«Caractère prédateur» Procès explosif : un arnaqueur multirécidiviste jugé pour viols en France

AFP

22.1.2025

La cour criminelle du Tarn se penche vendredi, à Albi, et jusqu'au 29 janvier, sur le cas de Tony Peillon, arnaqueur multirécidiviste de 29 ans, accusé de viol par cinq femmes et d'agressions sexuelles par une sixième.

Tony Peillon, arnaqueur multirécidiviste de 29 ans, est accusé de viol par cinq femmes (image d’illustration).
Tony Peillon, arnaqueur multirécidiviste de 29 ans, est accusé de viol par cinq femmes (image d’illustration).
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La quantité de faux noms qu'il a engloutis, les nombreuses vies qu'il s'est inventé, de faux pilote de moto à styliste de haute couture, lui ont vite valu d'être surnommé par la presse locale le «Rocancourt du Tarn», en référence à Christophe Rocancourt, célèbre pour avoir arnaqué des stars françaises et américaines.

Mais ces années de duplicité l'ont rattrapé lorsqu'une des victimes de ses escroqueries, entendue par les enquêteurs, a révélé qu'il l'avait également violée.

Depuis, cinq autres victimes présumées de viols ou agressions sexuelles ont été identifiées. Les faits auraient été commis entre fin 2015 et début 2021, à Rennes (Ille-et-Vilaine), Albi (Tarn) et Narbonne (Aude).

Ces femmes «ont été dupées par les différentes histoires que M. Peillon avait inventées», a indiqué à l'AFP Quentin Blanchet Magon, avocat de deux victimes. Il leur aurait subtilisé de l'argent, et même un chien pour l'une d'entre elles. Puis, en plus de les avoir arnaquées, «a profité d'elles».

«Etat second»

Les témoignages des victimes présumées devant les enquêteurs laissent entrevoir des situations très similaires: l'accusé aurait trouvé un moyen de dormir avec elles ou dans la même pièce, prétextant par exemple l'heure tardive voire le fait d'être sans abri, avant de passer à l'acte.

«Toutes font état de ce qu'elles se sont réveillées dans un état second et ont découvert qu'il était en train de procéder à des pénétrations ou des agressions sexuelles», décrit Me Blanchet Magon. Une des victimes indique s'être vue imposer une relation non consentie. Un mois plus tard, une autre réalise être enceinte et doit avorter.

Face aux soupçons qu'elles aient pu être droguées, les analyses toxicologiques n'ont pas décelé de GHB, la «drogue du violeur», dans leur organisme.

Tony Peillon assure être innocent. «Il ne nie pas avoir connu la plupart des victimes, d'ailleurs, pour la plupart, il ne nie pas non plus l'existence de relations (sexuelles), mais qui sont consenties», affirme à l'AFP l'un de ses deux avocats, Baptiste Bourqueney.

Lors de l'instruction, le jeune homme a allégué à plusieurs reprises que les victimes présumées, furieuses qu'il les ait flouées, s'étaient liguées contre lui pour inventer de fausses accusations.

Une explication que les investigations n'ont pas permis de corroborer, selon des documents judiciaires consultés par l'AFP.

«Prédateur»

Tony Peillon est né en 1996 à Bangkok, en Thaïlande, abandonné très jeune avant d'être adopté à l'âge de 3 ans par un couple français. Ses parents adoptifs divorcent lorsqu'il a environ 16 ans. Puis il quitte le domicile familial à 18 ans lorsque sa petite-amie tombe enceinte, mais celle-ci finit par le rejeter. Il dit n'avoir jamais vu son fils.

S'ensuit une première condamnation, le 18 septembre 2014, puis sept autres jusqu'en mars 2021, pour les arnaques et des infractions routières. En février 2022, il rejoint l'Ukraine pour, explique-t-il aux enquêteurs, monter un poste médical avancé d'où lancer des missions humanitaires. Selon le Parisien, il endosse en réalité une nouvelle identité d'ancien des forces spéciales et escroque les bénévoles qu'il a rejoints à hauteur de 6.000 euros. Il est incarcéré à son retour en France, en mars de la même année.

L'expert psychiatre mandaté par la justice a décelé chez lui un «caractère prédateur», ainsi qu'une «tendance à abuser de la séduction, la manipulation, voire l'emprise».

Or, les victimes présumées présentaient «chacune des fragilités, une certaine immaturité voire une vulnérabilité», assure l'accusation. Deux d'entre elles venaient de subir des ruptures amoureuses, dont l'une était sous anxiolytiques. Selon les expertises psychiatriques, plusieurs présentaient des signes d'immaturité, de trouble de l'attachement ou encore un fort sentiment d'infériorité. Tony Peillon encourt jusqu'à 15 ans de réclusion criminelle.