Entre critiques et acclamations Un Youtubeur français au sommet de l'Everest - «C'est comme faire le Tour de France en vélo électrique»

blue News NB - AFP

17.9.2024

Avec plus de 17 millions de vues sur YouTube en 48h, 340'000 spectateurs lors d'une séance unique au cinéma et une diffusion prévue sur la chaîne TF1, le documentaire d'un YouTubeur français, Inoxtag, sur son ascension de l'Everest connaît un succès peu commun. «Kaizen» a néanmoins suscité certaines critiques.

Inoxtag fait partie des créateurs de contenus affiliés au groupe Webedia, producteur du documentaire. S'il montre les dégâts du surtourisme, la pollution, ainsi que les risques liés à cette expédition, «Kaizen» a suscité certaines critiques
Inoxtag fait partie des créateurs de contenus affiliés au groupe Webedia, producteur du documentaire. S'il montre les dégâts du surtourisme, la pollution, ainsi que les risques liés à cette expédition, «Kaizen» a suscité certaines critiques
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Mis en ligne le week-end dernier  sur la plateforme détenue par Google, où il est numéro un des tendances, ce film de près de 2h30 intitulé «Kaizen» (terme japonais dont l'une des significations est «changement vers le mieux") a généré plus de 100'000 commentaires, souvent dithyrambiques, et récolté plus de 1,5 million de "j'aime».

De son vrai nom Inès Benazzouz, le YouTubeur de 22 ans aux 20 millions d'abonnés sur les réseaux sociaux ne connaissait ni les techniques ni les codes de l'alpinisme avant de se lancer dans son défi, se soumettant à un entraînement intensif avec un guide, Mathis Dumas.

«Pour une ascension dans l’Himalaya et pour gravir l’Everest, il faut compter environ 50'000 euros par personne. C’est très cher, ce n’est pas rien, a révélé Inoxtag dans « Quotidien ». Le budget de son documentaire s’élèverait à plusieurs millions d’euros.

S'il montre les dégâts du surtourisme, la pollution, ainsi que les risques liés à cette expédition, «Kaizen» a suscité certaines critiques

«Regardez mon nombril, ça ne va pas plus loin...»

Pascal Tournaire, a partagé ses critiques quant au projet d'Inoxtag : « À son annonce, j'avais dit que ça n'avait pas d'intérêt et que c'était une catastrophe, a confié l'alpiniste qui avait gravi l'Everest en 1990. «Après avoir vu le film, je n'ai absolument pas changé d'avis.»

Il souligne, dans les colonnes de «L'Équipe», que l'ascension est à la portée de beaucoup : «Inoxtag a du talent, du charisme, il ne triche pas, mais il faut rappeler qu'un gamin et une gamine de 14 ans, un papy japonais de 83 ans ont aussi réussi à monter là-haut » et conclut en critiquant l'aspect autocentré du film : « Les trois quarts du film, c'est : 'Regardez mon nombril', ça ne va pas plus loin. »

«C'est comme faire le Tour de France en vélo électrique »

Selon lui, le véritable défi réside dans la réalisation de l'ascension sans l'aide d'oxygène : « Lors de mon ascension, j'avais passé cinq nuits à 8'000 m. sans oxygène, j'avais trouvé ça extraordinaire. Avec l'oxygène, au débit max, au sommet de l'Everest, c'est comme si vous n'étiez qu'à 6 000 m... »

Il souligne enfin les propos de l'alpiniste Benjamin Vedrines pour appuyer son point de vue : « Aujourd'hui, gravir l'Everest avec de l'oxygène, c'est comme faire le Tour de France en vélo électrique. »

«L'envie de l'expérience collective»

Preuve que le documentaire touche un public plus large que la sphère d'internet, le groupe de médias privé TF1 a annoncé lundi que «Kaizen» serait disponible sur sa plateforme TF1+ à partir du 28 septembre, avant une diffusion sur la chaîne TF1 le 8 octobre.

Pour un contenu mis en ligne gratuitement, «c'est du jamais vu», a commenté pour l'AFP Nathanaël Karmitz, l'un des dirigeants du distributeur français MK2, vantant «l'envie de l'expérience collective» et un film qui «mérite d'être vu sur grand écran».

Sur X, le journaliste Vincent Manilève s'est «étonné» de ne voir «aucune mention légale de publicité» sur YouTube, «surtout quand on voit à quel point les placements de produits sont omniprésents» dans le documentaire. Celle-ci a depuis été ajoutée.