«Ils deviennent dépressifs...» Laissés pour compte, ces chiens abondent dans nos refuges

Gregoire Galley

23.8.2024

Depuis plusieurs mois, les refuges accueillent de plus en plus de chiens de race Malinois en France. Cette triste tendance est également perceptible en Suisse. blue News a tenté d’y voir plus clair. Reportage.

Les chiens de race Malinois ne sont pas rares dans les refuges en Suisse (image d’illustration).
Les chiens de race Malinois ne sont pas rares dans les refuges en Suisse (image d’illustration).
IMAGO/Depositphotos

Gregoire Galley

Avec leur silhouette élancée et leur magnifique pelage noir-feu, les Malinois ne laissent personne indifférent. Dotés d’un fort caractère, ces chiens sont aussi vifs qu’intelligents. Utilisés par les forces de police, ils font régulièrement la Une des médias, ce qui accentue encore davantage leur popularité. Galvanisée par l’essor des réseaux sociaux, leur renommée grandissante comporte aussi des aspects bien moins reluisants. En effet, ces chiens sont de plus en plus nombreux dans nos refuges.

Responsable communication de la Société vaudoise pour la protection des animaux (SVPA), Stéphane Crausaz confirme cette triste tendance. «Il n’existe pas de chiffres exacts, mais nous voyons qu’il y a de plus en plus de Malinois qui arrivent dans notre refuge. On en reçoit tout autant que les molosses actuellement», explique-t-il.

«Il est très difficile de redonner confiance aux Malinois dans un refuge»

Stéphane Crausaz

Responsable communication de la SVPA

Malheureusement, les qualités de ces chiens peuvent rapidement se transformer en défauts s’ils arrivent dans les mains de propriétaires qui n’ont pas assez de temps à leur consacrer. «Ce sont d’excellents chiens de famille qui ont besoin d’énormément de stimuli intellectuels et physiques», précise Stéphane Crausaz.

Avant d’ajouter : «Cependant, ils peuvent rapidement développer certains signes de dépression s’ils sont délaissés par leur maître. Dans cette situation, ils peuvent devenir de véritables machines de destruction ou adopter un comportement agressif.»

«Cercle vicieux»

Dépassés par les événements, les propriétaires doivent donc se résoudre à abandonner leur animal dans un refuge. Un moment qui s’apparente souvent à un choc pour le chien. «Même si nous pouvons compter sur des éducateurs et des bénévoles, il est très difficile de redonner confiance à ces Malinois chez nous. Au contraire d’autres chiens, cette race ne peut pas rester trop longtemps au refuge car elle risque de s’ennuyer très vite. On peut donc rapidement tomber dans un cercle vicieux», souffle celui qui officie à la SVPA depuis 25 ans.

«Même si j’ai mon propre ressenti, je ne peux pas vérifier comment vivent les futurs adoptants»

Jessy Colaone

Eleveuse de Malinois

Ainsi, pour diminuer le nombre d’abandons, ne faudrait-il pas que les éleveurs évaluent de manière plus précise le profil des adoptants ? Propriétaire d’un élevage dans le canton de Vaud, Jessy Colaone explique que cette tâche n’est pas aisée : «Les personnes qui désirent adopter un Malinois doivent vraiment bien se renseigner sur cette race. Je leur conseille d’aller voir des élevages, des concours ou des entraînements. Je dis aussi qu’il faut être vraiment actif et investi pour posséder ce genre de chiens. Malgré tout, même si j’ai mon propre ressenti, je ne peux pas vérifier comment vivent les futurs adoptants.»

Un autre problème réside dans le fait que certaines personnes veulent un chien immédiatement sans se poser les bonnes questions. «Récemment, j’ai eu des échos de personnes qui ont téléphoné à des élevages en France et qui ont pu réserver un chiot en cinq minutes, sans que l’éleveur ne s’inquiète de savoir où va son chien et sans que les futurs adoptants ne se soucient de savoir si l’élevage est bon», ajoute la jeune femme.

De ce fait, la diminution du nombre d’abandons de Malinois passe obligatoirement par une prise de conscience des personnes qui souhaitent acquérir cette race. «Les gens ne doivent pas vouloir absolument un Malinois parce qu’ils ont vu des vidéos sur les réseaux sociaux. Il faut se rendre compte qu’il y a un énorme travail derrière tout cela. Les potentiels adoptants doivent donc attentivement écouter les conseils des éleveurs avant de se décider», conclut Jessy Colaone.

Davantage d’animaux abandonnés en été ?

  • Durant la période estivale, les images d’animaux laissés pour compte le long des routes des vacances ne sont pas rares. Heureusement, la situation est bien différente en Suisse. «Il n’y a pas «d’effets vacances» dans notre pays comme cela est le cas en France ou en Italie par exemple», indique Stéphane Crausaz, responsable communication de la Société vaudoise pour la protection des animaux (SVPA). Pourtant, les refuges ont tout de même tendance à se remplir en été. «Cette accumulation n’est pas due à l’augmentation des abandons mais plutôt au manque d’adoptions, car les gens préfèrent accueillir un animal chez eux après leurs vacances», précise celui qui est aussi le rédacteur du «Courrier des bêtes».