Diplomatie Archives déclassifiées: l'ire de Londres contre Chirac sur l'Irak

ATS

31.12.2024 - 16:43

Des documents déclassifiés par les autorités britanniques publiés mardi montrent à quel point le refus du président français Jacques Chirac en 2003 d'une intervention militaire en Irak avait irrité le Premier ministre Tony Blair et son gouvernement à l'époque.

Des documents déclassifiés par les autorités britanniques publiés mardi montrent à quel point le refus du président français Jacques Chirac en 2003 d'une intervention militaire en Irak avait irrité le Premier ministre Tony Blair et son gouvernement à l'époque.
Des documents déclassifiés par les autorités britanniques publiés mardi montrent à quel point le refus du président français Jacques Chirac en 2003 d'une intervention militaire en Irak avait irrité le Premier ministre Tony Blair et son gouvernement à l'époque.
KEYSTONE

Keystone-SDA

Réuni en urgence le 17 mars 2003, une semaine après l'annonce par Chirac qu'il s'opposerait à une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU ouvrant la voie à une guerre en Irak, le gouvernement britannique estimait que «l'attitude de la France avait sapé le mécanisme de l'Onu destiné à faire respecter la volonté de la communauté internationale», selon un compte-rendu de la réunion.

«Nous avons fait tout notre possible», mais les Français «n'étaient pas prêts à accepter que, si le président irakien Saddam Hussein ne se conformait pas aux obligations fixées par l'ONU, une intervention militaire devait s'ensuivre», avait déclaré Tony Blair, selon les documents dévoilés par les Archives nationales.

Intervention sans mandat de l'Onu

Le Royaume-Uni s'est joint à l'intervention militaire menée par les Etats-Unis contre Saddam Hussein et déclenchée sans mandat de l'Onu le 20 mars 2003, malgré la forte opposition de l'opinion publique britannique.

Le travailliste Tony Blair, tout comme l'administration républicaine du président américain George W. Bush, justifiait cette guerre par la présence alléguée sur le sol irakien d'armes de destruction massive, finalement introuvables.

«Justice, bonne gouvernance et pluralisme»

Selon les archives, le ministre britannique des Affaires étrangères de l'époque, Jack Straw, avait affirmé qu'«un membre du Conseil de sécurité avait torpillé tout le processus». Il accusait Chirac – mort en 2019 -, d'avoir décidé de «créer, par stratégie, un fossé entre la France et le Royaume-Uni».

Lors d'une autre réunion, Straw estimait que Chirac «semblait se positionner (...) afin de devenir le dirigeant d'un camp du monde bipolaire pour lequel il plaidait», par contraste avec un monde dominé par les Etats-Unis.

Le gouvernement britannique se disait quant à lui «motivé par une vision du monde promouvant la justice, la bonne gouvernance et le pluralisme» et jugeait que cela le «distinguait d'autres gouvernements du monde industrialisé».

Menace délibérément exagérée

Mais l'invasion de l'Irak et la guerre qui a suivi ont fortement entamé la popularité de Tony Blair. En 2016, le rapport de la commission d'enquête indépendante Chilcot avait conclu que le Premier ministre avait délibérément exagéré la menace posée par le régime irakien.

Tony Blair avait exprimé «peine, regrets et excuses» après la publication du rapport, mais avait affirmé que la guerre était fondée et que le monde était plus sûr sans l'ex-président irakien Saddam Hussein.