Thérapie, diable et crise de foi «Panique satanique» dans l'Oberland bernois

phi/ trad.

14.6.2023

Les victimes d'abus profondément religieuses associent parfois leur souffrance à la croyance qu'elles ont été reprogrammées par des adorateurs du diable. Si la thérapie s'en mêle, cela pose des problèmes, préviennent les experts.

«THE EXORCIST», de gauche à droite : Geena Davis, Alfonso Herrera dans« Chapter Ten : Three Rooms» Saison 1, épisode 10. (image d'illustration)
«THE EXORCIST», de gauche à droite : Geena Davis, Alfonso Herrera dans« Chapter Ten : Three Rooms» Saison 1, épisode 10. (image d'illustration)
imago images/Everett Collection

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La «panique satanique» se propage dans les milieux profondément religieux en Suisse, rapporte la SRF : on entend par là la croyance selon laquelle les personnes sont contrôlées ou programmées dans leur pensée ultérieure par des rituels violents d'adorateurs du diable.

Ce phénomène s'observe chez des victimes d'abus qui en ont gardé des séquelles psychiques. Cela devient un problème si leur thérapie ne prend pas ses distances.

Le pasteur Paul Veraguth, notamment, croit que les femmes peuvent être abusées rituellement et ainsi être reprogrammées en «épouses du diable». Veraguth a autrefois travaillé pour l'église réformée de Wattenwil et exerce désormais une activité d'aumônier.

Il dirige un groupe d'entraide et s'est occupé jusqu'à présent d'une douzaine de femmes, toutes très croyantes. «Je travaille avec les prières et Dieu», explique-t-il à la SRF. Il aurait également déjà aidé une femme à changer de nom, ce qui nécessite une expertise médicale.

La fable du diable n'aide pas

C'est ainsi que se mêlent les croyances, les classifications médicales et le travail des autorités, s'étonne la SRF. Psychiatre légiste, Thomas Knecht est aussi interpellé: «Cela peut être bénéfique de se sentir un peu déchargé de sa propre responsabilité. Mais ce n'est pas la même chose que de résoudre un problème».

Selon lui, les victimes ont généralement subi des violences sexuelles, mais qu'il y ait une programmation des pensées est tout simplement irréaliste. C'est pourquoi la fable du diable n'aide pas non plus : «Une thérapie devrait conduire les patientes à l'autodétermination», avertit Knecht.

Thomas Ihde, de la fondation Pro Mente Sana, s'est également exprimé de manière critique sur la chaîne de télévision SRF. «Les praticiens trouvent des réponses dans cette théorie du complot», illustre-t-il. «Il en résulte une construction qui semble être dans l'intérêt de tous les participants».

Il observe aussi un fait récurrent : «Les patients remarquent comment ils sont toujours interrogés sur certains sujets et récompensés pour certaines réponses».

La théorie du satanisme se serait propagée d'Allemagne en Suisse. Que la violence rituelle permette de contrôler les pensées est une superstition, Ihde en est certain : «Nous n'avons aucune indication que cela existe». Si la thérapie s'y met, c'est de l'«activisme».

Dans l'Oberland bernois, les adeptes de cette théorie semblent être particulièrement nombreux, indique encore la SRF.