Coronavirus Angela Merkel profite de la crise

ATS

28.3.2020 - 12:58

Angela Merkel redevient très populaire grâce à sa gestion de la pandémie.
Angela Merkel redevient très populaire grâce à sa gestion de la pandémie.
Source: KEYSTONE/EPA/CLEMENS BILAN

Impopulaire et ringardisée par les écologistes il y a encore quelques semaines, la droite conservatrice d'Angela Merkel redevient en vogue à la faveur de la pandémie du coronavirus. Sa bonne gestion est saluée par les Allemands.

Il y a quelques semaines seulement les conservateurs allemands étaient confrontés à une crise interne sans précédent, provoquée par des tiraillements autour du positionnement du mouvement à l'égard de l'extrême droite. Les conservateurs culminent désormais dans les dernières enquêtes à 35% d'intentions de vote.

Le parti démocrate-chrétien (CDU) de la chancelière allemande a fait un bond d'environ 7 points dans le baromètre politique de la chaîne ZDF publié cette semaine, une progression d'un niveau inédit dans l'histoire de cette enquête.

Malgré la propagation de la pandémie, avec environ 4000 nouveaux cas officiellement déclarés chaque jour, l'Allemagne semble en effet à ce stade moins ébranlée que certains de ses voisins européens, avec en particulier un nombre de décès bien inférieur.

Avant-postes

La chancelière, au pouvoir depuis 14 ans, apparaît aux avants-postes. Peu coutumière des grandes envolées, habituée à la discrétion en périodes de crise, au point de se faire parfois accuser d'inertie, elle multiplie cette fois les conférences de presse, égrenant les mesures de confinement jusque dans les moindres détails, dont l'annonce des fermetures des salons de massages et des maisons closes. Et elle allée jusqu'à prononcer un discours inédit à la Nation, suivi par des millions de téléspectateurs.

Mme Merkel n'a pas non plus lésiné sur la communication, apparaissant ainsi dans un supermarché berlinois en train de pousser seule son caddie contenant des bouteilles de vin et un paquet de papier-toilette.

Elle gère le pays en quarantaine

La chancelière s'est aussi attiré la sympathie de ses concitoyens en annonçant se mettre quarantaine chez elle après avoir été en contact avec un médecin testé positif au nouveau coronavirus.

Depuis, à 65 ans, elle continue depuis de gérer le pays par visio-conférence. Elle a confié dans un enregistrement audio vivre difficilement ce confinement et l'absence de contact avec ses ministres et conseillers.

«Malheureusement, le nombre quotidien de nouvelles infections ne nous donne aucune raison de relâcher ou d'assouplir les règles», a-t-elle prévenu samedi matin dans son podcast hebdomadaire.

Report sine die

Cette crise pourrait aussi rebattre les cartes dans la course à la candidature à la succession de Mme Merkel en 2021. Initialement prévue le 25 avril, l'élection d'un nouveau dirigeant conservateur et futur candidat à la chancellerie a été reportée sine die.

Le grand rival de la chancelière centriste, Friedrich Merz, partisan d'un coup de barre à droite, voit son étoile pâlir: son positionnement très libéral en économie n'est pas en adéquation avec la demande des Allemands d'un soutien de l'Etat.

Son adversaire, le modéré Armin Laschet, un dirigeant régional proche de Mme Merkel et soutenu par le populaire ministre de la Santé Jens Spahn, présente un profil plus rassembleur.

L'extrême droite pâlit

Mais c'est le dirigeant bavarois Markus Söder qui réalise une percée dans les enquêtes d'opinion.

A la tête d'une région frappée de plein fouet par le Covid-19, ce colosse est devenu la personnalité la plus populaire après Mme Merkel. Les Allemands saluent notamment la rapidité avec laquelle la Bavière a pris des mesures de confinement.

Les Verts et l'extrême droite Alternative à la peine

Les Verts, dans l'opposition, sont eux victimes de la crise, redescendant sous la barre des 20%. Mais c'est l'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD) qui semble le plus pâtir de la situation. Le parti, miné par une guerre interne avec son aile la plus radicale, est tombé sous la barre des 10%.

Effet de la pandémie de Covid-19, «il y a un retour à des vertus plutôt étrangères à l'AfD: solidarité, fiabilité, prudence, confiance dans le pouvoir et dans l'esprit des Lumières», décrypte samedi un éditorial du Spiegel, craignant toutefois un retour de flamme en cas de crise économique et sociale.

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