Les avocats des 50 coaccusés de Dominique Pelicot au procès des viols de Mazan se sont lancés dans leurs plaidoiries jeudi, au lendemain de celle de la défense du principal accusé, un combat qu'ils reconnaissent ardu.
La «tâche est difficile» car il est «difficile de s'opposer à la pression de l'opinion publique». «On est en plein dedans quand nos clients se font cracher dessus», a souligné Me Raje Yassine-Dbiza, avocate d'un de ces 50 hommes de tous milieux, âgés de 26 à 74 ans, contre lesquels l'accusation a requis de 4 à 18 ans de réclusion.
Car si Dominique Pelicot a reconnu avoir drogué à son insu pendant une décennie son ex-épouse Gisèle pour la violer et la faire violer, inconsciente, par des dizaines d'hommes recrutés sur internet, ses coaccusés ont en majorité assuré qu'ils pensaient avoir affaire au jeu d'un couple libertin. Une défense balayée par l'accusation et qui a suscité de nombreuses critiques et manifestations, jusque devant le tribunal d'Avignon où est jugée depuis début septembre cette affaire hors-norme.
«C'est avant tout le procès de l'accusé, ce n'est ni celui de la victime, ni celui du patriarcat et encore moins celui de la soumission chimique», a plaidé Me Yassine-Dbiza, en proposant une «autre lecture» afin «d'emporter quelques années de liberté» pour son client, Andy R., contre qui l'accusation a réclamé 11 ans de réclusion.
Me Fanny Pierre, qui défend Quentin H., un gardien de prison âgé de 34 ans, venu une fois chez les Pelicot à Mazan, a décrit le «conditionnement» qu'aurait exercé Dominique Pelicot sous la forme d'un «jeu de piste» ayant mené son client du parking à la chambre conjugale, retardant sa «prise de conscience».
«Il est là pour prendre une condamnation, il ne conteste pas, il aurait dû partir, mais il devrait être condamné à une juste peine», a dit l'avocate, jugeant excessive les 11 années réclamées là encore par le parquet.
«Ce procès nous dépasse. Je suis emporté par la tornade Pelicot, j'en suis un dommage collatéral au plan de la procédure», avait déjà lancé, mercredi après-midi le bâtonnier Patrick Gontard, vieux routier des cours d'assises et premier de la trentaine d'avocats qui plaideront pendant encore deux semaines. Le verdict est attendu le 19 ou 20 décembre.
Viols de Mazan: la victime "pense avoir tout dit"
"Je pense avoir dit tout ce que je pouvais dire" au tribunal, a estimé jeudi Gisèle Pélicot, après avoir témoigné à la barre dans le procès de son époux et de dizaines d'hommes accusés de l'avoir violée alors qu'elle avait été droguée aux somnifères.
09.09.2024