Verdict historique Le couperet tombe aujourd'hui pour les 51 accusés du procès des viols de Mazan

ATS

19.12.2024 - 06:46

Les 51 accusés au procès des viols en série de Mazan iront-ils tous en prison, comme le réclame l'accusation? Ou les juges suivront-ils les avocats de la défense, qui ont plaidé des dizaines d'acquittements? La cour criminelle du Vaucluse rend jeudi matin son verdict, très attendu.

Des membres du collectif féministe « Les Amazones Avignon » collent un message de soutien à Gisele Pelicot en lisant « Justice pour Gisele » dans les rues autour du palais de justice où se déroule le procès du viol de Mazan à Avignon, mercredi 18 décembre 2024. (AP Photo/Lewis Joly)
Des membres du collectif féministe « Les Amazones Avignon » collent un message de soutien à Gisele Pelicot en lisant « Justice pour Gisele » dans les rues autour du palais de justice où se déroule le procès du viol de Mazan à Avignon, mercredi 18 décembre 2024. (AP Photo/Lewis Joly)
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Keystone-SDA

Après trois mois et demi d'audience et trois jours de délibéré, les cinq magistrats de la cour criminelle doivent annoncer à partir de 09h30 le sort qu'ils ont décidé de réserver à ces hommes âgés de 27 à 74 ans, de tous milieux sociaux, venus agresser sexuellement Gisèle Pelicot, préalablement sédatée par son époux d'alors, Dominique, à leur domicile.

La décision, rendue au palais de justice d'Avignon, sera scrutée de près, tant ce procès a provoqué, depuis son ouverture le 2 septembre, une onde de choc, devenant emblématique des questions autour des violences sexistes et sexuelles, de la soumission chimique, du consentement et plus largement des rapports entre hommes et femmes.

20 ans pour Dominique Pelicot

Sauf surprise, le principal accusé, Dominique Pelicot, 72 ans, qui a reconnu avoir drogué pendant une décennie son épouse Gisèle aux anxiolytiques pour la violer et la livrer à des dizaines d'inconnus qu'il recrutait sur internet, devrait écoper de la peine maximale de 20 ans de prison réclamée par le ministère public.

Son avocate, Béatrice Zavarro, espérait encore mercredi que la cour «s'éloigne un petit peu du quantum proposé par l'accusation» et prenne en compte «le parcours de vie pas choisi» de son client, et notamment ces «traumas» qu'il aurait subis durant son enfance, dont un viol à neuf ans.

Acquittements réclamés

La grande inconnue réside dans les peines dont écoperont ses coaccusés, la cour devant nécessairement individualiser ses sanctions, et dans l'acquittement dont pourraient ou non bénéficier certains.

Fin novembre, le ministère public a réclamé 10 à 18 ans de réclusion contre 49 d'entre eux, jugés pour viols aggravés, et quatre ans de prison contre le dernier, seulement poursuivi pour «attouchements» sur Gisèle Pelicot. Ces réquisitions sont plus sévères que la moyenne des condamnations pour viols en France, qui était de 11,1 ans en 2022, selon le ministère de la Justice.

A l'inverse, les avocats de la défense ont formulé une trentaine de demandes d'acquittement pour leurs clients qui, selon eux, ont été «manipulés» par Dominique Pelicot, qu'ils ont qualifié de «monstre», de «loup» ou encore d'"ogre». Ils «n'avaient pas l'intention» de violer son ex-épouse, âgée aujourd'hui de 72 ans, et n'ont dès lors pas commis de crime au sens du code pénal, ont-ils plaidé.

Procès hors norme

Hors norme par sa durée, le nombre d'accusés, mais surtout l'atrocité des faits reprochés, ce procès a déjà marqué l'histoire. Dans les rangs des associations féministes et des parties civiles, l'espoir est grand de le voir faire évoluer les mentalités sur les viols, tentatives de viols et agressions sexuelles déclarés chaque année par plus de 200'000 femmes en France.

Cette affaire aura également permis d'incarner le fléau des victimes d'agressions sexuelles, notamment par l'usage de la soumission chimique, à travers la figure de Gisèle Pelicot, qui de victime anonyme s'est muée au fil des semaines en une icône féministe exhortant les femmes «à ne plus se taire» afin que «la honte change de camp».