Vote insolite dans un village français Sans nom jusqu'ici, ils pourraient officialiser «Culs brûlés» 

AFP

30.10.2024

Certains s'en sont lassés, d'autres veulent en faire leur surnom officiel: les habitants du village d'Olley (Meurthe-et-Moselle), surnommés les «Culs brûlés» depuis des siècles, ont jusqu'au 2 novembre pour choisir leur gentilé.

Les

Les "Culs brûlés" d'Olley aux urnes pour se choisir un nom

Surnommés les "Culs brûlés" depuis des siècles, les 200 habitants du village d'Olley (Meurthe-et-Moselle) ont jusqu'au 2 novembre pour choisir leur gentilé.

30.10.2024

AFP

Bizarrerie de l'histoire, Olley, 200 habitants, n'a jamais eu de nom officiel pour désigner ses habitants. A mi-parcours du scrutin, une quarantaine d'habitants avaient voté vendredi pour l'un des huit termes qui pourraient permettre de les désigner d'un nom commun.

Ce sont plusieurs discussions entre les habitants qui les ont conduits à aller à la quête d'un vrai nom, permettant de les identifier. Il y a quelques semaines, un appel à contributions a été lancé afin que les habitants proposent des gentilés, puis ils ont été soumis au vote.

Il en reste huit: des classiques comme «Olleysiens» «Olleygeois», «Ollesien», «Ollois»; d'autres créatifs comme «Olleyon», «Olleumien» et «Olleyjoie», toujours avec leur version féminine, ainsi que «Culs brûlés», leur surnom historique, qui fait sourire certains et en hérisse d'autres.

D'autres appellations comme «Olley mains» ou «Olley coeurs» n'ont pas été retenues.

«Culs brûlés», voisins des «Culs gelés»

«A voté!» sourit Anastasia Giuliani en déposant dans l'urne son petit papier plié. Cette nouvelle habitante d'Olley, âgée de 38 ans, se réjouit du «super accueil» à son arrivée dans la commune de pouvoir «choisir notre gentilé». Elle et son mari David ont opté, avec un certain plaisir dans les yeux, pour le choix numéro sept: «Culs brûlés».

«C'est assez original et ça retrace un peu l'histoire du passé d'Olley», justifie Madame. «C'est une force de pouvoir dire que nous, on est des Culs brûlés, de le dire fièrement», renchérit son mari. Le surnom remonterait à plusieurs siècles, sans que l'on en connaisse vraiment l'origine.

Il pourrait provenir des «exactions commises par les Suédois pendant la guerre de Trente ans» (1618-1648) ou bien du fait que les habitants ont, à un moment de leur histoire, «peut-être vendu une huile qui n'était pas très estimée» dans le secteur, explique à l'AFP Kévin Goeuriot, historien de la Lorraine.

Et le maire d'Olley, David Buono, de préciser que des habitants d'une commune à des kilomètres de là ont contacté la mairie pour indiquer qu'eux étaient surnommés... les «Culs gelés».

Electeurs à 10 ans

Une autre habitante, venue récupérer son livret de famille en mairie avec son nouveau-né d'un mois, en a profité pour voter. Elle a choisi la première proposition: «Olleysien, Olleysienne», pour «avoir un nom commun».

Outre ce souhait d'identité commune, «c'était surtout aussi une façon de remobiliser les gens du village autour d'un projet commun qui est plutôt léger et qui peut embarquer tout le monde», sourit Marie-Claire Donnen, première adjointe au maire.

Tous les habitants peuvent voter à partir de 10 ans, ce qui offre une première idée de la démocratie aux adolescents. «Une communauté villageoise, elle est avec tous ses habitants», insiste Mme Donnen. «A partir de 10 ans, ils vont à l'école, ils font partie intégrante de la vie du village, donc c'était important de les inclure dans ce processus de choix».

Une habitante, qui souhaite garder l'anonymat, explique avoir pensé à la jeunesse avant de voter: elle a ainsi boudé le surnom de «Culs brûlés» pour soutenir un terme plus classique, afin que les enfants d'Olley ne soient plus moqués dans la cour de récréation par d'autres, l'école n'étant pas au village.

Le vote n'est pas soumis à grande procédure, ni même déclaré en préfecture. Pour Mme Donnen, il offre surtout une «belle parenthèse» dans une période où «l'actualité est compliquée» et où certes, «les inquiétudes des uns et des autres sont peut-être à mille lieues de ça».

mlx/bar/rhl

© Agence France-Presse