Sociétés occidentalesL’enfant unique, la nouvelle norme?
Relax
9.12.2024 - 16:50
(ETX Daily Up) – Dans l'imaginaire collectif, la famille idéale est souvent symbolisée par la présence de deux enfants. Mais dans la réalité, les foyers avec un seul enfant deviennent de plus en plus courants à travers le monde, en particulier dans les sociétés occidentales. Dans de nombreux pays, les ménages composés d’un enfant unique surpassent désormais en nombre ceux qui en comptent deux ou plus.
ETX Studio
09.12.2024, 16:50
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En Europe, près d’une famille sur deux serait composée d’un seul enfant, selon Eurostat. Cette structure devient majoritaire. Environ 40% des foyers en comptent deux et 10% trois et plus. La France se situerait dans la fourchette basse de l’Union européenne avec environ 40% de familles composées d’enfant unique.
Aux Etats-Unis, la proportion est moins importante qu’en Europe. En 2015, 22% des familles avaient un seul enfant, selon des chiffres du National Council on Family Relations relayés par Business Insider. Mais il faut souligner que ce taux a doublé depuis 1978. A l’inverse, les familles nombreuses sont devenues rares. La famille composée d’un enfant est la configuration familiale qui connaît la croissance la plus rapide aux États-Unis.
Cette dynamique peut également être observée en Asie de l'Est qui connait actuellement un effondrement de sa natalité. Selon les projections de l’Ined – l’institut national d’études démographiques – en Corée du Sud, à Taïwan et à Hong kong, on comptera moins d’une naissance par femme en 2024. Par exemple, en Corée du Sud, qui connait le taux de natalité le plus bas du monde (0,72 bébé par femme) beaucoup de ménages choisissent de n’avoir qu’un seul enfant. En 2020, un quart des femmes quarantenaires et mariées avaient un enfant, contre à peine 10% pour les femmes mariées de plus de 60 ans, selon une étude sortie en 2023 dans la revue Preventive Medicine Reports.
Un choix de vie
Ce boom des enfants uniques à travers plusieurs continents s'explique par une combinaison de plusieurs facteurs.
Avoir un seul enfant permet d’assouvir son envie de parentalité tout en maintenant un équilibre entre sa vie personnelle et sa vie professionnelle. Ce paramètre, de plus en plus désiré par les parents, est plus facile à préserver avec un enfant. On observe que les femmes sont de plus en plus investies dans leur carrière. Entre une entrée plus tardive dans la vie active – du fait de l’allongement des études notamment – et cette priorisation du travail, elles choisissent souvent de retarder leur maternité. Cette tendance se reflète d’ailleurs dans les statistiques. L’âge moyen des femmes au moment de leur premier accouchement ne cesse de reculer. En France, les femmes ont leur premier enfant à 31 ans en moyenne, contre 29,4 ans vingt ans plus tôt. Et comme les femmes ont des enfants plus tard dans leur vie, elles ont logiquement moins de temps pour en avoir plusieurs.
Par ailleurs, il ne faut pas occulter l’aspect financier. Élever un enfant coûte de plus en plus cher. Au cours des cinquante dernières années, le coût de l’éducation d’un enfant a augmenté beaucoup plus vite que le salaire moyen. En 2021, un quart des parents américains de moins de quarante ans disaient ne pas vouloir plus d’enfants pour des raisons financières, selon un sondage du Pew Research Center. Il faut dire que les périodes de crises économiques et d’inflation ne rassurent pas les parents pour agrandir leur famille.
Aux Etats-Unis, le coût moyen de l’éducation d’un enfant de sa naissance à ses 18 ans serait de 310.000 dollars, selon une analyse publiée en 2022 par la Brookings Institution. Ce montant n'inclut pas les frais de scolarité universitaires qui peuvent faire doubler la note. Selon les données de l’institut de recherche démographique Yuwa, relayées par Korea Times, c'est en Corée du Sud qu'élever un enfant coûterait le plus cher. Entre la naissance et ses 18 ans, les parents coréens dépenseraient 7,79 fois le PIB par habitant. Suivrait la Chine, avec 6,9 fois le PIB par habitant), l’Allemagne (avec 3,64) et la France (avec 2,24).
Loin des clichés
Désormais, avoir un seul enfant n’est plus mal perçu par la société. Jusqu’aux années 70-80, avoir un enfant unique était un choix «par défaut». On s’arrêtait à un en raison d’une complication médicale, d’une maladie ou d’un divorce par exemple.
Au début du XXe siècle, Granville Stanley Hall est l’un des premiers psychologues américains à étudier le phénomène des enfants uniques. Et il en est venu à la conclusion que «Être enfant unique est une maladie en soi». La vision de l'enfant unique capricieux, égocentrique, voire autoritaire a durablement marqué les esprits. Il a fallu attendre de longues décennies pour que ses recherches soient remises en cause. Dans les années 80, Toni Falbo, une psychologue elle-même sans frère et sœur, a passé en revue 141 études sur le sujet. Plus précisément sur le développement de la personnalité des enfants uniques. Résultat: ces enfants ne seraient pas les tyrans en puissance qu’on nous avait longtemps décrits. Selon la psychologue, grandir sans frère et soeur pourrait même avoir des avantages. Ils sauraient plutôt bien s'adapter à toutes les circonstances, résoudre des problèmes en autonomie, ils n’auraient pas peur d’être seuls et ils seraient capables de nouer de fortes relations amicales.
Tout ça reste des généralités. En fait, tout dépend du contexte familial. Comme pour les autres familles, indépendamment du nombre d’enfants. En réalité, il existe une grande diversité d’enfants uniques et ne peuvent pas être considérés comme une catégorie en soi.