Féminicide en France L'ex-petit ami d'une ado poignardée et brûlée vive face à ses juges

ATS

5.6.2023 - 11:16

Le meurtre en 2019 de la jeune Shaïna, poignardée et brûlée vive à l'âge de 15 ans, avait suscité l'émoi en France: le procès de son ex-petit ami, jugé pour assassinat et lui aussi mineur au moment des faits, s'est ouvert lundi à Beauvais dans le Nord du pays.

Seul accusé dans cette affaire, il comparaît jusqu'à vendredi devant une cour d'assises des mineurs. «Il hurle son innocence», a déclaré son avocat, Me Adel Fares, avant l'audience qui devrait se poursuivre à huis clos.
Seul accusé dans cette affaire, il comparaît jusqu'à vendredi devant une cour d'assises des mineurs. «Il hurle son innocence», a déclaré son avocat, Me Adel Fares, avant l'audience qui devrait se poursuivre à huis clos.
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5.6.2023 - 11:16

La mort de cette adolescente, enceinte de quelques semaines au moment de son supplice et victime d'agressions sexuelles deux ans auparavant, avait fait écho au nombre grandissant de féminicides en France, qui met régulièrement le gouvernement sous pression.

Le 27 octobre 2019, le corps de Shaïna avait été découvert presque entièrement calciné et lardé d'une quinzaine de coups de couteau, dans un cabanon de sa cité de Creil au nord de Paris.

«Il hurle son innocence»

Les soupçons se sont rapidement portés sur le garçon de 17 ans avec lequel elle entretenait une liaison. Seul accusé dans cette affaire, il comparaît jusqu'à vendredi devant une cour d'assises des mineurs. «Il hurle son innocence», a déclaré son avocat, Me Adel Fares, avant l'audience qui devrait se poursuivre à huis clos.

Plusieurs éléments pèsent à son encontre. Un de ses amis raconte ainsi que l'accusé lui aurait confié le soir des faits avoir donné rendez-vous à Shaïna pour la tuer. Le mobile pourrait être lié au refus de la jeune femme d'avorter.

Un de ses codétenus l'aurait entendu «dire fièrement» qu'il avait «tué sa copine, qui était 'une pute'», voulant éviter que sa famille ne l'apprenne.

«Long calvaire»

La mort de Shaïna avait été «le point culminant d'un long calvaire», selon l'avocate de sa famille Me Negar Haeri. Deux ans avant d'être tuée, l'adolescente avait été victime d'agressions sexuelles pour lesquelles quatre autres jeunes de sa cité ont vu leurs peines aggravées en appel jeudi, de six mois à deux ans de prison avec sursis.

Violentée dans une clinique désaffectée où son petit ami d'alors l'avait entraînée, Shaïna avait été filmée par ses agresseurs et la diffusion de la vidéo sur Snapchat l'avait exposée à un «dénigrement grandissant» selon Me Haeri: Shaïna a été traitée «comme une chose, avec qui on couche, mais qu'on peut supprimer».

Lundi, à l'appel du frère ainé de la victime, des dizaines de personnes se sont rassemblées devant le tribunal pour que «justice soit rendue» à Shaïna.

Le nombre de féminicides a augmenté de 20% en France en 2021 par rapport à l'année précédente, avec 122 femmes tuées par leur conjoint ou ex-conjoint.

ATS