Son père n'en voulait pasLa fille de Franquin s'oppose au «Retour de Lagaffe»
ATS
29.3.2022 - 15:36
La fille du créateur de Gaston Lagaffe a saisi la justice belge en urgence pour faire interdire toute promotion et prépublication d'un nouvel album de ce personnage star de la BD, après trente ans d'absence. «Le Retour de Lagaffe» est annoncé pour octobre 2022.
29.03.2022, 15:36
29.03.2022, 16:08
ATS
Isabelle Franquin, unique ayant-droit d'André Franquin (1924-1997), estime que «les droits moraux sont inaliénables» et que son père «a toujours exprimé de son vivant, de manière continue et répétée, sa volonté que Gaston ne lui survive pas sous le crayon d'un autre dessinateur», selon un communiqué transmis par son avocat Claude Katz. Il confirmait une information du quotidien Le Soir.
Mme Franquin s'oppose à la sortie annoncée pour octobre 2022 d'un 22e album, «Le Retour de Lagaffe» (éditions Dupuis), dans lequel Gaston doit revivre sous les traits du dessinateur canadien Delaf, de son vrai nom Marc Delafontaine.
«Prise de risque»
Cette renaissance, qualifiée d'«illégale» par Isabelle Franquin, avait été révélée il y a dix jours au festival d'Angoulême par Stéphane Beaujean, directeur éditorial de Dupuis.
«C'est une prise de risque. Quitte à relancer la série, nous nous sommes dit qu'il ne servait à rien de le faire petit bras. Parce que c'est un des personnages les plus emblématiques de la BD franco-belge», avait alors expliqué à l'AFP M. Beaujean.
Dans le passé, a rappelé mardi Me Katz à l'AFP, Isabelle Franquin avait déjà affronté le groupe Marsu Productions, éditeur de bandes dessinées inspirées de l'univers de Franquin, avec notamment un personnage nommé «Gastoon» présenté comme le neveu de Gaston. Le litige s'était conclu par un règlement à l'amiable, sans passer par les tribunaux, selon l'avocat.
«Emballement» de Dupuis
Concrètement, dans ce nouveau litige avec le groupe français Média Participations (maison-mère de Dupuis), qui a racheté à Marsu les droits patrimoniaux sur les personnages de Franquin, une procédure d'arbitrage a été engagée pour éviter la publication du «Retour de Lagaffe».
Mais face à «l'emballement de Dupuis» pour médiatiser ce futur album – avec une pré-publication des dessins de Delaf dans le Journal de Spirou prévue «dès le 6 avril» -, Mme Franquin a également saisi le juge des référés du tribunal de première instance francophone (TPIF) de Bruxelles.
Elle demande la «suspension urgente et provisoire de toute pré-publication, promotion et diffusion de ces illustrations et planches de BD dans l'attente de la décision de l'arbitre», toujours selon le même communiqué.
Selon Me Katz, une audience de plaidoiries est prévue à la «mi-mai». Sollicité par l'AFP pour confirmer ce calendrier, le TPIF n'avait pas répondu dans l'immédiat.