Budget, retraites... Bayrou dévoile son jeu pour éviter la censure

ATS

14.1.2025 - 07:36

Le premier ministre français François Bayrou abat ses cartes mardi, dans sa déclaration de politique générale, sur le budget en même temps que sur les retraites, qui ont fait l'objet d'intenses négociations avec la gauche, pour l'heure sans succès, afin de tenter d'éviter une censure.

La déclaration de politique générale, rédigée par François Bayrou lui-même, aura été précédée par d'intenses négociations qui paraissaient lundi soir dans l'impasse.
La déclaration de politique générale, rédigée par François Bayrou lui-même, aura été précédée par d'intenses négociations qui paraissaient lundi soir dans l'impasse.
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Suspension, gel ou pause? Le vocabulaire de M. Bayrou, par ailleurs agrégé de lettres, sera scruté de près quand il prononcera à 15h00 devant l'Assemblée nationale le traditionnel discours du nouvel arrivant à Matignon.

Ironie du sort, c'est l'ex-Première ministre Elisabeth Borne, auteure de cette réforme contestée des retraites, qui lira en parallèle devant le Sénat le même texte, où pourraient figurer des concessions à sa propre loi, adoptée à l'époque au forceps en utilisant l'article 49.3.

Intenses négociations

La déclaration de politique générale, rédigée par François Bayrou lui-même, aura été précédée par d'intenses négociations qui paraissaient lundi soir dans l'impasse.

Le secrétaire général du PS Pierre Jouvet a déploré l'absence «d'avancée significative» et de «garantie concernant la suspension» de la réforme des retraites réclamée à cor et à cri par la gauche, estimant que François Bayrou s'était fait «rattraper par la patrouille» située «à sa droite».

L'équation reste toujours aussi délicate pour le Premier ministre, engagé dans des tractations avec la gauche non-mélenchoniste, sans pour autant braquer ses alliés Les Républicains et même macronistes, qui haussent le ton face à un possible retour en arrière sur les retraites.

«Inacceptable»

Alors que son prédécesseur Michel Barnier avait tenté en vain d'obtenir une non censure de l'extrême droite, en accédant à plusieurs des demandes du Rassemblement national (RN), M. Bayrou mise cette fois sur la gauche et particulièrement les socialistes pour trouver une voie de passage. Sans les voix des socialistes, la France insoumise et le RN ne peuvent pas renverser le gouvernement.

Toute la journée de lundi, l'exécutif a multiplié les pourparlers. «Ils donnent l'impression de se démener, mais à la fin c'est maigre», a résumé la patronne des écologistes Marine Tondelier. «Je n'ai toujours pas trop d'arguments susceptibles de ne pas voter la censure», a-t-elle ajouté.

Pour M. Jouvet, «au moment où je vous parle, les propositions qui sont sur la table ne sont pas acceptables pour le Parti socialiste». De quoi précipiter le PS dans les bras de la censure, puisqu'une motion sera sans nul doute déposée par les Insoumis mardi, dans la foulée de déclaration de politique générale.

Si, faute de soutien du RN au texte LFI, le gouvernement ne devrait pas tomber dans l'immédiat, l'incapacité de M. Bayrou à rallier le PS jette un doute sur la pérennité de ce gouvernement qui pourrait, comme son prédécesseur, se heurter au mur du vote du budget en cours de négociation.

C'est qui François Bayrou ?

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Sept ans qu'il attendait d'être Premier ministre. François Bayrou, nommé vendredi successeur de Michel Barnier, parvient enfin, à 73 ans, au premier rôle au côté d'Emmanuel Macron, dont il avait grandement contribué à l'élection à l'Elysée.

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