«Débusquer les ennemis» Décomplexé, tumultueux, vengeur : qu'attendre de Donald Trump ?

AFP

14.1.2025

Il fait miroiter un nouvel «âge d'or» de l'Amérique. Il promet de poursuivre ses opposants et dénonce «l'ennemi de l'intérieur». Donald Trump revient à la Maison Blanche le 20 janvier pour un second mandat qui s'annonce encore plus désinhibé et imprévisible.

Donald Trump reviendra à la Maison Blanche le 20 janvier pour un second mandat.
Donald Trump reviendra à la Maison Blanche le 20 janvier pour un second mandat.
ats

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Si le milliardaire républicain a réussi le comeback politique du siècle, ce n'est pas en changeant de style: des idées simples, répétées à l'envi, sans s'embarrasser des conventions.

«Le caractère de Trump est fondamentalement le même» que lors de son premier mandat, souligne David Greenberg, professeur d'histoire et de journalisme à l'université Rutgers, le décrivant comme «volatil, obstiné, erratique». «Ce à quoi nous pouvons nous attendre, c'est encore plus d'inattendu», résume-t-il pour l'AFP.

Pour Peter Loge, professeur à l'université George Washington, «si vous avez aimé Trump 1, vous aimerez Trump 2». Mais à la différence de son premier mandat entre 2017 et 2021, les gardes-fous semblent fragilisés.

Le Parti républicain a la majorité au Congrès, les médias traversent une crise économique et d'identité, et l'establishment conservateur est acquis à la cause du magnat new-yorkais. «Trump a refaçonné le Parti républicain à son image», estime Jon Rogowski, professeur de sciences politiques à l'université de Chicago.

«Erosion»

Près de 10 ans après son entrée sur la scène politique, le milliardaire a réussi à s'entourer de fidèles et à étouffer les voix dissidentes au sein du camp conservateur. Contrairement à 2016, les «querelles internes au parti ne seront pas un rempart», prédit Jon Rogowski.

Finie également son image de paria, patrons de la tech comme dirigeants étrangers affluent désormais dans sa luxueuse résidence Mar-a-Lago pour s'attirer les faveurs du président élu.

Sa victoire en novembre, comparée à l'échec de 2020, «l'a rendu plus fréquentable auprès d'une palette politique plus large», selon Jon Rogowski.

En même temps, la confiance dans les institutions s'est érodée et David Greenberg s'inquiète d'un potentiel affaiblissement de l'équilibre des pouvoirs au cours des quatre prochaines années, dans un contexte de «guerre contre la bureaucratie» promise par Donald Trump et des alliés comme Elon Musk.

Déjà à l'offensive, le président élu a annoncé la couleur avant même son retour dans le Bureau ovale. Expulsion des plus de 10 millions de migrants en situation irrégulière, droits de douane généralisés, annexion du canal de Panama et du Groenland: la liste des déclarations choc s'allonge quotidiennement. Sans certitude pour autant sur sa volonté d'appliquer ce programme de fond en comble.

«Les gens devraient prendre Trump très au sérieux», assure David Greenberg, même «s'il est souvent difficile de distinguer ce qui doit être pris au sérieux de ce qui ne devrait pas l'être».

Certaines déclarations sont «clairement des provocations rhétoriques», mais d'autres sont «de réelles indications de ses réflexions politiques», ajoute-t-il.

«Débusquer les ennemis»

Outre ces déclarations tonitruantes de politique générale, le thème -- plus personnel -- de la vengeance est lancinant chez Donald Trump. Le républicain s'est insurgé  contre certains opposants qui «devraient aller en prison», contre un «ennemi de l'intérieur» mal défini dont l'armée devrait s'occuper, ou encore contre des journalistes et médias qu'il compte traîner devant les tribunaux. Car l'ex-président n'a jamais digéré sa défaite à la présidentielle de 2020 et continue d'affirmer, sans fondement, que cette élection lui a été volée.

Depuis, il a été poursuivi dans quatre affaires pénales, condamné dans l'une d'entre elles, et veut aujourd'hui utiliser la justice pour son propre compte. «Je ne serais pas surpris que des individus dans son administration soient chargés principalement de débusquer les ennemis», estime Jon Rogowski, même s'il ne s'attend pas à ce que ce soit la priorité absolue.

Mais pour le moment, l'incertitude domine sur ce qui définira ce second mandat. «Nous sommes en pleine tournée de pré-saison», analyse Peter Loge. «Une fois que la saison démarrera pour de bon, les règles du jeu changeront.»

Une chose est sûre, Donald Trump sera, à 78 ans, le plus vieux président à prêter serment, battant Joe Biden de quelques mois. A moins d'un coup de force inouï, la Constitution veut que ce second mandat soit aussi le dernier du milliardaire et le camp républicain aura la tâche difficile de lui trouver un successeur.

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