Mesure choc France: 7h de travail non payé par an pour renflouer la Sécu?

ATS

21.11.2024 - 08:08

Faire travailler tous les actifs sans rémunération pendant sept heures de plus par an pour renflouer la Sécurité sociale? C'est la mesure choc adoptée mercredi par le Sénat, qui plaide pour cette «contribution de solidarité» censée rapporter 2,5 milliards d'euros chaque année au secteur de l'autonomie.

Le ministre français du Budget et des Comptes publics Laurent Saint-Martin (en bas à gauche) prononce un discours à côté du président du Sénat Gérard Larcher (en haut à droite) lors d'une séance d'examen sénatorial du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2025, au Sénat français à Paris, le 18 novembre 2024. Le gouvernement a alerté sur une hausse potentielle pouvant aller jusqu'à 1,2 milliard d'euros des dépenses de médicaments initialement prévues pour 2024, a-t-on appris de source parlementaire le 18 novembre 2024. (Photo Bertrand GUAY / AFP)
Le ministre français du Budget et des Comptes publics Laurent Saint-Martin (en bas à gauche) prononce un discours à côté du président du Sénat Gérard Larcher (en haut à droite) lors d'une séance d'examen sénatorial du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2025, au Sénat français à Paris, le 18 novembre 2024. Le gouvernement a alerté sur une hausse potentielle pouvant aller jusqu'à 1,2 milliard d'euros des dépenses de médicaments initialement prévues pour 2024, a-t-on appris de source parlementaire le 18 novembre 2024. (Photo Bertrand GUAY / AFP)
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Après des débats nourris dans le cadre du budget de la Sécurité sociale pour 2025, la chambre haute a approuvé à 216 voix contre 119 cette mesure, qui viendrait s'ajouter à la «journée de solidarité» déjà pratiquée et fléchée vers le grand âge et le handicap.

Le gouvernement s'est dit défavorable à cette proposition «à ce stade» mais ouvert pour la «retravailler» avec les partenaires sociaux.

Mesure n'est pas définitive

La mesure n'est pas définitive, loin de là: elle sera débattue la semaine prochaine lors d'une commission mixte paritaire réunissant députés et sénateurs, chargés de trouver un compromis sur ce texte promis au 49.3 lors de son ultime passage à l'Assemblée nationale.

Mais la Haute assemblée et son alliage majoritaire de droite et du centre, soutien précieux du gouvernement de Michel Barnier, a voulu imprimer sa marque sur les débats budgétaires inflammables de l'automne, alors que le gouvernement est en quête de 60 milliards d'euros pour combler le déficit.

«Nous ne faisons pas cette proposition de gaité de coeur», mais «aujourd'hui, il nous faut trouver des moyens» pour «financer le mur du grand âge, le virage domiciliaire et la transformation de nos Ehpad», a insisté la sénatrice centriste Elisabeth Doineau.

Le texte du Sénat fait écho au débat sur la suppression d'un jour férié – une proposition sénatoriale de longue date – mais propose un dispositif plus «souple», qui laisse la main aux partenaires sociaux pour décliner les modalités de mise en place (un jour par an, «dix minutes par semaine», «deux minutes par jour»...).

En contrepartie de cette «contribution de solidarité par le travail» – la formule trouvée par ses créateurs -, les employeurs verraient leur taux de contribution de solidarité pour l'autonomie passer de 0,3% à 0,6%.

La gauche indignée

La gauche s'est indignée face à la proposition, fustigeant par exemple «une sacrée attaque contre le monde ouvrier» selon la sénatrice communiste Cathy Apourceau-Poly, qui a répliqué avec un brin de sarcasme en proposant une «journée de solidarité des dividendes» pour faire contribuer les actionnaires. En vain.

Le ministre des Comptes publics Laurent Saint-Martin a estimé que la réforme ne devait pas être actée ainsi au détour d'un amendement. Mais «que cela puisse être retravaillé avec les partenaires sociaux, je pense que ça peut être une bonne idée», car ce serait «hypocrite de rejeter ce débat d'un revers de main», a-t-il ajouté.

Si le Premier ministre Michel Barnier s'était montré «très réservé» face à la proposition, le ministre de l'Economie Antoine Armand l'avait jugée «intéressante».

ATS