Corée du SudLe président suspendu refuse un nouvel interrogatoire
ATS
16.1.2025 - 06:56
Le président sud-coréen suspendu Yoon Suk Yeol fait valoir son droit au silence et refuse d'assister à un nouvel interrogatoire prévu jeudi, au lendemain de sa spectaculaire arrestation pour sa tentative manquée d'imposer la loi martiale début décembre, a annoncé son avocat.
Keystone-SDA
16.01.2025, 06:56
ATS
Le dirigeant, devenu le premier chef d'Etat sud-coréen en exercice à être arrêté, doit également s'abstenir de comparaître dans la journée à une audience devant la Cour constitutionnelle dans le cadre de son procès en destitution, selon l'agence Yonhap.
Après une première descente qui avait tourné au fiasco début janvier, des agents du CIO et de la police ont réussi à investir tôt mercredi la résidence où l'ancien procureur star était retranché depuis des semaines dans un quartier huppé de Séoul.
Suspendu par les députés et visé par une enquête pour «rébellion», un crime passible de la peine de mort, Yoon Suk Yeol a été interrogé pendant des heures mercredi, mais il a exercé son droit de garder le silence, avant d'être transféré dans un centre de détention.
Un homme souffrant
Les enquêteurs du Bureau d'enquête sur la corruption (CIO) devaient reprendre l'interrogatoire jeudi à 14H00 locales (06H00 Heure suisse), mais son avocat a indiqué qu'il est «souffrant» et ne pourrait pas être présent, a rapporté l'agence Yonhap.
«Le président Yoon est souffrant et a pleinement expliqué sa position hier, il n'y a plus lieu de l'interroger», a déclaré Yoon Kab-keun à Yonhap, dans une référence apparente à sa décision manifestée mercredi de ne pas répondre aux questions.
Interrogés par l'AFP, les responsables du CIO n'ont pas souhaité commenter ses déclarations. Les autorités tentent d'obtenir un nouveau mandat d'arrêt qui permettrait de le maintenir en détention pendant plus de 48 heures.
Les avocats de M. Yoon ont à l'inverse demandé une révision du mandat d'arrêt qui a été utilisé pour l'arrêter. Yoon Suk Yeol estime avoir agi conformément à la loi et que la procédure intentée à son encontre est «illégale».
L'arrestation du dirigeant conservateur, qui avait été élu en 2022, a été saluée par l'opposition. C'est «le premier pas vers le retour de l'ordre», a estimé Park Chan-dae, chef des députés du Parti démocrate, la principale force de l'opposition.
Retranché
Le 3 décembre dernier, Yoon Seok Yeol a créé la surprise en déclarant la loi martiale, qu'il avait justifiée par sa volonté de protéger le pays des «forces communistes nord-coréennes» et d'"éliminer les éléments hostiles à l'Etat».
Au sein d'un Parlement cerné par des soldats, les députés avaient déjoué ses plans en votant un texte exigeant la levée de cet état d'exception.
Mis sous pression par les élus, des milliers de manifestants prodémocratie et contraint par la Constitution, M. Yoon avait dû obtempérer au bout de quelques heures.
Le dirigeant suspendu, âgé de 64 ans, a ensuite tenté d'échapper à son arrestation pendant des semaines en se retranchant dans son complexe résidentiel, protégé par des membres du Service de sécurité présidentiel (PSS) qui lui étaient restés fidèles.
Face aux enquêteurs, Yoon Seok Yul garde le silence depuis son arrestation. Il a publié sur Facebook un message qu'il affirme avoir écrit alors qu'il était barricadé chez lui, où il répète ses accusations de fraudes électorales et invective de nouveau les forces «hostiles» attaquant la Corée du Sud, faisant allusion à Pyongyang.
Demande de report
Ses partisans ont également refusé d'accepter l'arrestation, scandant «mandat illégal» pendant les heures qu'a duré le face-à-face entre la police et les gardes du président suspendu. Certains se sont allongés sur le sol devant la porte principale de sa résidence.
Dans le cadre d'une enquête parallèle, la Cour constitutionnelle doit décider de valider ou non la motion de destitution contre M. Yoon votée par le Parlement. Si c'est le cas, il perdra officiellement son titre de président et de nouvelles élections devront être organisées dans les 60 jours.
Yoon Suk Yeol avait déjà refusé de comparaître à une première audience mardi et ses avocats ont demandé le report de celle prévue jeudi, selon Yonhap. Le tribunal n'a pas encore répondu à leur demande. Le procès peut se poursuivre en l'absence de M. Yoon, même si la procédure peut durer des mois.