au Mipcom, grand rendez-vous mondial de l'audiovisuel à Cannes (sud de la France).
«The apprentice», nom d'un film actuel sur Trump, c'est d'abord un programme de télé-réalité lancé en 2004 aux USA sur la chaîne NBC. Trump, magnat de l'immobilier, y joue son propre rôle, soumettant des candidats à des épreuves à élimination liées au business. Le gagnant se voit proposer un poste de cadre.
C'est à cette époque que Ramin Setoodeh, jeune journaliste, noue ses premiers contacts avec l'entrepreneur.
«La première fois que j'ai appelé son bureau, sa secrétaire me l'a immédiatement passé, je pensais que ce serait plus compliqué et je n'avais même pas eu le temps d'enclencher mon enregistreur!».
Le reporter a ensuite écrit à de nombreuses reprises sur les coulisses du show-TV, couvert les finales, etc..
Cette relation professionnelle au long cours lui a permis d'interviewer «six fois Donald Trump depuis qu'il a quitté la Maison Blanche en 2020». «C'est plus d'interviews que n'importe quel autre journaliste», sourit-il.
«Image fabriquée»
«Ce que j'ai appris en rédigeant ce livre et en passant tout ce temps avec Donald Trump après son départ de la Maison Blanche, c'est qu'il n'avait pas du tout changé par rapport au temps de la télé, en termes de désir de publicité, d'attention, d'intérêt pour les célébrités et de désir d'être une star».
Star, Trump l'a donc été à la télé au début des années 2000 avec «The apprentice».
«J'avais une vingtaine d'années et tous mes amis regardaient, c'était captivant, vous vous voyiez participer à l'émission, davantage que dans ces shows où il faut quitter sa famille et aller sur une île déserte et manger toutes sortes d'insectes», se souvient l'auteur.
Les élections américaines de 2024
L'Amérique élit un nouveau président le 5 novembre. Mais il n'y a pas que le président qui sera élu, il y aura aussi 35 sièges au Sénat, la totalité de la Chambre des représentants ainsi que onze gouverneurs. blue News accompagne la phase chaude du duel pour la Maison Blanche non seulement avec un regard depuis la Suisse, mais aussi avec des reportages en direct des Etats-Unis.
Patrick Semansky/AP/dpa
Trump, avant ce show de NBC, n'était «pas vraiment connu dans l'Amérique moyenne». «C'était une célébrité new-yorkaise qui apparaissait par exemple dans la série "Le Prince de Bel-Air" (avec Will Smith, ndlr), il aimait jouer son propre rôle».
Le succès inaugural de «The apprentice» change tout et la mèche de Trump est désormais connue de tout un pays. Ramin Setoodeh décrit comment ce programme a façonné le «personnage» Trump.
«Il était abrasif dans la salle du conseil d'administration du show. Les gens le percevaient comme quelqu'un d'honnête. Mais tout cela n'est qu'une image fabriquée en salle de montage. Trump est un mirage qui a été créé par la télé-réalité». Trump a l'aura d'un homme d'affaires né, mais l'histoire a montré que son business n'a pas toujours été florissant.
Ramin Setoodeh estime que le candidat Trump aurait d'ailleurs besoin des superviseurs de «The apprentice» pour le rendre meilleur en campagne. «Lors de son premier discours après la tentative d'assassinat, le début est très puissant mais plus il continue et moins il y a d'arc narratif: les gens dans la salle se sont ennuyés».
Son livre établit, comme il le dit, que Donald Trump «est une star de la télé-réalité, pas un politicien». «Il voit le monde comme un plateau de télé-réalité, où il peut obtenir de l'attention et de l'audimat».
«Se représenter à l'élection présidentielle, c'est vouloir une saison 2. Dans sa tête, c'est un peu comme s'il était dans la télé-réalité et que nous ne faisions que regarder».